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Les Côtes de Provence se protègent en Chine

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

05.04.2019

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Les Côtes de Provence déposent la marque collective en Chine pour éviter fraudes et contrefaçons.

Les Côtes de Provence viennent d’engager la démarche de protection de leur nom auprès de l’Office de Propriété Intellectuelle Chinois (CTMO) dans le cadre de la préservation et de la défense de l’AOC, « le succès rencontré sur le marché national et la valorisation croissante des vins à l’export pouvant attirer certaines convoitises », souligne-t-on au syndicat. Le dépôt des Côtes de Provence pourrait être validé d’ici 2020. Il s’agit d’éviter les tromperies du consommateur chinois et le détournement de notoriété. En 2017 et 2018, 127 dossiers avaient été ouverts par l’ODG Côtes-de-Provence pour défendre le nom en France et à l’international (dont 105 clôturés à ce jour).

Les vins de Provence ne vendaient que 402 hl de vin en Chine en 2008, près de 3000 hl en 2018 (soit + 645%) avec un prix à la bouteille qui est passé de 2,39€ à 4,07€. En 2009, la Chine représentait 2% des exportations de rosés de Provence, 1% en 2018 mais avec des exportations totales qui ont été multipliées par 6,5 en dix ans pour atteindre 33 M eq/75 cl. Les actions progressent sur ce marché depuis 2009 avec l’organisation de « pink parties », de soirées événementielles, de masterclasses, la participations aux salons, des promotions estivales chez les cavistes, une campagne d’affichage avec des lèvres féminines roses au dessus d’un verre de rosé… mais la consommation de vin rosé reste timide dans un pays peu familier avec cette couleur à moins que la percée du rosé australien ne fasse évoluer rapidement les mentalités.

La Chine noyée sous les contrefaçons de vin

Une soixantaine d’indications géographiques alimentaires ont déjà été enregistrées en Chine. L’interprofession du cognac avait ouvert le bal en 2010 avant que ne soit validés le whisky écossais, le champagne, la Napa Valley et Bordeaux avec 45 appellations reconnues en 2016. Depuis le début des années 2000, la Chine est inondée de faux Lafite ou de noms voisins tels que Chatelet Lafite, Château Laffitte… La fraude et la contrefaçon reste un sport national en Chine où les experts estiment entre 30 et 50% le taux de copie de bouteilles importées. Un phénomène qui s’est accru avec l’augmentation des ventes de vin en ligne envahis par les fausses bouteilles, en particulier celles les plus chères comme les grands crus.

Car en Chine prime le principe du « first to file », le premier déposant remportant l’utilisation de la marque sur le continent (hors Hong Kong et Macao). En général, il s’agit moins de l’utiliser pour mettre en marché des vins que pour monnayer la licence et négocier les cessions de droits auprès des propriétaires légaux. Le groupe Castel en avait les frais il y a quelques années. Il avait pourtant enregistré sa marque dès 1998 en français et en anglais mais pas en chinois. Li Daozhi qui avait déposé le nom Ka-si-te (castel en chinois) l’avait donc assigné en justice pour avoir contrefait sa marque. Un comble. Mais Castel qui commercialisait alors une vingtaine de millions de bouteilles dans l’Empire du Milieu s’était ainsi vu condamner en 2012 à lui verser la coquette somme de 4,12 M€. En 2011, c’était un certain Xie Weixing qui avait fait parler de lui en proposant une vente aux enchères d’une cinquantaine de marques de grands crus bordelais qu’il avait déposé en son nom. Face à l’accroissement de la consommation de rosé dans le monde, mieux vaut donc prendre les devants pour quand la Chine s’éveillera au rosé.