Accueil IGP Méditerranée : 20 ans et la vie en rose

IGP Méditerranée : 20 ans et la vie en rose

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

28.08.2019

Partager

Les vins de Méditerranée fêtent cette année les 20 ans de la dénomination, en plein essor grâce au succès du rosé. Retour sur une belle aventure collective.

20 ans et que « du bonheur ! », lance Jean-Louis Piton, président fondateur de la fédération InterMed, l’organisme de défense et de gestion de l’IGP Méditerranée à l’occasion du vingtième anniversaire de l’appellation. « Nous n’avions en 1999 qu’une idée de partage que nous avons semée et qui a magnifiquement germé. » Il s’agissait alors de proposer au marché une dénomination d’assemblage en vin de pays produite à partir d’un bassin d’approvisionnement étendu de la vallée du Rhône à la Provence en passant par l’Ardèche (et la Corse en 2002).
L’idée d’une poignée d’opérateurs du Conseil économique des vins du Sud-Est (Cevise) accouche d’abord d’une appellation baptisée Portes de la Méditerranée, « afin de ne pas s’approprier au départ le seul mot Mediterranée et parce que cela correspondait à une vision régionale » explique François Boschi alors directeur de Cellier des Dauphins, qui voulait faire référence aux portes du soleil annoncées sur l’autoroute au sud de Valence. « Le défi était d’être capable de trouver un lien entre les structures coopératives qui avaient l’habitude de se rencontrer et d’échanger avec beaucoup de complémentarités, se rappelle Denis Roume, premier président d’InterVins Sud-Est.
En revanche, rester sur les petites dénominations de zones – 24 à l’époque – aurait poser problème pour répondre à des marchés importants et pour aborder l’export, d’autant plus que leur santé était très hétéroclite. Les metteurs en marché avaient besoin d’une sécurité d’approvisionnement, d’où l’importance d’une base commune ».  La production a avoisiné les 100 000 hl jusqu’en 2003 (alors majoritairement en rouge) avant de doubler à partir de 2004 et de dépasser les 500 000 hl à partir de 2014, même si elle reste en dents de scie (90% des producteurs sont mixtes AOP- IGP). Elle devrait sans doute atteindre 700 000 hl en 2018 avec un objectif de franchir la barre du million d’hl d’ici 2-3 ans.

Une légitimé progressive en rosé

En 2009, à la réécriture des décrets, la dénomination devient IGP Mediterranée. « Il n’y a eu aucun recours, à l’époque, de l’Espagne et de l’Italie donc le nom a été validé. Tous les pays européens peuvent l’utiliser sur d’autres productions dans leur langue mais le nom Méditerranée, en français ou en anglais, est réservé à notre IGP » précise Axelle Fichtner, directrice d’InterMed. « Au départ, on est parti sur les trois couleurs en se disant « on verra ce que le marché construira ». 20 ans après, Méditerranée est surtout devenu légitime avec le rosé et a ouvert les portes » reconnaît Jean-Louis Piton.
Aujourd’hui, la couleur pèse 70% de la commercialisation (40% en 2015) contre 20% pour les rouges et 10% pour les blancs. « Nous surfons sur la couleur dans le sillage des rosés de Provence mais nos vins n’ont pas vocation à être des petits côtes-de-Provence ; nous misons sur un marché plus large », estime Roger Ravoire, président d’InterVins Sud-Est. Face à la flambée des cours des côtes-de-provence cette année, le cours moyen du rosé Méd sur le marché du vrac a fait un bond jusqu’à 120 €/hl, bien au-dessus des rouges autour des 90 €.


(Photo F.Hermine)

Affirmer davantage l’identité

Aujourd’hui, le Vaucluse reste le principal contributeur devant les Bouches-du-Rhône, la Drôme et l’Ardèche. L’IGP Méditerranée représente 12% des volumes des IGP rosés vendus en GMS, au deuxième rang derrière l’IGP Sable-de-Camargue. Selon l’étude de Wine Intelligence, elle est naturellement associée à la région Sud, au soleil, aux vacances, au rosé, à des vins frais et fruités ; elle bénéficie d’une notoriété relativement faible (31% en notoriété assistée) mais d’une image conviviale et plutôt positive.
« Il nous reste à affirmer encore davantage notre identité et à mettre au point notre stratégie pour les années à venir tout en s’attachant à la défense du nom qui représente à l’heure actuelle 30% de notre temps et du budget », affirme Thierry Icard, président d’InterMed. Parmi les pistes de développement, la diversification des couleurs (y compris en bulles autorisée depuis 2017), des contenants (89 % des ventes des rosés IGP Méditerranée en grande distribution sont en BIB® avec une sur-représentation en hard discount mais ne pèse que 8% de l’offre IGP globale), augmenter la notoriété en restauration et les ventes à l’export.


Marine Gayrard et Axelle Fichtner, respectivement responsables d’InterVins Sud-Est et d’InterMed, Joël Reynaud, président de la dénomination Vaucluse, Thierry Icard, président d’InterMed, Jean-Claude Pellegrin, président de l’IGP Pays des Bouches-du-Rhône et Roger Ravoire, président d’InterVins Sud-Est (photo DR)