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Pourquoi le Languedoc mise sur l’agro-environnemental

De gauche à droite : Bruno Loquet, Chargé de projet développement et agro environnement au syndicat de l’AOC Languedoc ; Michel Wack, vigneron au domaine du Fenouillet ; Jean-Benoît Cavalier, Président du syndicat de l’AOC Languedoc ; LaurentRoy, Directeur Général de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse ; Catherine Richer, Déléguée Territoriale Occitanie INAO ; François Boudou, président de la cave coopérative de Castelbarry

Auteur

Anne-Sophie
Thérond

Date

07.10.2017

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Hier, les 6000 vignerons de l’AOC Languedoc se sont engagés dans un processus de viticulture raisonnée en partenariat avec l’Agence de l’Eau. L’aboutissement d’une démarche entamée depuis 20 ans.

Si l’AOC Languedoc part en pole position dans la démarche agro-environnementale, c’est qu’elle a depuis 20 ans, capitalisé un savoir-faire en pratiques respectueuses du sol et responsables sur l’eau. Elles se sont développées pour faire face aux facteurs climatiques, chaleur et sécheresse, et pour renforcer l’identité « terroir » de l’appellation. Bruno Loquet, ingénieur agronome, engagé comme chargé de développement par l’AOC, va commencer par un état des lieux des actions existantes et s’appuyer sur ces vignerons pour faire le lien, et en convaincre d’autres. Caves particulières, coopératives, syndicats professionnels et groupements de vignerons ont déjà mis en place des initiatives et ont évalué les résultats : témoignage de deux « pionniers ».

Michel Wack, gérant de la Bergerie du Fenouillet à Vacquières, en appellation Pic-Saint-Loup, a travaillé sur la qualité de l’eau par la réduction des pesticides. Son domaine est au cœur de la zone de captage du Fenouillet. En 1997, l’État alerte sur la mauvaise qualité de l’eau et menace le forage de fermeture. La pollution des eaux vient principalement de l’activité viticole, via les herbicides. Les 15 exploitations concernées décident de faire évoluer leurs pratiques, mais « chacun à sa vitesse ». Les vignes non traitées avec des herbicides passent de 3% en 2000 à 80% en 2017 et vont encore augmenter. Un résultat obtenu grâce à des moyens matériels et plusieurs groupes thématiques (captage, viti-durable, lutte biologique…) « Les groupes conduisent à discuter ensemble sur le terrain. Les organismes ont apporté le « liant » à ces discutions, comme le mortier entre les blocs de pierre. », témoigne Michel Wack.

François Boudou, préside la cave coopérative de Castelbarry à Montpeyroux (34), AOC depuis 1955. Sur 500 ha, 1000 adhérents ont modifié leurs pratiques pour baisser les traitements. Mobilisant labour et travail mécanique du sol, confusion sexuelle et GDON (Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles) contre la flavescence dorée, la coopérative a progressivement intégré ces exigences dans son cahier des charges. « Aujourd’hui, 80% des exploitations sont en agriculture biologique ou raisonnée… on ne peut pas vouloir faire de l’appellation sans se préoccuper de la façon dont on le fait » affirme le président de Castelbarry.

« L’AOC, ses valeurs liées au terroir, tient sa légitimité du sol. Et la vie du sol, qui a une forte incidence sur la qualité de l’eau, dépend de nos pratiques culturales. Cela sera inscrit comme un fondamental dans le cahier des charges » indique Jean-Benoît Cavalier, président du syndicat de l’AOC Languedoc.