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Les saints de glace jettent un froid sur le vignoble

Auteur

Joëlle
W. Boisson

Date

06.05.2019

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On a frôlé les gelées ce matin dans certains secteurs Champagne et de Loire notamment, rappelant que jusqu’à mi-mai, tout danger de gelées n’est pas écarté. Zoom sur ces fameux « saints de glace ».

Mamert, Pancrace, Servais, Boniface. Aucun vigneron ne donnerait à ses enfants l’un de ces prénoms. Outre leur faible « sex-appeal », ils évoquent en effet dans la mémoire agricole les saints de glace (11-12-13-14 mai) où des gelées printanières peuvent encore se produire, causant des dégâts considérables sur les jeunes feuilles tendres.

En ce début d’année, le glacial épisode du 12-14 avril a déjà eu des répercussions dans plusieurs régions. Le refroidissement de ce week-end (il a fait -0,6°C ce matin à 5h00 à Reims, -1,0 °C près Angers, -0,1°C à Mont-de-Marsan, 0,4°C à Gujan-Mestras près de Bordeaux) a ravivé les craintes. Les vignerons ne seront sereins que lorsque la mi-mai (voire la fin mai pour l’Alsace) sera passée. En effet, aujourd’hui encore, les vignerons ne négligent pas les vieux dictons, nés de l’observation dans les champs et les vignes. « Saint-Pancrace, Gervais et Boniface souvent apportent la glace ». « Quand la Saint-Urbain est passée, le vigneron est rassuré ».
Ne cherchez pas ces saints sur le calendrier ! Lors du Concile de 1960, l’église catholique les a bannis du calendrier, estimant que ces croyances populaires donnaient lieu à des réminiscences païennes. Ils sont désormais remplacés par Sainte-Estelle, Saint-Achille, Sainte-Rolande et Saint-Matthias.

Peu soucieuse des proverbes, la météorologie reconnaît elle aussi qu’il peut statistiquement se produire une période de températures gélives jusqu’à fin mai. Les astrophysiciens, eux, ont remarqué que l’orbite de la terre traverse mi-mai (et mi-novembre) une zone du système solaire particulièrement chargée en poussières, et que ces particules peuvent faire légèrement obstacle au rayonnement solaire, se traduisant par une perte de chaleur, surtout la nuit.

En Alsace, où les gelées peuvent encore survenir jusqu’à fin mai, Saint-Urbain (25 mai) est lui aussi associé aux saints de glace. Dans le Midi, c’est plutôt en avril que se situent les risques, et on évoque les « saints cavaliers », Saint-Georges, Saint-Marc, Saint-Eutrope et Saint-Philippe (respectivement 24-25-30 avril et 3 mai). Rabelais, étudiant dans sa jeunesse à Montpellier, les a même qualifiés dans ses écrits de « saints gresleurs, geleurs et gasteurs de bourgeons » !