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Pellehaut, la quête de l’Harmonie

Auteur

La
rédaction

Date

27.07.2012

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Au Domaine de Pellehaut, dans le Gers, les frères Béraut jouent sur les sept cépages de leur cuvée Harmonie pour tendre, chaque année, vers le même goût de fruit et sa pointe d’acidité. Un équilibre.

Malgré son nom, Harmonie est une révolution. Le fruit d’un conflit de générations, le produit de la confrontation du regard des anciens et des jeunes sur leur vignoble. Comme dans plusieurs domaines gersois réputés à l’instar de Tariquet ou de Chiroulet, à Pellehaut, le père a fait confiance au fils. En l’occurrence à ses deux fils, Martin et Mathieu.

Depuis plus de 300 ans, la famille Béraut exploite un domaine, situé route d’Eauze, « Bidalère », de polyculture et d’élevage, avec quelques vignes, comme la plupart des domaines gascons.

Déjà, les Béraut s’affichent dans les concours. L’arrière-grand-père de Mathieu décroche, en 1913, le deuxième prix en vins blancs au concours agricole de Cazaubon. Dans les années 1970, Gaston, le père de Martin et Mathieu, achète le château de Pellehaut à Montréal-du-Gers et commence les vins blancs de qualité avec, au début, uniquement de l’ugni-blanc puis du colombard et du gros manseng. Martin reprend le domaine puis son cadet entre dans la danse en 1993. Dans les années 1990, les frères Béraut sont parmi les premiers en Gascogne à planter du chardonnay et du sauvignon pour la production de vin blanc. Le vin rouge, à cette époque, n’est élaboré que pour la consommation des ouvriers pendant les vendanges.

La révolution du gascogne

« J’ai travaillé aux États-Unis, j’ai goûté des vins qui avaient plus de corps que nos côtes-de-gascogne, narre Mathieu Béraut, j’ai donc cherché à ennoblir nos vins, à les rendre plus ronds. » Avec un physique à la Tony Gatlif, le vigneron aux mains de géant diversifie l’encépagement du vignoble et décide de planter du chardonnay et du sauvignon. C’est là la révolution. « Tout le monde me disait que j’allais dénaturer le gascogne, en sourit aujourd’hui le gaillard. Je me suis heurté à mon père qui a fini par me laisser faire. Nous avons la chance, dans tous les domaines gersois, car nos parents ont eu l’intelligence de nous faire confiance. »

Pas de copie, de l’original

Mathieu ne voulait pas copier son voisin d’Eauze, Tariquet. « Je voulais sortir des sentiers battus. Je pense que le chardonnay et le sauvignon m’ont permis un assemblage qui exprime le terroir. »

Ainsi naît Harmonie en 1998. Même si Pellehaut produit du vin blanc depuis plus de 20 ans, la première cuvée de ce vin aux sept cépages sort l’année où la France est championne du monde de foot. Chaque année, les techniciens du domaine jouent sur la proportion des différents cépages pour produire le même équilibre en bouche. « En 2003, par exemple, raconte Mathieu Béraut, le vin manquait d’acidité, nous avons donc rajouté un peu de folle-blanche. »

Le succès d’harmonie ne s’est pas fait en un jour. « Il aura fallu dix ans pour établir sa réputation. Ce sont les médailles des concours agricoles qui font qu’un vin est reconnu ou pas. Avec les médailles, les cavistes et les restaurants se réveillent et le vin prend de la renommée. » Pellehaut, depuis 2004, décroche une médaille par an pour ses différents vins ou armagnacs. En revanche, les vins rouges de Pellehaut ont, immédiatement, connu un essor prodigieux. « Pendant quinze ans, nous avons été en rupture de stock chaque année, tout en continuant de planter. »

Aujourd’hui, Gaston, 82 ans, travaille toujours sur la propriété. Il gère la société immobilière de Pellehaut, domaine de 180 hectares de vigne mais également de 170 hectares réservés à l’élevage bovin et la culture des céréales. « Il garde encore un œil sur le vin », sourit son fils cadet.

Gaëlle Richard
Photo : Michel Amat