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Bourgogne : le domaine Méo-Camuzet et les millésimes solaires

Auteur

Laurent
Gotti

Date

12.01.2018

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La Bourgogne a vécu en 2017 un millésime précoce. Un de plus ces dernières années… Les premiers coups de sécateurs ont été donnés dès la fin août dans bon nombre d’appellations. Cette précocité est presque devenue la norme. De telles dates auraient été pourtant vécues comme exceptionnelles, voire extraordinaires, il y a encore une quinzaine d’années.

Dans la foulée des vendanges 2017, Jean-Nicolas Méo à la tête du domaine Méo-Camuzet (Vosne-Romanée) proposait de revenir sur quelques-uns de ces millésimes solaires qui ont marqué ces dernières années : 2012, 2009, mais aussi 2006.

2012
Le millésime : Peut-on parler de millésime solaire ? Pas tout à fait. L’année a surtout été climatiquement chahutée : humidité au printemps, grêle (peu en Côte de Nuits), pression des maladies mais aussi soleil en août. A tel point que certains raisins ont grillés à l’heure d’entamer la dernière ligne droite. Les vendanges se sont finalement déroulées à partir de la mi-septembre, sans précocité marquée, mais avec de bons niveaux de maturité. Et surtout des raisins sains et concentrés.
Vosne-Romanée premier cru Les Chaumes
Le Climat est assez vaste, de bas de coteau, sur un sol assez profond et argileux. Pourtant ce vin affiche souvent un profil élégant et fin, bien représentatif de son appellation. C’est le cas de ce millésime sans pour autant que la concentration de l’année ne se démente. Sa structure s’affirme à travers une solide trame tannique. Le nez évoque la cerise noire et le poivre. A garder encore quelques années.
Clos Vougeot
L’une des cuvées phares du domaine puisque la famille Méo-Camuzet est le deuxième plus grand propriétaire dans le Clos avec plus de 3 hectares de vignes. L’empreinte du millésime se fait là aussi sentir. Des notes de fruits noirs, presque confits, montent au nez. La bouche séduit par son ampleur et le soyeux de ses tannins. Une incontestable réussite.

2009
Avec 2005, le millésime 2009 est considéré comme l’autre grande année de la décennie. Nous sommes clairement ici en présence d’une année solaire avec près de 170 heures de soleil de plus que la moyenne pendant le cycle végétatif. Une météo quasi parfaite qui a débouché sur des vendanges dès la première quinzaine de septembre. Les 2009 sont globalement souples, gourmands et généreusement aromatiques.
Nuits-Saint-Georges premier cru Meurgers
On a parfois entendu dans la région que le millésime 2009 serait à boire assez rapidement pour profiter de son fruit. Nous avons la démonstration, avec ce superbe nuits-saint-georges, que des cuvées nées avec beaucoup de charme savent aussi vieillir. Cette bouteille n’a rien perdu de son pouvoir de séduction. Elle surprend même par sa grande jeunesse. Les épices et les fruits à belles maturités sont loin de montrer des signes de fatigue. La bouche affiche même une certaine fraicheur et de l’élégance. Une grande bouteille.
Vosne-Romanée premier cru Aux Brûlées
Situé au pied du grand cru Richebourg, le premier cru Aux Brûlées fait partie des joyaux du domaine Méo-Camuzet. Son positionnement au débouché d’une combe qui apporte de la fraicheur et son sol caillouteux donnent des vins assez sérieux, puissants. Les fruits noirs confits se donnent avec une grande générosité. La matière est dense, assez harmonieuse, même si ce vin ne nous apparait pas encore complètement à son apogée. A attendre encore quelques années.

2006
Solaire, le millésime 2006 l’a surtout été en juillet avec des températures caniculaires. Changement de décor au mois d’août avec une météo automnale avant l’heure et des raisins qui commençaient à s’abimer. Les quinze premiers jours de septembre, avec le retour de la chaleur, ont sauvé la qualité. Au final les grappes étaient bien mûrs mais demandaient un peu de tri. La qualité des vins a agréablement surpris.
Corton Clos Rognet
Nous sommes cette fois sur la Côte de Beaune, certes au nord mais tout de même plus près de Beaune que de Nuits-Saint-Georges. Sur ce terroir les raisins atteignent facilement de belles maturités. Il semble que le caractère charnu du millésime et la propension du terroir à donner des matières enveloppées se soient conjugués idéalement pour donner un vin tout en velouté, charmeur, sur des notes de coulis de fruits noirs.
Vosne-Romanée premier cru Cros Parantoux
Le fameux terroir, si cher à Henri Jayer, ne manque généralement pas de vigueur ni d’acidité. Il n’a pas été dominé par le profil de l’année : le Cros Parantoux campe encore sur une trame assez sérieuse. La bouche est profonde mais se resserre en final. Il ne semble qu’au début de sa carrière. « C’est un millésime que nous avons bien réussi », confie Jean-Nicolas Méo-Camuzet. Cette très belle cuvée, tout comme le remarquable corton précédemment dégusté, ne le contredit pas.

Conclusion : Bien adapté au climat bourguignon, le pinot noir n’est pas un cépage qui apprécie la chaleur en excès. Mais comme toute vigne, il a besoin de chaleur et de soleil pour faire mûrir de beaux raisins. C’était le cas lors de ces trois millésimes. Aucune des cuvées dégustées n’a pas pour autant dénotées une quelconque surmaturité. Mieux, l’expression des terroirs y est parfaitement lisible.