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[Lyon Tasting] Master Class Riedel : la règle de trois

Auteur

Pauline
Gonnet

Date

10.11.2018

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« Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse » : la force de Riedel est non seulement de prendre le contrepied de cette approche, mais de vous prouver à quel point l’ivresse peut gagner en qualité et en plaisir si l’on est équipé en conséquence.

Un verre à pinot, un verre à syrah, un verre à cabernet, issu de la gamme Veritas, l’une des dernières-nées de la maison, et trois vins ad hoc constituent le banc d’essai: un Mercurey de chez Faiveley, un Saint-Joseph de Stéphane Ogier en 2016, et un Pavillon Léoville Poyferré en 2014.

Et aussi, en guest, de l’eau. Non pas pour rincer le verre, mais pour prendre de suite la mesure de l’importance du contenu sur la perception du liquide ingéré, quel qu’il soit.

L’anatomie du verre a été étudiée pour répondre à l’anatomie humaine, et solliciter certains capteurs du palais plus que d’autres, en fonction du vin. Pour l’eau, le verre qui étanchera votre soif le plus instantanément se révèle être le verre à cabernet. La taille et la forme du « buvant » vous oblige à pencher la tête à un certain angle, permettant ainsi à l’eau de se diffuser sur l’ensemble de votre palais, ce qui ne sera pas le cas par exemple avec le verre à pinot. Le buvant étant plus large sur ce dernier, l’inclinaison de la tête est très légère voire non nécessaire : le premier point de contact avec le liquide sera donc le bout de la langue, et concernant l’eau, la sensation de fraîcheur sera moins globale que dans le verre à cabernet.

Une fois la corrélation anatomie humaine/anatomie du verre démontrée, reste à tester avec les vins concernés.

L’ADN de la maison Riedel, créée 63 ans auparavant, a toujours été d’individualiser les cépages et de créer le verre, dans sa forme et sa taille, en fonction de leurs arômes variétaux et de leur structure.

Le verre à pinot sera ainsi très large (au point de pouvoir accueillir 75cl, très avantageux pour celles et ceux qui rationnent leur quantité autorisée en nombre de verre…), permettant de révéler son fruité, avec un buvant large permettant au vin de rencontrer la langue dès son début, et ainsi de ne pas trouver en premier la zone sensible à l’acidité, situé au fond et sur les côtés de la langue, ce qui n’est pas nécessaire, voire contre-indiqué, étant donné l’acidité naturelle du cépage.

Idem pour l’expérience avec le verre dédié à la syrah : le Saint-Joseph de Stéphane Ogier délivrera ses arômes épicés et son fruité naturel, là où les épices s’évanouiront dans le verre à pinot, et que le verre cabernet signera l’arrêt de mort de la structure et du bouquet du Saint-Joseph.

Quant au verre à cabernet, il permet de conserver l’équilibre du vin : tanins, arômes, acidité et alcool prennent chacun leur place de façon harmonieuse.

Ultime démonstration de l’importance du contenant : le Léoville Poyferré se révèle presque meilleur dans un gobelet en plastique que dans le verre à pinot…

L’importance de bien accorder les partenaires pour créer un mariage réussi (en l’occurrence un mariage à trois : anatomie, verre et vin), reste donc toujours une évidence, mais pas de panique si vos étagères ou votre budget ne sont pas à la mesure de votre amour pour le vin : certains verres sont plus polyvalents que d’autres et permettent de s’assurer d’une dégustation agréable, quel que soit le nectar versé. Le verre Riesling/zinfandel remplira parfaitement cet office, et en cas d’assemblage, il vaut mieux choisir le verre adapté au cépage majoritaire. Quant à la quantité idéale à servir par verre, le mieux est toujours de s’arrêter à son niveau le plus large.

Cheers !