Accueil Roussillon : 40 ans d’art contemporain au château de Jau

Roussillon : 40 ans d’art contemporain au château de Jau

Auteur

Idelette
Fritsch

Date

06.09.2017

Célèbre pour son « Jaja de Jau » designé par l’artiste Ben, le château de Jau situé à Cases-de-Pène dans les Pyrénées-Orientales, l’est aussi pour son Espace d’Art Contemporain. Pour fêter les 40 ans de ce lieu unique, un hommage est rendu au peintre Bernard Dufour, décédé l’été dernier.

La création inspire le monde viticole et le château de Jau. Depuis quarante ans, ce domaine familial des Pyrénées-Orientales, auteur du célèbre vin de copains « Le Jaja de Jau » dont l’étiquette a été signée par l’artiste Ben, impose sa propre vision de l’œnotourisme : la propriété familiale des Dauré acquise en 1974, fondée par les moines cisterciens de l’abbaye du col de Jau, intègre au milieu des vignes un restaurant éphémère (le grill du château de Jau, ouvert de juin à septembre) et un espace d’art contemporain, de 700 m2. Une incongruité, l’œuvre de Sabine Dauré qui a été pionnière de l’alliance entre art et vin en investissant une ancienne magnanerie pour y créer, il y a quarante ans, ce lieu.

Art, sexe et mort

« J’avais vu le musée d’art moderne Louisiana au Danemark, c’est ce qui a inspiré la formule du restaurant et du centre d’art contemporain, c’est-à-dire un espace présentant les œuvres de gens vivant et contestant un peu ce qui avait été fait avant eux », explique la grande dame de l’art qui a fait venir à Jau en quarante ans d’expositions estivales, Tàpies, Olivier Debré, Armand, César, Jules Olitski, Combas, Antonio Saura, Jean-Michel Meurice, etc.

Cet été, Sabine Dauré a choisi de montrer le travail de l’artiste Bernard Dufour, exposé une première fois à Jau en 1986. Quatre amis de ce peintre considéré comme l’un des artistes les plus aventureux de la seconde moitié du XXe siècle, y confrontent leurs regards sur son œuvre. Un choix audacieux qui sonne comme un hommage à l’heure du décès de Bernard Dufour, le 22 juillet 2016.

« Un cunnilingus, ça reste difficile à montrer, admet Sabine Dauré devant l’œuvre crûment sexuelle, autobiographique de Bernard Dufour. C’est comme « L’origine du monde » de Gustave Courbet, on sort tous d’un trou féminin jusqu’à preuve du contraire, mais il faut le courage d’un homme pour regarder cette vérité ».

Au château de Jau, l’œuvre à multiples facettes de Bernard Dufour a rencontré cet été, un vif succès : 7000 visiteurs se sont pressés devant ces grandes toiles empruntant à un riche répertoire, avant de prendre place au restaurant, le Grill de Jau, sous l’ombre du séculier mûrier. Preuve que les choix de la famille Dauré, continuent de faire mouche.

Bulle festive

Côté vin, c’est le fils Simon Dauré qui laisse s’exprimer sa créativité avec une nouvelle cuvée innovante, commercialisée dans quelques mois : le « Sparkling Jau », un muscat très léger (5 degrés, 90 grammes de sucre) conçu dans l’esprit d’un Moscato d’Asti, mais défini comme un « moult parcellement fermenté et gazéifié » selon la nomenclature douanière. « Je voulais explorer de nouvelles voies pour les muscats. J’ai voulu faire un vin pétillant italien mais en modifiant les équilibres pour obtenir moins de sucres et une bulle fine et persistante », explique Simon Dauré. Édité à 3000 bouteilles l’an passé, le millésime 2017 sera commercialisé fin octobre à raison de 50 000 bouteilles.