Accueil La singularité des « Clos »

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

31.10.2019

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La seule mention du terme « clos » dans le monde du vin laisse l’imagination gambader. On y voit la tradition, l’histoire même s’il s’en crée régulièrement de nouveaux. Que cache donc ce terme si particulier ?

Qu’on en commun le Clos des Trois Clochers de la maison champenoise Leclerc Briant, le Clos du Temple produit par Gérard Bertrand ou bien encore le Clos de los Siete au Chili ? un terme, évidemment. Celui de « clos » qui est de plus en plus utilisé dans le monde du vin. Il est vrai que celui-ci est de suite évocateur. Pourtant, il n’évoque pas toujours une parcelle ceinte de murs. La réglementation est assez claire sur le sujet. Le décret du 4 mai 2012 relatif à l’étiquetage des produits vitivinicoles rappelle que le mot « clos » peut être uniquement utilisé pour un vin d’appellation d’origine protégée. En outre, il faut que les raisins soient issus de parcelles appartenant au domaine dont le nom comporte « clos » et vinifiés dans cette exploitation. Potentiellement, n’importe quel domaine peut mentionner le terme « clos » dans son nom s’il respecte les règles précédemment énoncées. C’est la même histoire que pour le mot « château ». Bien sûr, le décret rappelle aussi le cas de vins d’appellation d’origine issus de parcelles ceintes de murs ou de haies vives. Mais ce cas n’est pas le plus commun. Prenons le Clos Floridène dans les Graves, il est composé de diverses parcelles achetées au fur et à mesure des années par Florence et Denis Dubourdieu qui ont accolé leur nom pour créer ce domaine. Les vins n’en sont pas moins excellents et atypiques, nés sur un sol calcaire perdu dans un océan de graves… D’où la belle fraîcheur des blancs comme des rouges qui séduisent aussi par leur équilibre.

Une attention particulière

Certains « clos » existent toutefois bel et bien et font souvent l’objet d’un soin spécifique. On pense bien sûr à certains des clos les plus prestigieux de la Champagne comme le Clos du Mesnil ou le Clos des Goisses. C’est aussi le cas du Clos d’Ora qui se positionne fièrement comme un rouge languedocien très haut-de-gamme (190€ la bouteille…) Ce projet anime Gérard Bertrand depuis 1997. Ces 9 hectares entourés de murs de pierres sèches se situent sur le petit causse de la Livinière à 220 mètres d’altitude. Un terroir où se côtoient calcaires, grès et marnes dont Gérard Bertrand imagine immédiatement le potentiel. Le 2013 actuellement disponible offre un nez profond de fruits noirs, des tannins présents mais très aristocratiques. A l’heure actuelle, le vin est toutefois encore très marqué par son élevage mais devrait bien vieillir et continuer à se bonifier sur plusieurs années. Reste enfin les appellations dont le nom contient le terme « clos » comme Clos de la Roche ou Clos Saint-Denis en Bourgogne. Là, la diversité des productions est à l’image de terroirs parfois très disparates. C’est le cas du Clos de Vougeot dont la qualité des vins varie grandement entre les parcelles basses et hautes. En somme, le terme « clos » est complexe, regroupant de nombreuses réalités et donc difficile à comprendre et appréhender.