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Les Contrebandiers ont raffûté Vinisud

De gauche à droite : Imanol Harinordoquy, Vivien Durand, Lionel Osmin (photo P. Martinez)

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

18.02.2016

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Rien de tel qu’une bonne troisième mi-temps pour finir en beauté un salon très dense comme Vinisud. Rendez-vous a été pris avec Lionel Osmin, ambassadeur des vins du Sud-Ouest, qui s’est associé avec le rugbyman Imanol Harinordoquy pour créer « Les Passeurs de Vins » puis « Les Contrebandiers ». Le chef Vivien Durand complète cette première ligne d’épicuriens.

On dira ce que l’on voudra, même si Vinisud est officiellement le rendez-vous international des vins et spiritueux de la Méditerranée, lorsqu’il s’agit de causer troisième mi-temps à la fin du salon, c’est vers le Sud-Ouest que l’on se tourne, entre Atlantique et Pyrénées. Et ça tombe bien, sur le stand des Contrebandiers, il y avait à boire et à manger – et du beau monde pour tout partager. Les Contrebandiers, c’est la dernière aventure de Lionel Osmin, l’homme pressé du Béarn.

Après douze ans d’expérience dans la commercialisation des vins du Sud-Ouest, il a lancé en 2010 sa propre société de négoce, Lionel Osmin & Cie, basée à Pau. En moins de six ans, le succès est fulgurant : Lionel Osmin & Cie porte haut et fort les terroirs, les cépages et les appellations du Grand Sud-Ouest, à travers des « vins de cépage » (une négrette en rosé ou un moelleux de gros manseng et sauvignon) des « réserves » (un malbec et un sauvignon en Vin de France), de « vins d’appellations » (de Bergerac à Jurançon, de Buzet à Marcillac, de Cahors à Gaillac), des « grandes cuvées » (comme « Mon Adour » en Madiran ou « Donibane » en Irouléguy), des vins de liqueur, des armagnacs… Et une nouvelle gamme, présentée justement à Vinisud et commercialisée prochainement : le Conservatoire des Cépages Oubliés, cinq cuvées à base de Mauzac, Ondenc, Ekigaïna (cépage métis entre tannat et cabernet sauvignon), Prunelard (indiscutablement notre préféré à la dégustation, un beau jus intense et épicé, un peu sauvage) et Arbouriou. Au total, Lionel Osmin & Cie affiche 25 références, reflets du « flair » de Lionel et du savoir-faire de l’œnologue Damiens Sartori, désireux de signer « des vins du Sud-Ouest modernes, soignés, élégants, respectueux de leur identité mais accessibles ». Comprendre : faciles à boire, où la « rusticité » – que l’on prête souvent aux vins du Sud-Ouest – cède le pas à la « buvabilité ». La stratégie est réfléchie, rationalisée, mûrement soupesée. Lionel Osmin est un homme qui n’a pas peur de parler marketing, de s’inspirer de ce qui a fait le succès des grands négociants de la vallée du Rhône, ou d’ambitionner de vendre des vins du Sud-Ouest à New York. Mais sa sincérité est sans faille : « il ne faut pas prendre des gens pour des pigeons. Un pigeon, tu le plumes une fois, après il ne vole plus ».

Comme Lionel Osmin n’est pas du genre à se contenter d’un seul fer au feu, il s’est lancé ces 18 derniers mois dans deux autres aventures. Cette fois, au côté du rugbyman Imanol Harinordoquy. « J’ai rencontré Lionel lors d’une dégustation à Saint-Jean de Luz, juste après le Grand Chelem 2010 », raconte le troisième ligne aux 82 capes en équipe de France. « Nous avons sympathisé et très vite est née l’idée de lancer un projet en commun ». Originaire de Bayonne, Imanol n’est pas insensible aux plaisirs de la table – cela n’étonnera personne – et cela inclut bien sûr le vin : « j’ai commencé à être vraiment amateur vers 22 ou 23 ans. Petit à petit je me suis constitué une belle cave, au fil des années j’ai eu envie de m’ouvrir à de nouvelles choses. J’ai commencé buveur d’étiquettes, je le suis de moins en moins ».

« Contrebandiers » et « Passeurs de Vins »

Lionel et Imanol, le Béarnais et le Basque, ont en partage l’amour de l’Espagne. C’est autour des vins de la péninsule que s’articulera leur projet commun, qui met quelques années à mûrir. Entretemps, en 2014, les deux hommes ont l’opportunité de reprendre l’emplacement d’un caviste de Biarritz qui met la clé sous la porte. C’est un coup de cœur. Le duo s’associe avec le jeune chef Vivien Durand (actuellement Le Prince Noir à Lormont, anciennement La Cave Eguiazabal à Hendaye, et champion du monde de pintxos 2009) pour créer en juillet 2014 un bar à vins / restaurant / cave, « Les Contrebandiers ».
Ce lieu de convivialité met bien sûr à l’honneur (entre autres !) les vins du Sud-Ouest de Lionel Osmin, mais aussi les vins espagnols sélectionnés par les « Passeurs de Vins », l’autre aventure lancée par Lionel et Imanol en janvier 2015 : une activité d’importation de vins, en très grande majorité de la péninsule ibérique (Rioja, Campo de Borja, Cariñena, Jumilla, Catalogne, Priorat, Cava, Rueda, Txakoli), plus quelques références allemandes et un prosecco italien. « Notre envie est de sortir des sentiers battus, des stéréotypes des vins espagnols bodybuildés ou trop boisés, pour aller ers des vins de plaisir, modernes, qui s’accordent avec les pintxos de Vivien », souligne Lionel Osmin, qui pour consolider cette activité d’importation, s’appuie bien sûr sur son réseau existant.

Les « Passeurs de Vins » comptent, un peu plus d’un an après leur création, une cinquantaine de références. Les amateurs peuvent bien sûr déguster un certain nombre d’entre elles aux Contrebandiers, à Biarritz. Et, depuis la rentrée dernière, à Pau et Saint-Etienne, où la franchise s’est déclinée. A en juger par le sourire affiché par Lionel Osmin et Imanol Harinordoquy en cette fin de Vinisud, le concept semble séduire beaucoup d’autres villes. Mais même si tout va très vite, les deux hommes gardent la tête froide. Au Pays Basque, on dit « Ixixila » pour ne pas s’enflammer. Et partout on le sait, le match n’est fini que lorsque l’arbitre a sifflé.