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[PRIMEURS] Saint-Emilion : « ceux qui ont des a priori peuvent être agréablement surpris »

Auteur

La
rédaction

Date

01.04.2014

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Hier, lors de la dégustation des primeurs 2013 de l’Association des Grands Crus Classés de Saint-Emilion (AGCCSE), l’attitude générale était : profil bas. Si l’on est d’accord pour reconnaître qu’il ne s’agit pas du « millésime du siècle », l’effet de surprise n’est pas à exclure.

Comme l’a confié Jean-Francois Quenin, propriétaire du château de Pressac et président de l’ODG de Saint-Emilion, « tout a été dit sur ce millésime. On sait que la floraison et la véraison ont été difficiles. Qu’après un bel été, malheureusement marqué pour certains par la grêle du 2 aout, la pluie est revenue pour les vendanges. Le résultat a l’arrivée a été hétérogène. Mais sur les terroirs de qualité, avec un important travail dans la vigne et dans le chai, on arrive à un millésime qui n’est pas grand mais intéressant. D’où l’importance de le faire déguster. »

Trop tôt pour parler prix…

Et justement, une cinquantaine de châteaux membres de l’AGCCSE étaient réunis hier au Grand Théâtre de Bordeaux pour faire déguster ce millésime 2013. Pour Charles Cruse, du château Grand Corbin, « le plus délicat, c’est de convaincre les dégustateurs de se défaire de leurs a priori sur ce millésime. Ils arrivent en ayant déjà lu ou entendu tellement de choses, qu’il faut revenir à l’essentiel : goûter avant de juger ». La plupart des viticulteurs présents reviennent évidemment sur les mêmes difficultés de ce millésime : l’hétérogénéité des baies, la nécessité de vendanger sur une fenêtre de tir réduite, entre bonne maturité des raisins et menace du botrytis, les volumes réduits… Malgré tout, tous tiennent à défendre ce millésime. Comme Alain Dourthe, directeur technique des châteaux Faugères et Péby-Faugères : « c’était un millésime très dur au niveau cultural, avec les pressions des maladies… Il a fallu être très sélectif, et au final, on se retrouve avec des volumes équivalents à 2012 (environ 35 000 bouteilles). Ce qui est paradoxal, c’est que c’est sur ce genre de millésime où l’on a moins de vin et où l’on a dû travailler plus dur, que l’on nous demande de baisser les prix… »

Fleur Cardinale, une jolie surprise ?

Pour Florence Decoster, du château Fleur Cardinale, « ceux qui viennent à ces Primeurs avec des a priori repartent assez agréablement surpris. Dans les châteaux qui ont bien travaillé, 2013 est un millésime réussi, avec un joli fruit, de la longueur. C’est à nous de faire un travail d’explication pour renverser les idées reçues, et pour dialoguer avec les acheteurs, les négociants, afin de donner toutes ces chances à ce millésime. En tout cas pour moi, il est équivalent à 2007, voire meilleur, et il reste dans tous les cas fidèle au style et à la qualité que nous voulons donner à nos vins ». Fleur Cardinale devrait une fois de plus faire partie des belles réussites de ce millésime.

Un « effet Pinault » au Prieuré ?

Du côté du château Le Prieuré, enfin, ces Primeurs ont une saveur toute particulière. La propriété (6 hectares) d’Aline Guichard et Paul Goldschmidt, a récemment accueilli un nouvel investisseur de poids : François Pinault, qui a pris une participation dans les vignobles Baronne Guichard. Si du point de vue des acheteurs du millésime 2013, « l’effet Pinault » ne semble pas encore susciter une curiosité particulière, en interne, tout le monde se réjouit de cette nouvelle étape. La nouvelle directrice technique, Pénélope Godefroy (responsable vigne à Latour depuis sept ans et responsable technique de château Grillet depuis 2011), s’implique déjà dans l’élaboration du millésime 2013. Le Prieuré sera donc un vin à suivre dans les mois à venir…

M.D.
Photo : Château Fleur Cardinale