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Château Gaby, porte-bannière étoilé

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

12.06.2018

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Racheté en 2016 par l’entrepreneur américain Tom Sullivan et piloté d’une main experte par le directeur d’exploitation Damien Landouar, Château Gaby est une étoile montante de l’appellation Canon-Fronsac… qui a parié sur le bio.

Beaucoup le savent, les terroirs de l’appellation Fronsac (et de sa petite sœur Canon Fronsac) ont toujours fait partie des meilleurs de la rive droite du vignoble bordelais, et s’ils sont malheureusement souvent éclipsés par leurs voisins de Pomerol et Saint-Emilion, ils n’en produisent pas moins des vins qui méritent la plus grande attention, tant pour leur qualité que pour leur prix. Les amateurs pourront en faire directement l’expérience ce jeudi 14 mai lors de la Grande Dégustation Fronsac organisée par « Terre de Vins » à l’Intercontinental Bordeaux, en marge de Bordeaux Fête le Vin.

Parmi les châteaux qui seront présents à la dégustation figure Château Gaby. Un cas d’école intéressant : un vin dont la qualité ne cesse de progresser depuis plusieurs années, membre du club « Expression de Fronsac » qui réunit quelques-uns des plus beaux ambassadeurs de l’appellation, et qui s’illustre pourtant par une étonnante discrétion. Peut-être est-ce dû au fait que plus de 80% de sa production est destinée à l’export, en particulier vers les Etats-Unis ? Ou simplement au fait que, depuis vingt ans, l’exploitation a connu successivement trois propriétaires étrangers, le Britannique Antoine Khayat, le Canadien David Curl et, depuis 2016, l’Américain Tom Sullivan.

Originaire du Massachussetts mais vivant désormais en Floride, Tom Sullivan de Lumber Liquidators, le plus grand détaillant spécialisé dans le parquet en bois dur aux États-Unis. L’enseigne compte désormais plus de 200 magasins dans 46 états, avec plus de 750 employés. Une success story qui a permis à l’entrepreneur de réaliser l’un de ses rêves : investir dans le vin. « Ma première idée était de trouver un vignoble bio en Italie », nous expliquait-il lors de la semaine des Primeurs, à la faveur de l’une de ses visites dans ce Bordelais où il met un point d’honneur à venir plusieurs fois par an. « Bien sûr j’ai toujours aimé les vins de Bordeaux et j’avais visité la France quelques fois. Je suis venu dans la région et j’ai eu un énorme coup de cœur pour Château Gaby, dont je connaissais bien le propriétaire précédent. Nous avons trouvé un accord et j’ai repris la propriété, avec le souhait de poursuivre la démarche en agriculture biologique qu’il avait lui-même amorcée ».

La route du bio

Les 16 hectares de Château Gaby constituent la figure de proue d’un éventail de quatre propriétés sur lesquelles Tom Sullivan a pris la main : Château Du Parc en Saint-Emilion Grand Cru, Château Moya en Castillon-Côtes-de-Bordeaux et Château Auguste en appellation Bordeaux (situé dans l’Entre-deux-Mers). Ces quatre domaines sont soit convertis, soit en cours de conversion au bio, sous la direction de Damien Landouar, qui a été de toutes les évolutions depuis deux décennies. « En 1997, je peux vous dire que la propriété n’était pas en bon état, le château était délabré, il n’y avait que 6 hectares en production… mais le terroir était là », nous explique-t-il. « Avec de la patience, des efforts et les investissements des propriétaires successifs, le vignoble a repris de sa superbe, et nous avons commencé à travailler en bio dès 2006. A l’époque on me prenait un peu pour un fou, d’autant que je ne voulais pas demander la certification, mais je pense aujourd’hui que c’est une information importante pour le consommateur. Toute l’équipe est investie dans cette démarche, de la vigne au chai. Cela implique des risques, chaque millésime, chaque jour est différent, mais c’est ça qui est passionnant et stimulant sur le plan intellectuel ».

Damien Landouar ne se contente pas de suivre le chemin du bio, il continue d’expérimenter, en testant les effets de la musique dans les vignes comme dans le chai. « On travaille sur la mémoire de l’eau et les effets des vibrations sur l’immunité et la résistance aux maladies du bois. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions mais je tiens à explorer toutes les pistes possibles ». Toujours en quête de précision, Damien adapte ses vinifications et ses élevages (béton, cuve bois, barriques) à la nature de ses vins.

En bouteille, les résultats sont enthousiasmants.

Château Auguste 2015 (Bordeaux, bio, 10 €) est un superbe concentré de fruit, pur, ouvert, pimpant, expressif, avec de la gourmandise, du mordant et de la fraicheur. Un bordeaux « générique » comme on aimerait en voir plus souvent.

Château Du Parc 2015 (Saint-Emilion Grand Cru, 36 €), 80% merlot 20% cabernet franc, cassis et mûre, assez concentré, encore sur l’élevage, une certaine élégance… Pas la cuvée qui nous a le plus emballés mais un classicisme qui devrait avoir ses adeptes.

Château Moya 2012 (Castillon Côtes de Bordeaux, 18 €), 93% merlot, un nez séduisant sur une touche d’évolution, avec un côté fumé-viandé, du musc, une nuance de truffe. Des fruits sur la mûre sauvage. Une bouche droite, dense et nette, sanguine, vibrante, une belle persistance et de jolis amers en finale.

Château Gaby 2012 (Canon Fronsac, 26 €), 80% merlot, 10% cabernet franc, 10% cabernet sauvignon, 24mois d’élevage… Un nez qui annonce la cerise à l’eau de vie, très profond, camphré, réglissé, touche grillée. En bouche, une matière onctueuse mais tonique, des tanins racés et élégants, des notes poivrées et épicées. Un vin à bonne maturité qui n’attend que la table.

Retrouvez les vins de Château Gaby à notre Grande Dégustation Fronsac, le jeudi 14 juin à l’Intercontinental Bordeaux, de 18h à 21h.