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Les primeurs à Paris, avec Olivier Dauga

Auteur

La
rédaction

Date

30.04.2013

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Le consultant Olivier Dauga organisait ses propres primeurs la semaine dernière dans la capitale, quinze jours après la grande semaine de dégustations de Bordeaux. Des primeurs forcément « pas comme les autres ».

Comme il ne possède pas le diplôme d’œnologue, Olivier Dauga se définit comme un faiseur de vins. Ce qui ne l’empêche pas d’être consultant pour plusieurs dizaines de propriétés viticoles en France et à l’étranger.

Ce grand gaillard, qui aime les chemises à fleurs, est un peu atypique dans l’univers bordelais. Il ne fait donc pas les primeurs comme les autres. Ce moment particulier, où Bordeaux fait goûter aux professionnels du monde entier le dernier millésime en cours, s’est déroulé cette année du 8 au 12 avril. Olivier Dauga, lui, a attendu le 23 avril et a choisi Paris pour présenter les vins de ses clients, au Comptoir de Brice, au cœur du marché Saint-Martin, dans le 10e arrondissement.

« Les primeurs sont devenues un moment de promotion et de médiatisation à Bordeaux. Or, je travaille beaucoup avec des viticulteurs qui ne sont pas médiatisés. Il est donc difficile pour eux de faire goûter leur vin. J’ai eu cette idée de créer un autre moment et de le faire à Paris, là où se trouvent beaucoup de professionnels susceptibles d’être intéressés. Si tel est le cas, ils ont la possibilité d’acheter sur place le millésime primeur ou des millésimes commercialisables. Mon objectif est que mes clients puissent vendre leur vin. »

Des vins entre 3 et 10 euros

S’il possède dans son portefeuille de clientèle quelques vins de renom, Olivier Dauga veut aussi être « un découvreur et un faiseur de vins ». « Pendant dix ans, j’ai fait les primeurs à Bordeaux comme tout le monde, poursuit-il. C’était énormément de stress pour peu de résultats. Parce que la plupart des gens viennent uniquement pour les grands crus. Beaucoup de mes clients, même à Margaux ou à Pauillac, ont été déçus par le système des primeurs. Même si je reste persuadé que c’est un principe très efficace. Il a fait la force de Bordeaux. Mais il n’est pas toujours simple d’y trouver sa place ».

Olivier Dauga a donc proposé aux viticulteurs avec lesquels il travaille une méthode ancestrale : monter à Paris. « On avait besoin de se démarquer. Parce qu’on a envie de donner une âme à notre histoire. Chaque année, on dit des grands crus connus dans le monde entier qu’ils sont bons. Heureusement qu’ils le sont. Moi, je veux montrer qu’il y a d’autres vins à connaître, qu’ils soient de Bordeaux, de Madiran, de Provence, d’Espagne, du Maroc ou d’Ukraine. Je ne veux pas avoir qu’un rôle technique. Je veux aussi être un fédérateur. En mettant dans la lumière les vins qui appartiennent à la catégorie la plus consommée, celle des produits qui se vendent entre 3 et 10 euros. »

Ce grand gaillard blond, enfant du rugby (et cousin de l’ancien troisième ligne centre international de Mont-de-Marsan, Benoît Dauga), prône les valeurs du travail en équipe. « Faire un grand vin, c’est rééditer l’exploit chaque année de faire bon quelles que soient les conditions. »

Par conséquent, il est de ceux qui considèrent que la communication fondée sur la qualité du millésime est en grande partie obsolète. « Elle est aujourd’hui trop réductrice, car elle ne parle pas du travail accompli dans la vigne… et dans les chais pour produire le meilleur. »

Jean-Pierre Tamisier