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Champagnes millésimés : que vaut 2005 ?

Auteur

La
rédaction

Date

17.02.2015

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Le millésime 2005 est arrivé en marché chez deux grandes marques de champagne, Lanson et Ayala. Dégustation croisée d’un millésime qui fête ses dix ans.

Faire un champagne millésimé, pour un chef de cave, c’est une (délicieuse) prise de risque ! Pas possible de faire appel à des vins de réserve pour arrondir les angles, c’est sans filet. Mais c’est aussi pour un vinificateur une forme d’aboutissement dans les années à forte personnalité.

Ayala et Lanson ont tenté l’expérience en 2005. Nous vous annoncions leur arrivée en marché dans le dernier numéro de « Terre de Vins ». Nous avons à présent dégusté les vins. Verdict !

2005, un millésime « entre deux »

2005 est une année compliquée, avec un printemps froid et un été combinant pluie et fortes chaleurs qui a favorisé la pression des maladies, notamment sur les raisins noirs. Dès lors, seules les maisons très axées sur les millésimés et pouvant compter sur de beaux approvisionnements ont osé produire 2005 en solo. D’autant que l’année se positionne entre deux beaux millésimes plus faciles : 2004 et 2006.

Perle d’Ayala tout en finesse

Pour Ayala, 2005 est une année charnière. Elle marque le rachat par Bollinger et la stabilisation après un passage par plusieurs mains financières. De grandes décisions ont été prises cette année là, dont une orientation vers un style plus frais, plus élégant, la montée en puissance du chardonnay dans les assemblages et des dosages plus faibles.

Perle d’Ayala 2005 (prix conseillé 74 €) donne immédiatement le ton avec un assemblage dominé à 80 % par le chardonnay. La robe est jaune aux reflets encore vert pâle 10 ans après, la mousse est discrète. Le nez salin, très fin, mêle agrumes, notes coquillères et iodées, ainsi que de délicats arômes d’amande et de fruits blancs à noyau. L’attaque est charnue, tapissante puis la bouche évolue plus droite et pointue. Le registre aromatique est aérien, floral (pot pourri de fleurs sèches), cédrat, earl grey pour finir très tendu. Son nom de Perle sied bien à sa finesse. A noter une différence sur deux échantillons dégustés à quelques mois d’intervalle (peut-être un effet du bouchage liège), l’une des bouteilles présentant en outre des notes vanillées, beurrées et épicées qui ont magnifié un blanc de turbot aux girolles puis un comté affiné.

Gold label Lanson 2005 : la plénitude gourmande

Chez Lanson, 2005 marque pour sa part plus d’un siècle de millésimes et une maîtrise des approvisionnements sur les grands pinots noirs de la Montagne de Reims qui lui a permis d’obtenir sur ce 2005 des raisins « généreux et équilibrés ». 51 % pinot noir, 49 % chardonnay, ce champagne est particulièrement bien construit, avec sa robe jaune or soutenue, sa mousse fine et continue, une belle maturité de pêche jaune cuite, de fruits secs et de brioche, suivie d’une pointe vanillée. La bouche charnue en attaque croque ensuite dans le fruit frais et gourmand pour finir – signature « non malolactique » de Lanson – sur le bonbon acidulé. Voici l’exemple académique d’un beau millésimé, à un prix battant toute concurrence (35 €). A déguster sur des amuse-bouche à base de saint-jacques ou de langoustine.

Bonne dégustation !

Joëlle.W.Boisson.