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Caroline Bellavoine : un visage de la Bourgogne d’aujourd’hui

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

16.06.2017

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A l’occasion de la dernière édition de la dégustation « femmes et vins de Bourgogne » au restaurant les Climats à Paris, nous avons pu déguster la gamme de cette vigneronne discrète mais bien de son temps.

Certaines sont des stars (Anne Gros, Cécile Tremblay), d’autres sont plus discrètes. Elles, ce sont les vigneronnes regroupées au sein de l’association « femmes et vins de Bourgogne » (FEVB). Un regroupement de femmes qui produisent de grands vins, mis en lumière une fois par an lors d’une dégustation de haute volée. Parmi elles se trouve une femme humble, quelque peu timide, dont le parcours est tout à fait admirable. C’est en 2003 que Caroline Bellavoine décide de créer son domaine à l’extrême sud de la côte de Beaune, à Saint Sernin du Plain. Une aventure qui commence avec 9 hectares qu’elle va analyser, appréhender au fil des mois. Certaines parcelles vont ainsi être vendues, d’autres vont être « renouvelées » comme elle qualifie les nombreuses replantations qu’elle va mettre en œuvre. Car elle aime être dans ses vignes, les travailler, les suivre. La sincérité des jus qu’elle produit est proportionnelle à son investissement quotidien. Un quotidien d’ailleurs parfois compliqué dans un monde bourguignon encore parfois mû par des réactions d’un autre âge, notamment sur la capacité d’une femme à mener son propre domaine. C’est pour pouvoir échanger avec des consœurs par essence ouvertes à son projet, et non une volonté d’être identifiée comme une femme faisant du vin, qui va la pousser à adhérer à FEVB en 2010. L’une des dernières adhésions.

De superbes rapports qualité-prix

Les grands domaines se jugent notamment à leur capacité à produire de très intéressantes entrées de gamme. Au sein de FEVB, le Bourgogne rouge 2015 d’Anne Gros est d’un fruit rouge croquant à souhait. Celui de Nadine Gublin (Bourgogne pinot noir Labruyère Prieur 2015) au domaine Jacques Prieur est profond et équilibré. Eh bien celui de Caroline est d’une incroyable délicatesse et doté d’une persistance aromatique fort appréciable. A 9,5€, c’est le vin idéal pour découvrir la magie des pinots noirs de Bourgogne. Son aligoté 2015 (7,5€) s’affirme également comme un modèle du genre, bien mûr, ample en bouche avec une légère pointe exotique. Un travail d’orfèvre que l’on retrouve sur son Maranges 2015 (12,5€). Un village frontière avec la côte chalonnaise dont la réputation de vins tanniques, parfois austères, vole ici en éclat. Depuis le début, Caroline travaille cette cuvée pour en faire un vin parfaitement équilibré où les tannins ne dominent pas un fruit très net. Sur 2015, le nez est splendide, éclatant de fruits rouges. La mâche est suave mais sans dureté et la finale s’étire sur quelques notes épicées. Une réussite qui lui a permis de rentrer sur les cartes des vins de grands restaurants gastronomiques, notamment parisiens. En somme, la Bourgogne moderne, encore accessible. Alors si vous passez du côté de Chagny…