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Roussillon : quatre étoiles montantes de l’Agly

Ci-dessus : Laurence et Pascal Rousselin, Domaine Rousselin.

Auteur

Anne
Serres

Date

28.10.2016

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En Fenouillèdes, dans une nature somptueuse et sauvage, les coteaux de la Vallée de l’Agly voient éclore ou s’installer de nouveaux talents vignerons. Si Latour de France, Calce et Tautavel ont déjà leur star, allez découvrir les étoiles montantes de Maury, Lesquerde, Cassagnes ou Saint-Arnac.

Ces portraits sont extraits de l’Escapade Roussillon à retrouver en intégralité dans « Terre de Vins » n°43 (septembre-octobre 2016). Photos René Limbourg.

Laurence et Pascal Rousselin, Domaine Rousselin
Là-haut sur la montagne

« Comment tout ça a commencé ? » « Oouuh ! » Laurence et Pascal Rousselin lèvent le nez en l’air, pas facile de résumer une aventure de vingt ans qui recommence chaque année !
« Au début des années 1990 on a goûté la cuvée Gorges Pous de la coopé. On en est restés sur le cul tellement c’était bon ! », se souvient Laurence, « et on s’est dit : Il faut qu’on fasse le nôtre ! ».
En 1995, ils créent le domaine et sortent petit à petit leur production de la cave coopérative. En 2008, ils passent en bio. Le domaine compte 10 hectares, sur des sols à dominantes granitiques.
« Depuis le début on se bat pour défendre la typicité de l’appellation Lesquerde. C’est un terroir frais, tardif, entre le sol, l’altitude, le vent et les expositions. Notre syrah s’y plait, donne des vins sur le fruit rouge, avec des notes épicées et florales typiques de ce climat, uniques dans la région ».
L’ode à la syrah est chantée par la cuvée les Orientales (16, 30 € et présente à la Cité du Vin à Bordeaux !) une merveille de finesse aux arômes de gentiane et d’iris, des fleurs bleues saupoudrées de poivre noir sur un fond de cuir et de myrtille. La finesse de la trame tannique est bluffante, « on fait des macérations beaucoup plus courtes, deux semaines au lieu de quatre au début », précise Pascal Rousselin.
Signalons enfin un gros coup de cœur sur Miss Terre (28 €), leur vin doux naturel Rivesaltes Ambré qui titre seulement 15 degrés (« on a la main légère sur le mutage », rappelle Pascal) et offre une complexité ébouriffante dans son cœur de crème brulée et d’écorces d’orange paré de notes épicées qui évoquent le cade, le romarin, le paprika et le curcuma. Renversant.
66220 Lesquerde
04 68 59 17 12

Henri, Philippe et Quentin Modat, Domaine Modat
Gneiss et schistes à tous vents

Le vin au domaine Modat est une affaire de famille. Le grand-père Henri, maraîcher dans la plaine, suit son fils Philippe, juriste, dans l’aventure du vin. « Pendant deux ans, nous avons tout visité, je sentais mon fils hésitant. Nous avons vu des domaines dans la plaine, fait des analyses de terroir. On nous disait « vous pourrez faire de bons vins doux, mais pour le sec ce sera moyen », or nous voulions faire de grands vins secs. Et un jour, nous sommes montés ici, j’ai vu le visage de mon fils changer, j’ai dit au gars « votre bien est vendu ». C’était en 2007, depuis le domaine est passé en bio et en biodynamie, suffisamment isolé sur les hauteurs de Cassagnes « on est embêtés que par les sangliers ! Mais pas qu’un peu ! ».
Le petit-fils, Quentin, a été diplômé d’HEC avant de rejoindre le domaine en janvier. Il a créé sa première cuvée, le Petit Modat’mour, un gourmand assemblage de carignan, syrah, grenache, sur le fruit, très frais et croquant aux tannins souples (10, 50 €). Au cœur de gamme, Deci-Delà en blanc est un assemblage des vignes à raisins blancs complantées dans les parcelles de rouge que les vendangeurs butinent ici et là, une cuvée longue en bouche avec une élégante finale saline à 13, 50 € comme le Comme Avant, en rouge sans bois. La gamme monte avec Sans Plus Attendre (18 €) élevée 14 mois en fûts de chêne et culmine avec Le Plus Joli (35 €) élevé 16 mois en barriques neuves ou d’un vin avec des notes de réglisse, de laurier, de thym sur un cœur de prune, une texture soyeuse, des tannins fondus et un toast fin et intégré. Une réussite.
www.domaine-modat.com
66720 Cassagnes
04 68 54 39 14

