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La vallée du Rhône croit en ses crus

Crus Rhône Septentrionaux - Beaumes de Venise ©F. Hermine

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

21.11.2023

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Au nombre de 8 au Nord, 9 au Sud, les crus des Côtes-du-Rhône sont mis en lumière collectivement depuis l’an dernier par Inter Rhône avec un focus supplémentaire sur les blancs.

« Les 17 crus des Côtes-du-Rhône*, vecteurs d’image et de valorisation, sont une famille qui grandit, le dernier entrant étant Cairanne en 2016, Gigondas a gagné le blanc en 2022 et Laudun est dans les tuyaux », rappelle en préambule le président d’Inter Rhône fraîchement réélu, Philippe Pellaton. Au lieu de persévérer dans une communication tronçonnée par appellation, l’interprofession a pris l’an dernier le virage vers un message global plus fédérateur, en France comme à l’international. Cette deuxième édition d’une manifestation parisienne collective s’est déroulée sous les feux des projecteurs du Studio Harcourt dans le 16e arrondissement de la capitale. Chaque cru, les septentrionaux au premier étage, les méridionaux au deuxième, proposait aux prescripteurs (presse, cavistes, sommeliers) une dégustation commentée de 5 ou 6 cuvées par les opérateurs volontaires. Un bref aperçu de la production qui concerne 647 caves particulières, 24 coopératives et 208 maisons de négoce et union de producteurs. 

Une catégorie en bonne santé
Tous les crus sont à la hausse, en surfaces comme en volumes avec un satisfecit particulier pour les septentrionaux à +8% en sorties de chais. Ces derniers représentent 6% des volumes de la récolte 2022 (de 2,6 M hl), soit 157 429 hl produits sur 4273 ha ; ceux du Sud pèsent 9% du total, soit 235 500 hl sur 7789 ha. La production y est majoritairement rouge à 87% (vs 76% pour l’ensemble rhodanien) contre 6% de rosés uniquement au Sud et 7% en blancs, ces derniers tendant à progresser. Après Cairanne et Gigondas, Vinsobres et Rasteau aimeraient également blanchir leurs vins, un dossier « en gestation avancée », tout comme Beaumes-de-Venise en sec. « Mieux vaut pousser la diversité pour ne pas garder les deux pieds dans le même sabot, surtout par ces temps difficiles de déconsommation des rouges, estime Philippe Pellaton. Aujourd’hui, on revient à une logique bicolore, le rosé ayant plus de mal à exister en cru, sauf Tavel bien sûr ». Quelques-uns s’affichent en trois couleurs (Vacqueyras, Lirac, Gigondas, Muscat de Beaumes-de-Venise), Crozes-Hermitage, Hermitage, Saint-Joseph et Cairanne revendiquent rouges et blancs, Tavel uniquement les rosés, mais une majorité des crus sont toujours en monochrome rouge, une tendance accentuée par l'Inao pour qui prime la reconnaissance de l’existant. 

Faire progresser les blancs
« Quand elle n’est pas dans l’AOP, une couleur peut disparaître au fil des années, les producteurs craignant parfois de se disperser. D’où l’importance de conserver des parcelles ‘reliques’ en Côtes-du-Rhône Villages qui permettent de légitimer un savoir-faire. Mais le blanc n’est pas bon partout. Si dans le Rhône septentrional, marsanne et roussanne sont à peu près calés, dans le vignoble méridional, on en est encore au transfert de compétences et à se demander si on choisit un ou plusieurs cépages même si Inter Rhône pousse plutôt aux assemblages ». Et Philippe Pellaton de mettre en garde de ne pas succomber aux sirènes des cépages à la mode comme viognier et roussanne pas forcément adaptés à tous les terroirs méridionaux. Néanmoins, l’Interprofession a décidé de soutenir fortement les blancs de la vallée du Rhône avec des investissements dans une communication dédiée (600 000€ par an pendant quatre ans) afin de doubler leurs part volumes d’ici 2031. La couleur représente 17% de la production en Rhône Nord avec notamment des appellations « blanches » comme Condrieu, Château Grillet et Saint-Péray, et seulement 5% dans les crus du Sud. « Le passage en cru est une procédure longue sur au moins 10-15 ans, souvent un projet générationnel. Il implique déjà un certain renoncement en termes de rendements et de surfaces, et des contraintes techniques, il ne faut donc pas se tromper d’encépagement ». Une mobilisation forte est également indispensable. La procédure de l’Inao a d’ailleurs évolué vers une réflexion préalable sur les délimitations parcellaires, sujet sensible réfléchi en début de parcours, avant que le groupe de vignerons constitué ne travaille sur le reste du dossier. 

*Crus septentrionaux : Côte Rôtie, Condrieu, Château-Grillet, Saint-Joseph, Hermitage, Crozes-Hermitage, Cornas, Saint-Péray
Crus méridionaux : Beaumes-de-Venise, Cairanne, Gigondas, Lirac, Rasteau, Tavel, Vacqueyras, Vinsobres, et en Vin Doux Naturel, Muscat de Beaumes-de-Venise et Rasteau  (et Châteauneuf du Pape hors Inter Rhône)