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Jazz in Moulin-à-Vent : accord parfait entre vins et musique

Auteur

Pauline
Gonnet

Date

01.06.2017

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La troisième édition de Jazz in Moulin-à-Vent, pilotée par le Château du Moulin-à-Vent, s’est tenue ce samedi 28 mai, au château.

Place à la dégustation de 16h à 19h, avec la présence de dix domaines : le Château Bonnet, le Château des Gimarets, le Château des Jacques, le domaine du Granit, le domaine Louis Boillot et fils, le domaine du Moulin d’Eole, le domaine de Rochegrès (Albert Bichot), le domaine Richard Rottiers, le domaine Merlin, la maison Le Nid et enfin Thibaut Liger-Belair, sans oublier évidemment les vins du Château du Moulin-à-Vent, mis en avant par Brice Laffond, le directeur technique.

La dégustation : focus sur le Château du Moulin-à-Vent

Le domaine s’étend sur 37 hectares, et produit des cuvées parcellaires mais aussi des vins d’assemblage. Les rendements varient en fonction de la parcelle mais s’échelonnent globalement entre 20 et 35 hl/ha, mais l’ensemble des vignes du domaine est palissée et taillée en gobelet, sur un sol majoritairement granitique, bien que différent en fonction des parcelles.

Le Couvent des Thorins est composé d’un assemblage de plusieurs parcelles, et a pour vocation de montrer la capacité d’expression du gamay. Le nez est en effet à forte dominante poivrée, et les fruits rouges cohabitent avec les épices en bouche également sur cette cuvée dégustée en 2015, facile et agréable.

Le Château du Moulin-à-Vent se révèle plus charnu et déploie davantage de caractère : les arômes typiques du gamay en Moulin-à-Vent (épices, fruits rouges et notes florales de fleurs roses) se déroule autour d’une jolie structure tendue et équilibrée, le fruit est croquant et la bouche reste ronde : une jolie bouteille que l’on peut tout à fait apprécier sur un pigeon ou des viandes rouges avec quelques années de plus, et très représentative des caractéristiques organoleptiques de Moulin-à-Vent.

La cuvée de la Croix des Vérillats en 2014 a besoin de s’ouvrir un peu avant d’exprimer le potentiel de cette sélection parcellaire, issue d’un terroir granitique peu profonds et recouverts d’une couche sablonneuse, exposé plein est, et produisant des vins axés sur une expression ronde du fruit et des tanins soyeux.

Le Champ de Cour
, issu du plateau du même nom où les granits sont plus profonds que sur les Vérillats, donne un vin au profil plus élégant que le précédent, avec une minéralité qui lui confère une jolie finesse au nez, sans sacrifier la rondeur en bouche pour autant.

Enfin, Les Hauts de la Rochelle produisent l’un des vins « collection » du Château, au profil plus complexe et structuré que les précédents, du moins au nez avec des arômes de fruits noirs doublés de notes animales (pas de brets, juste animal !), et une finale amère qui vient relever une bouche réussissant à conserver sa fraîcheur et dotée d’une belle droiture.

Confirmations et découverte

Du côté des autres participants, le Château des Jacques ne déçoit pas. Alex Pipilis, le caviste du château (appartenant à la Maison Jadot) en Moulin-à-Vent, a mis en avant le Clos de Rochegrès en 2011, parcelle située à 350 mètres d’altitude et orientée est, dont les sols de granit à veines de quartz apporte une minéralité caractéristique. Dix mois de fûts (dont 50% de neufs) et 6 années plus tard, le nez complexe est porté par une matière bien présente en bouche, et sublimé par une jolie longueur. Mais c’est le Moulin-à-Vent La Roche en 2006 qui remportera ma préférence : 11 ans d’évolution sur cette parcelle donne un vin très élégant, tant au nez avec des arômes d’évolution et un fumé enchanteur qui se mêle aux arômes typiques de Moulin-à-Vent, et forcément un boisé encore mieux intégré, doublé d’une fraîcheur qui n’a pas bougé.

Coup de cœur confirmé pour le Château Bonnet, découvert lors de Bien Boire en Beaujolais et dégusté à nouveau, avec un Moulin-à-Vent 2015 qui reflète parfaitement l’intensité du millésime grâce à une matière indéniable et un nez complexe, allant des classiques épices à la mirabelle, en passant par une compotée de fruits noirs, tout en gardant une fraîcheur en bouche bienvenue. La matière est encore plus importante sur la cuvée « Vin de garde », pourtant en 2014, où l’extraction est plus évidente. Cuvée d’assemblage comme la précédente, celle-ci est élevée un an en fût et est éraflée à 70%, contrairement à l’autre qui l’est à hauteur de 50%. L’équilibre est un peu plus marqué, avec une tension et une fraîcheur qui équilibre la matière : une très jolie bouteille.

Valorisation de l’appellation Moulin-à-Vent

Au-delà de la simple découverte des vins produits sur l’appellation, et des différents millésimes, l’ambition de l’événement est presque plus politique. Jean-Jacques Parinet, l’homme à l’origine de cet événement et propriétaire du Château du Moulin-à-Vent (codirigé avec son fils Édouard) depuis 2009, estime qu’une telle manifestation a pour vocation « de fédérer le plus grand nombre de vignerons pour offrir une plus grande visibilité de l’appellation, et de promouvoir un terroir grâce à des initiatives parallèles à celles que peut proposer l’Interbeaujolais. Il est essentiel de créer puis d’entretenir une réelle dynamique sur chaque cru du Beaujolais, qui sont des entités à part entière et méritent d’être découvertes en tant que telles ».

Opération réussie pour Jean-Jacques Parinet : les participants ont pu non seulement découvrir de nouveaux domaines, voire même l’appellation, mais également passer une délicieuse soirée d’été, allongés dans l’herbe au crépuscule, au son du jazz manouche du Steve Reinhardt Quartet, et du jazz vocal en hommage à Billie Holiday de Corinne Sahraoui.

#JazzinMAV, ou la dolce vita beaujolaise…