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[VINISUD] Rhône Vignobles : passion et transmission

Auteur

La
rédaction

Date

26.02.2014

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Ils sont quinze. Quinze grands vignerons de la vallée du Rhône, réunis sous l’étendard « Rhône Vignobles ». D’Ampuis au Lubéron, ils incarnent toute la richesse des vignobles rhodaniens. De génération en génération.

Créée il y a 25 ans à l’initiative de Jean-Luc Colombo, l’association Rhône Vignobles réunit une poignée de vignerons emblématiques et représentatifs de la diversité des vignobles rhodaniens. Au fil des ans, certains ont quitté le navire (Colombo lui-même, Georges Vernay), d’autres ont embarqué, mais l’ossature est restée la même, et le fil conducteur, immuable : valoriser les grandes appellations et les grands terroirs rhodaniens, incarner une sorte de trait d’union du nord au sud du grand fleuve, tout en partageant « une certaine idée du vin ».

La belle équipe

Alexis Rousset-Rouard, propriétaire du domaine de la Citadelle (Lubéron) et président de l’association depuis l’année dernière, appuie cet aspect : « tous les membres de Rhône Vignobles ont en commun la volonté de produire des vins qui soient le reflet de leur terroir, des vins de vérité, exigeants. Chacun suit sa propre voie, mais tous partagent un goût du collectif, une envie d’échafauder des projets ensemble ».

Cela se concrétise par des réunions techniques, des voyages dans d’autres vignobles pour déguster d’autres vins, découvrir d’autres philosophies, des opérations promotionnelles comme celle conduite dans le cadre de Vinisud ou de Découvertes en Vallée du Rhône, des voyages promotionnels à l’étranger… et plus globalement, une émulation, un désir de partager des idées, de viser toujours plus haut. « Dans notre métier, c’est très facile de vivre en vase clos, souligne Alexis Rousset-Rouard. Notre association, c’est avant tout des moments d’amitié, de la solidarité, du dynamisme ».

Avec des figures de proue comme Jean-Michel Gerin, Yves Cuilleron, François Villard, Louis Cheze, Laurent Combier, Alain Graillot, la Côte Rôtie, Condrieu, Saint-Joseph et Crozes-Hermitage sont particulièrement bien représentés. Mais les autres appellations ne sont pas en reste : Alain Voge à Cornas, Hubert Valayer à Vinsobres, Cécile Dusserre (Domaine de Montvac) à Vacqueyras, Peter Fischer (Château Revelette) en Côteaux d’Aix, ou encore les domaines Beaurenard et de la Janasse en Châteauneuf-du-Pape… Voir la liste complète ici.

Nouvelle génération

La plupart de ces vignerons incarnent ce qui ce fait de mieux dans leur appellation. Certains ont acquis une réputation mondiale. Mais tous ont su préserver l’esprit de camaraderie et, surtout, savent que ce qu’ils ont bâti doit maintenant être pérennisé. C’est le cas de Jean-Michel Gerin, qui vient de voir ses deux fils, Mickaël (27 ans) et Alexis (25 ans) le rejoindre à la tête de la propriété. « On ne sait jamais ce que la vie réserve, et je suis forcément comblé de voir mes deux fils me rejoindre, sourit le vigneron d’Ampuis. Cette question de transmission, il faut que cela soit réfléchi très longtemps en amont. J’ai 53 ans et cela fait une quinzaine d’années que j’y pense. Mais pour autant, je ne suis pas près de la retraite. Je suis encore là pour longtemps, pour les épauler. Nous avons des tas de projets, à commencer par notre nouveau cuvier que nous allons bientôt inaugurer, et qui nous permet de tripler notre surface de vinification. Le fait qu’ils me rejoignent, je me dis que j’y crois encore plus ! »

Laurent Combier est dans le même cas de figure. A l’heure de sa 25ème vendange, il voit ses deux fils (Julien, 22 ans, et David, 19 ans) s’inscrire dans ses pas. « Je ne les ai poussés à rien, explique-t-il. Je leur ai dit de faire ce qui leur plait, de suivre leur voie, mais avec passion. Julien, qui se crée d’abord sa propre expérience, notamment en Argentine, est plus terrien. David, qui n’a pas fini ses études, sera sans doute plus commercial. Mais dans les deux cas, ils apporteront leur sang neuf, leur énergie, leur motivation. Et moi, cela me permettra aussi d’avoir un peu plus de temps libre ! »

Horizontale du millésime 2004

En attendant que les fils prennent le relais, ce sont bien les vins des pères que l’on déguste à Vinisud. Chaque jour, le stand de Rhône Vignobles organise une libre dégustation thématique, animée par l’irrésistible Serge Ghoukassian (photo ci-dessus), du restaurant « Chez Serge » à Carpentras. Horizontale du millésime 2004 lundi, spéciale « gros flacons » mardi, et… dégustation de blancs du Rhône ce mercredi.

Voici nos coups de cœur parmi les magnifiques cuvées dégustées lundi en 2004 :

Mairlant 2004, de François Villard
, un saint-joseph blanc, assemblé comme le veut l’appellation de moitié roussanne, moitié marsanne montre dans le verre que les grands blancs savent se confronter sans aucune difficulté à l’épreuve du temps. On plonge le nez dans un univers dense, beurré, où le fruit explose encore avec des notes crémeuses de citron confit. En bouche, une longueur incroyable. La minéralité de ces terroirs de Saint-Joseph donne une colonne vertébrale droite et tendue. Avec une poêlée de saint-jaques à la crème, ou pourquoi pas un risotto au parmesan et à la truffe blanche..

Les Grandes Places de Jean-Michel Gerin, star de la Côte-Rôtie, où la syrah s’offre dans tout ce qu’elle peut avoir de plus élégant : cuir, cerise à l’eau de vie, une pointe de réglisse… les arômes se multiplient dans le verre, et évoluent sans cesse, donnant une belle complexité. Le plus marquant, 10 ans après, c’est cette fraîcheur légèrement mentholée, rendant ce vin aérien. Une dentelle très haute-couture.

Différent et très gourmand, le Vinsobres de Hubert Valayer. Ici, le grenache est majoritaire, assemblé avec 20 % de syrah et 10 % de mourvèdre. Le choix d’une macération de quatre semaines n’altère pas la matière, dix ans après. Un nez de prune noire et chocolat, une bouche fraîche mentholée et poivrée. « Les grenaches poussent ici sur des galets roulés à l’est de Nyons, les mêmes qu’à Châteauneuf-du-Pape », explique le vigneron. C’est encore la saison des gibiers, laissez vous tenter par une sauce Grand veneur…

Le plus sudiste des Rhodaniens sur le stand, Peter Fischer (voir notre escapade à Joucques du numéro 28, en kiosque le 5 mars) du Château Revelette. « Chez nous, le cabernet sauvignon remplace la structure du mourvèdre à Bandol, qu’on ne peut faire mûrir sur les hauteurs de Jouques ». Provençal, mais à la limite de l’appellation Rhône, le Grand Rouge 2004 est dense et profond. Il porte bien son nom. La structure est dense, mais la fraîcheur prend toujours le dessus. Fruits noirs, des touches d’encens, la garrigue provençale aux senteurs de thym et de romarin.. surtout, aucune lourdeur, jamais. On imagine facilement une gardianne de taureau, des petites cailles aux pruneaux confits, ou bien même juste un très bon chocolat noir.

Laure Goy et Mathieu Doumenge