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Larrivet Haut-Brion : les Œnofolies font tourner la tête

Les demoiselles de Larrivet Haut-Brion : Émilie, Charlotte et Valentine Gervoson.

Auteur

Audrey
Marret

Date

21.10.2019

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Mais quel est le secret de ces évènements œnotouristiques qui vous font vous sentir ultra-privilégiés ? Les Œnofolies du Château Larrivet Haut-Brion, en Pessac-Léognan, dans l’appellation bordelaise des Graves, relèvent le pari à chaque édition. Terre de Vins était à l’Œnofolie n°18, avec du merlot en jarre.

Une à trois fois par an, Émilie Gervoson et ses jeunes sœurs, Charlotte et Valentine, imaginent un pitch insolite pour mettre en scène leur dégustation. La première Œnofolie, en 2011, avait eu lieu en haut d’une dune au Cap-Ferret. Pour cette Œnofolie n°18, vous voilà conviés au Château Larrivet Haut-Brion, à Léognan, pour faire une dégustation comparative de lots de merlot, jarre contre barrique. Ferez-vous la différence ?

Ci-dessous : Émilie Gervoson a lancé les premières Œnofolies en 2011.

En ce samedi d’octobre, Émilie, sous son chapeau fétiche, Charlotte et Valentine Gervoson assurent l’accueil. Entièrement gratuite (ce qui est assez rare pour être souligné), chaque Œnofolie est restreinte à une trentaine de personnes tirées au sort (plus d’une soixantaine tentent leur chance). Les heureux élus écoutent donc avec attention la présentation des trois sœurs avant d’attaquer la visite des installations en compagnie de François Godichon, le maître de chai. Smartphone au bout du bras, on se demande comment photographier les dix œufs en béton utilisés depuis 2011 pour l’élevage de blancs et décorés par des étudiants en design. Arrive enfin le cœur de l’évènement : vous pénétrez dans le chai à barriques du château, où trônent, impériales, vingt-quatre grandes jarres en terre cuite.

L’effet jarre sur le merlot

Dans ces jarres de 750 litres, le domaine élève depuis 2018 la moitié du merlot qui sert au second vin du château, les Demoiselles de Larrivet Haut-Brion. Les demoiselles en question, ce sont Émilie, Charlotte et Valentine. C’est pour elles que Christine et Philippe Gervoson, qui ont racheté la propriété en 1987, ont élaboré ce vin sur la rondeur et le fruité. D’où l’idée des jarres. Les premiers tests ont commencé il y a quatre ans. « On s’est rendu compte que cela préservait très bien le fruit des merlots pas trop puissants », explique Bruno Lemoine, le directeur général du domaine. La jarre, qui offre sensiblement la même oxygénation qu’une barrique, évite « l’augmentation d’astringence et de sécheresse que l’on peut avoir avec le bois ». Sans compter l’économie qu’espère réaliser le domaine sur les barriques à changer régulièrement.

Ci-dessous : Les œufs en béton pour l’élevage des blancs, décorés par les étudiants de l’ECV, à Bordeaux.

Le débat : complexité ou buvabilité ?

Verdict à la dégustation des merlots de 2018 : entre le lot passé en barrique et celui élevé huit mois en jarre, la différence saute au nez. Le lot élevé en jarre est éclatant, c’est un fruit frais que l’on croque, sans la moindre sensation d’astringence. Verre à la main, le débat s’engage : complexité du bois ou buvabilité plus facile ? L’effet jarre est en tout cas flagrant. Attention, tempère Bruno Lemoine, « sur les cabernets, les résultats ne sont pas aussi bons ». Dès 2019, le château s’équipera de 24 nouvelles jarres de la marque Tava pour élever 100% des merlots des Demoiselles de Larrivet Haut-Brion (un assemblage de 70% de merlot et 30 % de cabernet sauvignon).

Le buffet permet de poursuivre la dégustation avec deux autres millésimes des Demoiselles de Larrivet Haut-Brion : le 2010 en rouge et le 2015 en blanc. Valentine, spécialisée dans la décoration (La Maison d’Ici au Cap-Ferret), s’est chargée des arts de la table. Charlotte, à la tête de la brasserie Le Foch, à Bordeaux, propose les accords : le sauvignon blanc se lie parfaitement avec l’anguille fumée et sa crème de raifort posée sur le croquant d’une rondelle de radis noir. Les demoiselles ont encore réussi leur coup. Émilie Gervoson, qui attend un heureux évènement, prévoit les prochaines Œnofolies en 2020 : peut-être une sur la truffe et toujours celle de Pâques (la seule payante) qui attire une centaine de parents et d’enfants. Il faudra être rapide et pister l’évènement sur les réseaux sociaux.

En Pessac-Léognan
Les Demoiselles de Larrivet Haut-Brion 2016 (rouge ou blanc) : 20 euros

Ci-dessous : Bruno Lemoine, directeur général du domaine : « les jarres sont plus qu’un effet de mode ».