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« VinoBusiness » : Hubert de Boüard perd son procès en diffamation

Auteur

AFP

Date

22.09.2016

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La justice a débouté jeudi Hubert de Boüard, propriétaire de Château Angélus, qui attaquait en diffamation la journaliste Isabelle Saporta pour ses écrits critiques sur les classements des grands crus de Saint-Emilion et la « férocité d’un petit monde raffiné ».

Le tribunal correctionnel de Paris a considéré que si les écrits ironiques et polémiques de la journaliste donnent du viticulteur « une image extrêmement péjorative », « aucun des propos retenus ne peut être considéré comme diffamatoire », dans une décision consultée par l’AFP.

Il a donc débouté Hubert de Boüard de Laforest, héritier et copropriétaire du château Angélus, classé dans les « premiers grands crus classés A », la plus prestigieuse catégorie du classement de Saint-Emilion.

Le vigneron poursuivait la journaliste Isabelle Saporta pour son livre « VinoBusiness » paru en 2014 et dans lequel elle le décrit comme « le petit Machiavel du vin », « le renard » ou encore « un parvenu » des vignes.

La journaliste, auteure également d’un livre sur « les dérives de l’agriculture productiviste », décrivait les enjeux du nouveau classement des grands crus rendu en 2012 par l’Institut national des origines et de la qualité (Inao), dont certains membres ont « des liens » avec Hubert de Boüard.

Mme Saporta soulignait que le château Angélus, sans conteste « un grand vin », couronné par ce nouveau classement en 2012, avait échoué six ans plus tôt.

Ce classement, que certains vignerons recalés contestent devant la justice administrative et pénale, « c’est de l’argent », avait rappelé Mme Saporta à l’audience en juin. « Quand vous êtes ‘grand cru’ votre hectare de vignes vaut 1, 5 million, quand vous êtes ‘premier grand cru’ c’est 4 ou 5 millions, quand vous n’êtes plus classé c’est 600.000 euros. » Sans compter le prix du vin, qui grimpe encore : une bouteille de château Angélus 2012 coûte plus de 400 euros.

La journaliste s’interrogeait aussi sur certains critères du fameux classement, qui semblent selon elle taillés sur mesure pour M. de Boüard. Par exemple, un vin sera d’autant mieux classé qu’il est déjà célèbre, or le vigneron a déjà placé son château Angélus au cinéma, en particulier dans le verre de James Bond.

Pour sa part, Hubert de Boüard avait défendu la révision du classement et assumé son rôle de premier plan : « Je revendique le fait d’être actif et d’être un entrepreneur mais je revendique aussi mon honnêteté ».

Il avait réclamé 50.000 euros, plus 10.000 euros au titre des frais de justice.