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Le retour de Piper-Heidsieck sous les projecteurs

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

21.10.2019

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Depuis quelques années, le travail qui a été entrepris dans cette maison champenoise largement bicentenaire est impressionnant. Il a permis de remettre en lumière l’âme de cette maison et de faire redécouvrir des vins qui sont de belle facture.

L’an passé, c’était l’une de ces nouvelles qui agitent toute la Champagne. Emilien Boutillat quittait son poste de chef de caves de la maison Cattier (qui élabore également les champagnes Armand de Brignac) pour prendre celui de la maison Piper-Heidsieck. Une page se tournait puisque Régis Camus avait présidé depuis 2002 à la destinée de cette auguste maison fondée en 1785. Si le travail de ce grand monsieur de la Champagne a toujours été salué, il faut reconnaître que la stratégie avait plutôt été de privilégier Charles Heidsieck puis Rare Champagne, les deux autres maisons propriété du groupe EPI de la famille Descours (également propriétaire de J.M. Weston et Bonpoint). Piper-Heidsieck, exporté à 90%, avait ainsi presque disparu des radars sur le marché français. Mais à nouveau chef de cave, nouvelle époque. Et la maison se met de nouveau à communiquer. Une récente dégustation nous a permis de regoûter la gamme. Celle-ci est d’une vraie homogénéité. Notamment s’agissant des cuvées « Essentiel » destinées aux cavistes et à la restauration. La cuvée « Essentiel blanc de Blancs » déploie une intensité d’agrumes au nez, très marquée par le citron vert. La bouche est d’une grande fraîcheur et portée par une fine amertume très agréable. Ce vin, comme la cuvée « Essentiel extra-brut », bénéficie d’un vieillissement prolongé. Comme le rappelle Benoît Collard, le Directeur Général de Piper-Heidsieck, l’idée de cette gamme « Essentiel » est de « retrouver le style de la maison mais avec davantage de complexité favorisée par ce vieillissement plus long des vins ».

Un Millésimé 2012 que n’aurait pas renié Marilyn Monroe

De grandes femmes ont marqué l’histoire de la maison. Évidemment, Marie-Antoinette à qui le fondateur Florens-Louis Heidsieck avait présenté ses vins à Versailles en 1785. Mais un siècle et demi plus tard, c’est une autre icône qui en deviendra l’une des plus belles ambassadrices : Marilyn Monroe. L’histoire n’a retenu que le début de sa mythique phrase « le soir je ne me couche qu’avec quelques gouttes de Chanel n°5 ». Mais qui se souvient de la suite ? « Et le matin je me réveille avec une coupe de Piper-Heidsieck pour me réchauffer le corps » ! Nul doute qu’elle aurait immédiatement adopté l’actuel millésimé 2012. Un vin d’une grande complexité, qui honore à parts quasiment égales les rois locaux que sont le pinot noir (52%) et le chardonnay (48%). La majorité de premiers et grands crus qui le composent lui confèrent une complexité aromatique certaine, oscillant entre notes de fruits jaunes, amande fraîche, épices douces comme la vanille. En bouche, ce champagne tapisse le palais mais sans lourdeur. Sa texture onctueuse et crémeuse permet d’en faire un compagnon parfait pour la table. Les notes de cannelle s’étirent en finale. C’est très bon. Émilien l’assure, « c’est un très grand millésime à l’image du précédent 2008. Il est pour le moment très jeune mais vieillira admirablement bien ». Voici une excellente excuse pour en mettre quelques bouteilles en cave…