Accueil Angélus, une faim de Lyon

Auteur

Pauline
Gonnet

Date

11.10.2019

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Pour sa soirée partenaire annuelle, qui se tenait à l’Intercontinental de Lyon (Grand Hôtel Dieu), la CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne a choisi de mettre en avant le vin, et d’une belle façon : Hubert de Boüard, propriétaire du célébrissime Angélus, était l’invité, et a régalé les participants de son expérience et bien évidemment de ses vins.

Bien que le 9 octobre était le dernier jour de vendange à Angélus, Hubert de Boüard, accompagné de sa fille Coralie (à la tête de La Fleur de Boüard, en appellation Lalande-de-Pomerol), était ravi d’être présent en cette autre terre viticole, où Lyon est entourée de la Bourgogne, du Beaujolais, de la vallée du Rhône, de la Savoie et des vignobles ligériens.

Entre entrepreneurs, le partage d’expérience est fondamental et inspirant. Si en plus c’est un propriétaire d’un grand domaine bordelais qui s’exprime, le propos prend une dimension qui résonne chez chacun. Entre les particularités de la gestion d’un domaine familial, les préoccupations environnementales, la résistance à la concurrence, la gestion des marchés, la recherche de l’excellence, et à l’issue de la masterclass, la dégustation du Château Angélus en 2011 et du Carillon d’Angélus en 2015, les sources d’inspiration furent nombreuses.
Orateur captivant, Hubert de Boüard s’est exprimé sur tous ces sujets, et en particulier sur sa quête de l’excellence, constituant son ADN entrepreneurial.

Ouverture d’esprit

La consécration de cette quête s’est traduite en 2012 lorsque le Château Angélus est devenu un Grand Cru classé A, ce qui lui a « ajouté de la pression sur les épaules, même si obtenir ce classement est le résultat de l’excellence que l’on s’est imposée ».
Et il faut bien sûr faire face aux compétiteurs, qui « sont des gens préparés au monde du luxe, dans lequel nos vins évoluent, ce que je n’étais pas ».
Adaptation, modèle économique solide pour gérer l’ensemble des 250 hectares répartis sur plusieurs propriétés (toute indépendantes économiquement ), du Bordelais à l’Afrique du Sud (avec le joyau de Klein Constantia), en passant en plus par une activité d’hôtellerie-restauration.

Cette ouverture sur le monde a nourri Hubert de Boüard dans toute sa carrière, mais il ne la doit qu’à lui-même, ou peut-être à son père, qui n’a jamais bu que du Angélus, « il n’y avait que ça sur la table familiale. Alors j’ai eu besoin de voir autre chose : après viti oeno, je suis parti dans la vallée du Rhône, en Bourgogne, en Italie, en Espagne, en Californie… J’en ai notamment développé une activité de consulting international. »
Cette ouverture d’esprit ne s’applique pas uniquement aux frontières géographiques.

Il est important pour Hubert de Boüard de conserver une gamme étendue, permettant d’être ouvert à plusieurs marchés et clientèles. Du château de Francs (en appellation Côtes de Bordeaux) à 9 € en moyenne au château Angélus, l’excellence que s’impose la famille de Boüard dans tout ce qu’elle entreprend est ainsi accessible.

La transmission comme valeur cardinale

Dans une entreprise familiale, et agricole, la transmission est un concept, voire une valeur, particulièrement riche d’enjeux.
La transmission familiale d’abord : faire en sorte de résister à l’assaut des concurrents ; fédérer, rassurer et écouter les associés familiaux ; s’entourer évidemment de bons avocats et comptables pour sécuriser juridiquement l’entreprise familiale.

Et puis, encore plus actuellement qu’auparavant, la transmission intergénérationnelle et collective, avec la préservation de ses terroirs uniques et donc du climat et de l’environnement. Le château Angélus a ainsi entamé sa conversion en agriculture biologique en 2018, sur l’impulsion de la deuxième fille d’Hubert. « Nous avons toujours été au cœur de la biodiversité : lorsque j’étais enfant et même plus tard, nous allions chercher les poireaux et les asperges sauvages autour de la maison. Mais passer à la certification, cela oblige, et donne un cadre. Et nous allons être la première propriété à mettre en place une agroforesterie. »

Quant au réchauffement climatique, « même si nous n’en sommes pas encore à l’heure du tempranillo à Bordeaux, les phénomènes changent. Mon père n’a jamais connu la grêle ou presque. Aujourd’hui, il n’y pas une année sans une petite averse de grêle. On avance sur des techniques viticoles pour faire face ».