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Champagne Drappier : la culture de l’expérimentation

Michel Drappier lors de Bordeaux Tasting 2013 (photo N. Tucat)

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

22.06.2017

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La célèbre maison de champagne est dans une démarche de recherche permanente pour hausser la qualité de ses vins. Un véritable état d’esprit qui se transmet de génération en génération.

Pas facile de devenir une maison qui compte en Champagne. Quelques très grandes maisons, souvent plus que centenaires et connues mondialement, occupent les premiers rangs en termes de notoriété auprès du grand public. Dans cet univers ultra concurrentiel, la maison Drappier a su, au fil des décennies, s’imposer par la régularité de ses vins ainsi que leur qualité. Le cœur de la maison n’est pas dans les grands crus de la côte des blancs mais à Urville dans l’Aube, « terre d’accueil » du pinot noir.

Ce n’est donc pas un hasard si Drappier a fait de ce cépage l’élément fort de sa personnalité. Il est en effet la composante principale de sa cuvée phare, le « carte d’or » (75% de pinot noir, 15% de chardonnay, 10% de pinot meunier), créée par André Drappier en 1952, le père de Michel, à la tête du domaine familial depuis 1979. Le travail qui a été mené sur cette cuvée a été immense, avec l’envie de toujours lui donner un supplément d’âme. C’est elle qui a donner son aura à la maison Drappier.

Toujours aller plus loin

Chez les Drappier, on ne se repose pas sur ses lauriers. On cherche, on tente, on a le souci du détail. La réflexion sur les liqueurs est, à ce titre, passionnante. La précision de ce mélange de sucre de canne (choisi après de nombreux tests sur différents sucres) et de vin est en effet déterminante pour apporter le juste équilibre et la rondeur en bouche souhaitée au moment du dosage. Il en existe une quinzaine différentes qui vieillissent généralement ici de 10 à 25 ans dans des cuves tronconiques, parfois beaucoup plus. Comme cette liqueur de 1947 conservée par la maison. La dégustation de la cuvée Carte d’or dosée avec cette liqueur (malheureusement non commercialisée) est un grand moment de dégustation, avec une réelle profondeur par rapport à la cuvée classique.

Les vieilles liqueurs sont généralement préférées car elles s’intègrent alors plus rapidement au champagne et peuvent être apportées en quantité plus limitée. Et la cuvée carte d’or vieillit ainsi admirablement comme en témoigne le 1995 dont la dégustation en magnum (145 €) montre un vin d’une fraîcheur incroyable, aux notes épicées délicieuses.

D’autres réflexions sont aussi en cours, Michel n’hésitant pas à faire participer ses trois enfants, Charline, Hugo et Antoine, tous trois travaillant désormais à ses côtés. Sans tabou, comme sur la question des sulfites. La cuvée Brut nature (un zéro dosage 100 % pinot noir) est ainsi disponible avec (35 €) ou sans soufre (39,5 €) pour deux résultats très différents. La première étant plus nette, plus droite et la seconde plus sur des notes confites, plus large. Chacune d’elle étant proposée dans une nouvelle bouteille dessinée par Michel, en verre recyclé marron, au col plus étroit afin de protéger davantage le vin de l’oxydation.

Le contenant lui aussi fait donc l’objet d’évolutions. Là encore sans se soucier du « qu’en dira-t-on ». Le rosé ne sera ainsi bientôt plus proposé qu’avec cette nouvelle bouteille afin de garantir un vieillissement optimal du vin. Drappier continue d’évoluer, de progresser chaque jour pour notre plus grand plaisir. L’apanage des grands, tout simplement.