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Millésime en Languedoc : le bal est ouvert

Auteur

La
rédaction

Date

20.04.2015

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Les appellations du Languedoc fêtent leur millésime 2014. Après la félicité du millésime 2013, 320 jours de soleil pour des vins mûrs et gourmands et assez d’eau en réserve pour des tanins souples sans stress hydrique, on célèbre le millésime 2014 : un printemps précoce aux faux airs d’été dès le mois de mars, puis un été frais et nuageux qui a vu une maturation lente, rattrapé par un été indien en septembre-octobre, qui a apporté un ton solaire à ce millésime très inhabituel.

Cette semaine, lors de dégustations orchestrées pour la presse, chaque appellation présentera les réponses de ses sols et de ses cépages à ce millésime hors-norme.

Ce sera aussi l’occasion de distinguer plus précisément les crus du Languedoc, dont les revendications auprès de l’INAO pour des reconnaissances spécifiques à chaque terroir semblent sortir renforcées de leurs réponses propres aux conditions posées par la nature en 2014. De Faugères, la splendide schisteuse, à Pinet pour l’excellence de son Piquepoul en blanc en passant par Limoux, les Corbières, le Minervois, Saint-Chinian, le Pic Saint-Loup ou les Terrasses du Larzac (et tant d’autres encore, en rouge, en rosé et en blanc), la famille Languedoc pourra démontrer la multitude de ses talents sur un millésime marqué par la fraîcheur.

Rendez-vous au jour le jour : « Terre de Vins » vous fera part de ses impressions et de ses coups de cœur sur chaque terroir. Voir aussi : www.millesimelanguedoc.com

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En préambule, avant de goûter à ces primeurs (car depuis l’année dernière sont proposés aussi quelques échantillons de la dernière campagne) et autres jeunes cuvées, l’interprofession via les commentaires de Jean-Philippe Granier du syndicat des Coteaux du Languedoc (photo ci-dessus), proposait ce dimanche soir, une verticale exceptionnelle. De 1996 à 2006, les vignerons languedociens ont sorti de leur réserve personnelle, de quoi voyager dans le temps. Trente quatre cuvées, avec bien sur des réussites variées, pour raconter les grandes transformations du vignobles, les aléas météo de chaque millésime, les évolutions des pratiques à la vigne comme au chai.

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Voilà quelques moment d’émotions :

1996. Mas Jullien : un magnum tout nu sans étiquette mais qui marquera les mémoires, sans doute, en rouge, le vin le plus net et le plus envoûtant de la soirée. Limpide, avec un premier nez où se dispute la framboise, le cuir, la prune rouge en confiture. Bel équilibre frais (le millésime le fut, avec vent et soleil), des tanins fins et une palette sans cesse évolutive sans se départir de son fruit. Ayant gardé mon verre pendant les trois heures qui ont suivi, j’ai puis y respirer le café, la menthe séchée, le sous-bois. C’était une merveille (photo d’ouverture)

1998. Simon de Clos Marie : plutôt ferme avec une matière en dentelle, le vin est resté sur son élégance, se souvenant encore des garrigues du Pic saint loup et des petits fruits sauvages. Il est remarquable par son toucher de tanins soyeux et sa très longue finale.
Dans le même millésime, Clos des Cistes de Peyre Rose : on retrouve la pâte maison, très sauvage, gibier, avec une somptueuse robe sombre à reflets acajou. De la gourmandise en attaque, puis du tonus porté par une remarquable finale minérale.

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2001. Mas Bruguière et sa cuvée Grenadière avec son nez précis tout en arbouse bien mûre et framboise compotées se fait terrien en bouche. Des saveurs de racines, de café, de la tenue. Le reflet d’une météo clémente et de raisins parfaits. Le 2004, respirant la myrtille, le cuir et le noyau, aérien en bouche, était aussi remarquable.

2003. Château de L’Engarran : la canicule a été mieux supportée par les vieilles vignes et à Saint Georges d’Orques, les réserves naturelles du sous sol ont joué à plein leur rôle salvateur. Le nez de ce 2003, assez sauvage évolue vers le cuir, la griotte puis le guignolet. Attaque soyeuse, palais racé, savoureux et minéral laissent la place à une finale terrienne. Fraîcheur et plaisir sont au rendez-vous.

2004. Montclamès : un nez en majesté, fruits noirs et rouges, attaque tendre et suave, au palais cuir frais, épices, des tanins fins et élégants, quelle longueur !

2005. Cave du Castelbarry (ex Montpeyroux) : havane et humus, un bouquet viril où pointent l’encaustique. Caractérisé par sa netteté, sa fraicheur et une finale déployant les épices.

2005 encore avec La Boda du domaine d’Aupilhac
, mariage de deux terroirs de Montpeyroux, une acidité juste, salivante, beaucoup de fruits noirs, de cuir et d’épices. Belle minéralité accompagnant une dégustation dynamique.

La surprise :
Pour terminer, ou ouvrir d’autres horizons, deux blancs exceptionnels ont ravi l’assistance. Les Lunes du domaine Le Conte des Floris ont éclairé sur le potentiel de garde des Languedoc blancs. Lune Rousse 2002, une roussanne toute en miel de bruyère et tilleul, rafraîchissante à souhait. Lune Blanche 2002 (en magnum), ses 70% de Carignan blanc à la somptueuse robe dorée, aux saveurs de figue blanche et de miel, à la fois suave et net, a inspiré gourmets et sommeliers. Une révélation ?

Anne Serres et Sylvie Tonnaire

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