Accueil Thibault Liger-Belair : la foi du converti

Thibault Liger-Belair : la foi du converti

Auteur

Laurent
Gotti

Date

21.11.2017

Partager

Après un parcours hors des sentiers battus, Thibault Liger-Belair a fait de la reconnaissance en grand cru du climat Les Saint-Georges son cheval de bataille. Il y travaille depuis dix ans déjà… Et la partie n’est pas encore gagnée.

C’était un jour de 2007, dans le presbytère de Nuits-Saint-Georges. Les hommes réunis là ne discutent pas des affaires paroissiales mais de vignes et de vins. Quoi de plus naturel pour eux : ils sont vignerons. Si le lieu est inhabituel, c’est que la personne qui les a conviés a une idée derrière la tête.

Cet homme, c’est Thibault Liger-Belair. Tous les vignerons présents partagent un point commun : ils exploitent des vignes dans le plus fameux des Climats de Nuits : les Saint-Georges. Thibault Liger-Belair a voulu un endroit neutre. Le sujet évoqué est trop ardu pour que quiconque puisse penser qu’il s’agit d’une aventure personnelle. La cause lui tient pourtant particulièrement à cœur. Pour lui, il s’agit de réparer une erreur de l’histoire : faire accéder les 7,52 hectares de ce terroir au plus haut rang de la hiérarchie bourguignonne. Celui de grand cru.
Il est vrai que sur les 13 propriétaires du climat, Thibault Liger-Belair fait figure de fer de lance tout désigné. Il en cultive 2,10 hectares à lui seul. L’autre propriétaire de poids étant l’historique domaine Gouges (1,08 ha).

Un caractère souvent épicé

Exposé plein est, à mi-coteau, Les Saint-Georges se démarquent en effet par leur capacité de vieillissement hors du commun, un caractère souvent épicé au nez et une belle présence tannique en bouche. Et surtout une constance à donner de grands vins quelles que soient les conditions du millésime. Qualité indispensable pour faire partie des grands.
« Lors des réunions familiales, mon grand-père, Xavier Liger-Belair, ouvrait des vieux millésimes de Saint-Georges. Quand j’ai repris ces vignes, je me suis rendu compte très vite que ce terroir était à la hauteur de deux autres grands crus du domaine, le Clos Vougeot ou même le Richebourg » , se souvient Thibault Liger-Belair.

Les Saint-Georges n’est ni plus ni moins que le Climat qui a donné une partie de son nom à la commune de Nuits. À l’époque, beaucoup de villages de la Côte avaient décidé d’adjoindre la mention de leur vignoble le plus fameux à leur « état civil » (1892 pour Nuits-Saint-Georges). Si certains d’entre eux, comme la Romanée, le Musigny, le Chambertin, ont logiquement accédé à la consécration suprême lors de l’avènement des appellations d’origine, les Saint-Georges sont restés au rang inférieur de premier cru.

Un altruisme exemplaire ?

Henri Gouges, l’un des principaux propriétaires en Saint-Georges, en aurait été le principal « fautif ». C’est en tout cas ce qui s’est longtemps dit : fortement engagé dans la vie syndicale, le Nuiton a évité le reproche de tirer la couverture à lui en promouvant ses propres vignes au stade ultime de la hiérarchie. Les dernières recherches historiques nuancent cet altruisme exemplaire. Des raisons fiscales et la prédominance du négoce à l’époque éclairent tout autant la situation.
Mais qu’importe, refaire l’histoire dans un sens comme dans un autre n’est pas chose aisée en Bourgogne.

Dix ans après cette fameuse réunion dans la cure, le dossier a pris de la consistance (200 pages d’études géologiques, historiques, économiques) mais les réticences restent fortes. La peur d’ouvrir la boite de pandore est bien là. Le cas des Saint-Georges n’est pas isolé. « On risque de se retrouver avec un dossier par an », estime un vigneron membre du Comité national de l’INAO.
Thibault Liger-Belair, animé de la foi du converti, lui est bien décidé à se battre. Son domaine ne manque certes pas de superbes références : Richebourg, Clos Vougeot, Corton. Trois grands crus… Mais Les Saint-Georges compléterait joliment ce qui serait un carré magique.

Domaines Thibault Liger-Belair
21700 Nuits-Saint-Georges
03 80 61 51 16 – www.thibaultligerbelair.com

Cet article a été initialement publié dans le Terre de vins n°49 de Septembre/Octobre