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Champagne Perrier-Jouët : le blanc de blancs comme une évidence

Auteur

Joëlle
W. Boisson

Date

30.05.2017

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Maison historiquement tournée vers le chardonnay, Perrier-Jouët n’avait pourtant aucun blanc de blancs dans sa gamme. Voici chose faite, et les objectifs sont ambitieux.

« C’est un peu comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir. Chez Perrier-Jouët, nous faisions beaucoup de chardonnay, mais sans le revendiquer en blanc de blancs », s’amuse Hervé Deschamps, chef de cave de la maison sparnacienne.
Pour être très précis, il existe bien une version ultra-exclusive 100 % chardonnay de la cuvée de prestige Belle Epoque, mais elle n’est produite que ponctuellement, certaines années exclusives, à partir de deux parcelles exceptionnelles du vignoble de Cramant. De la joaillerie de luxe, mais qui ne saurait répondre à la demande mondiale, alors même que la maison cultive savamment son image de spécialiste du chardonnay. Élargir la gamme vers un blanc de blancs non millésimé devenait alors une évidence.

Mais le tempo du champagne est long, très long. Il a fallu 6 bonnes années pour constituer les approvisionnements nécessaires en provenance des meilleurs terroirs de la côte les blancs (les plus demandés !), puis encore 3 ans pour permettre à cette cuvée de se développer et d’affirmer sa personnalité – les bouteilles qui voient enfin le jour proviennent essentiellement de raisins de la vendange 2013.

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Enfin, il a fallu aussi ajuster les demandes du marketing avec le style revendiqué par Perrier-Jouët, et le tout sans porter ombrage autres références de la gamme. « Perrier-Jouët se caractérise par 3 valeurs cardinales, reprend Hervé Deschamps. Tout d’abord un côté floral, des fleurs blanches, ce qui est précisément une caractéristique du chardonnay. Ensuite, une personnalité racée. Nous utilisons uniquement certains terroirs, et sur ce blanc de blancs, il a fallu ramener de la pureté. Enfin, le ciselé. C’est l’essence même de notre métier d’assembleur, comme un joailler travaille des pierres sur une monture. Chez Perrier-Jouët, il y a toujours cette touche de charme et de douceur en finale ». Pour l’homme de l’art, c’était peut-être l’identifiant le plus délicat à conserver pour un chardonnay de la côte des blancs. « La vivacité allait de soi, mais il fallait éviter le piège d’une trop grande tension ou de la dureté, conserver le plaisir en finale de bouche. »

Le résultat est bien intégré dans la gamme. Au plan packaging tout d’abord, le blanc de blancs joue la transparence avec une étiquette invisible qui met en valeur sa robe. Dans l’offre, le blanc de blancs est à grands traits le double du brut (prix conseillé : 60 € TTC) et la moitié du Belle Époque. Dans le verre, il se caractérise par une robe très pâle aux reflets verts, des fleurs de printemps au nez (sureau, citronnier). La bouche est délicate, particulièrement fine, marquée par les fruits blancs (poire juste mûre, melon d’Espagne, pêche blanche, pointe litchi) quand le brut est plus pêche jaune, pomme, camélia, fruits à coque (amandes). Signature Perrier-Jouët, la mousse est crémeuse, presque « chantilly», s’évanouissant comme un voile au palais. Pas de petits amers ou acides salivants, Perrier-Jouët tire sa révérence délicatement.

Si les volumes de production et les objectifs de vente sont top secrets, Perrier-Jouët ne cache pas de réelles ambitions pour ce nouveau champagne – l’exemple de Ruinart et son best-seller blanc de blancs sont en ligne de mire – comme en témoigne le lancement magistral orchestré au plan mondial : avril Tokyo et Hong-Kong ; mai en Grande-Bretagne, Allemagne, France ; juin pour la Suisse, l’Espagne, l’Italie puis suivront les États-Unis, etc.

Disponible dans les prochaines semaines chez les cavistes, Perrier-Jouët blanc de blancs est particulièrement adapté à la saison estivale, en apéritif ou en accompagnement de mets délicats, en particulier la langoustine en accompagnements floraux-croquants (cresson et autres graines à germer, fleurs de bourrache et de capucines, fines tranches de radis…)