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Château Lanessan : les grands terroirs savent vieillir

Auteur

Isabelle
Bachelard

Date

23.12.2016

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Les terroirs du Médoc sont réputés pour leur capacité à produire des vins de garde. La preuve avec les millésimes anciens du château Lanessan.

Le château Lanessan est un vaste domaine du Haut-Médoc, qui est resté dans les mains de la même famille, depuis la fin du 18è siècle. En 2009, cette famille, les Bouteiller, a décidé de confier la direction du château à une œnologue, jeune mais forte d’une belle expérience, Paz Espejo. Elle a eu l’idée d’organiser une dégustation verticale du château, afin de voir où en étaient de leur évolution les différents millésimes. Une expérience rare : la dégustation des millésimes anciens procure des plaisirs inconnus avec les vins jeunes.

Surtout lorsqu’on n’a pas l’habitude de déguster des vins anciens, il est préférable de commencer par les plus vieux, car ce sont les plus délicats et ceux dont les qualités seront les plus fugaces. La bouteille de 1952 du château Lanessan fut une déception : malgré ses jolis parfums de sous-bois, il manquait de chair et l’acidité du millésime – qui n’était pas le meilleur du monde – ressortait. En revanche le 1966 s’avéra un modèle médocain, avec ses reflets acajou, ses élégants parfums de sous-bois, sa bouche stylée, droite, avec de discrètes notes fumées, sa fermeté en finale. Le magnum de 1959 fût un total délice, avec son nez tout en finesse de rose fanée, sa pointe de chocolat, sa bouche à la texture suave et cette finale droite comme on l’attend d’un grand cru du Médoc. Le château Lanessan 1982, décevant en bouteille car un peu rustique et mou, se révéla grandiose en magnum : parfums délicats de sous bois, bouche construite et riche, texture serrée, longueur toute en finesse. D’un flacon à un autre, les différences ne sont pas rares ; dans un magnum le volume d’air est moins grand, en proportion, que dans une bouteille, d’où une oxydation limitée. La qualité du bouchon, plus ou moins imperméable, affecte aussi l’évolution du vin.

Des millésimes mûrs à la vente

Dans les millésimes plus récents, le 1995 qui se goûte très bien possède d’importantes réserves. De même le 2006, 2005 et surtout le 2009. Cette grande année à Bordeaux, qui vit l’arrivée de Paz Espejo à la tête du château (photo ci-dessous), accueillit aussi une nouvelle étiquette, plus sobre et plus moderne, mais qui n’oublie pas de montrer l’impressionnante bâtisse qui a aussi traversé les décennies. Elle s’est attelée à améliorer la production, en rationalisant le travail au chai et à la vigne. Depuis l’année dernière, Hubert de Boüard, du château Angelus, apporte ses conseils dans le vignoble. Les replantations sont mieux calculées afin de donner au cabernet sauvignon les terroirs qui lui conviennent le mieux sur les sols de graves profondes.

Le château Lanessan (www.lanessan.com) est un des domaines bordelais les plus largement ouverts au public. On peut visiter ses chais, son parc à l’anglaise, ses spectaculaires écuries, sa collection de calèches. Des bouteilles des années 1990 et 2000 y sont même proposées à la vente.