Lucile et Paul Meunier, Domaine Paul Meunier-Centernach
Le rêve du globe-trotter

Bourguignon d’origine, saint-arnacois de cœur, Paul Meunier a passé son BTS de viticulture-oenologie à Beaune et fait son premier stage de vinification à la Préceptorie de Centernach en 2009. Puis le globe-trotter a beaucoup trotté : Portugal, Liban, Australie… avant de revenir en Bourgogne chez Jean-Jacques Confuron.
Au fil des postes, des lieux, l’image d’un futur domaine se précise, Paul Meunier visite de nombreuses propriétés. Puis découvre que l’ancienne cave coopérative de Saint-Arnac est à vendre, à deux pas de la Préceptorie. « Si c’était à refaire, je referais tous ces voyages, ces expériences qui m’ont construit. Comme on dit en Bourgogne, plus il y a de marches, meilleure est la cave ! », sourit-il. Il s’installe donc en Fenouillèdes avec son épouse Lucile et leur enfant (le deuxième devrait naître au moment où nous imprimerons ce magazine).
Le premier millésime, 2014, n’est pas facile, précise Paul Meunier « on a manqué de soleil et de lumière ; en 2014, les raisins ont été mûris par le vent, qui les concentre, les garde propres. On l’aime, le vent, ici ! » Quand on aime la tramontane, on est devenu un enfant du pays !
Paul Meunier travaille ses vins sur la finesse, dépasse rarement 14 degrés en sec même avec des grenaches sur schiste et reste à 16 degrés sur les doux. La sélection parcellaire, les Couillades d’En Paillol à 27 € (ici, une « couillade » est le sommet d’une colline) est issue d’une vigne sur schiste à Maury, complantée de carignan, grenache noir, grenache gris et syrah, élevée 14 mois en fûts de plusieurs vins. Le résultat est un jus complexe, croquant sur le fruit noir et rouge sans compote et des tannins enrobés, veloutés qui accompagnent la longue finale épicée.
www.paulmeunier-centernach.com
66220 Saint-Arnac
04 68 08 40 98

Christine, Nicolas, Laurence et Christophe Dornier, Clos des Vins d’Amour
La vie en rose, en rouge, en blanc

Christine et Nicolas Dornier sont œnologues, et se sont rencontrés à Maury. En 2004, ils ont proposé au frère de Nicolas, Christophe, et à son épouse Laurence de reprendre les vignes du grand-père de Christine. « Domaine Dornier » aurait été trop simple, les deux couples ont baptisé « Clos des Vins d’Amour » le fruit de leurs histoires d’amour et de famille.
Le concept, les vins séduisants et gourmands sous des noms tendrement bien pensés ont rencontré leur public. Parti de 10 hectares sans bâtiment pour la vinification et d’une production de 6 000 bouteilles, le domaine pèse aujourd’hui 25 hectares et 70 000 cols par an. Et s’est doté d’un chai qui accueille des expositions et dégustations de produits du terroir.
Après Idylle en blanc (assemblage grenaches blanc et gris et une touche de maccabeu, très fin et frais sur la menthe, 10, 80 €), Flirt en rosé (grenache-syrah tout en fruit croquant et fleuri d’aubépine, 8 €), la gamme des rouges s’ouvre sur Carignan en Famille et Grenache en Famille (fidèles reflets de leurs cépages, 8, 20 €), se poursuit avec 1+1=3 (grenache, carignan, syrah, sans élevage, beaucoup de fraîcheur, des notes poivrées et cerise qui pinotent, 10, 80 €) et le Baiser (le grenache s’amourache du mourvèdre, la nuit de noce en fûts dure un an, 16 €).
La gamme atteint un nouveau sommet cette année avec une première cuvée le Béguin (35 €), 80 % grenache, 20 % syrah, élevé en demi-muids, superbe et généreuse avec un fruit de cerise noire et de prune paré d’épices sombres (réglisse, poivre noir, muscade) et de notes de garrigue. Préparez-vous à tomber amoureux(se) !
www.closdesvinsdamour.fr
66460 Maury
04 68 34 97 06