[Périgord Attitude] Ambiance & Découvertes

Ce jeudi 12 juin, Terre de Vins organisait la deuxième édition de Périgord Attitude. Un afterwork qui permet au grand public de découvrir les produits de la Dordogne, en mettant l’accent sur la large gamme des vins des huit appellations viticoles de cette région singulière.

La soirée a débuté par une masterclass qui proposait de mettre l’accent sur 6 appellations en commentant la dégustation d’un vin chaque fois. De quoi se faire une idée de l’identité des vins de Bergerac et Duras et s'affranchir de la figure tutélaire de Bordeaux, hôte de la soirée.

Une masterclass en rouge et blanc

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Si on retrouve les cépages emblématiques et quasi incontournables : cabernet sauvignon, cabernet franc, merlot et malbec, ils s’expriment différemment pour donner des vins qui offrent une bonne buvabilité. Le cabernet sauvignon, qui donne sa structure à Bordeaux, se révèle ici sans le caractère variétal : la puissance est plus mesurée, elle est domestiquée et le caractère végétal se dissipe pour attraper la plupart du temps des notes de fruits rouges qui confèrent de la séduction et de la souplesse (Château Pecany 2022 « Grande cuvée » 99 % cabernet sauvignon). Pourtant l’ouest du terroir de Bergerac (Montravel) tutoie le socle calcaire du Saint Emilion. Or, en jouant habilement sur des proportions d’assemblages on atténue le côté charpenté en dosant notamment le malbec qui tient dans la région une place de choix. Les vins rouges d’avèrent donc souvent charmeurs à des prix attractifs, ils offrent aussi un joli volume sans céder sur la jutosité (Château le Castelot, Château la Jaubertie).

Les dégustations proposées ont permis de découvrir des vins blancs originaux, à l’identité bien affirmée qui n’ont rien à voir souvent avec ceux de Bordeaux. C’est le cas des vins de l’AOC Duras.  Le Domaine Mauro Guicheney propose une cuvée « mille petits gestes » 2022 : un assemblage 90 % sauvignon gris, et 10 % chenin, colombard, ugni blanc, élevé en amphore. Le cahier des charges de l’AOC permet manifestement la créativité : une manière pour ses viticulteurs de se démarquer en créant des produits originaux. Et ce vin haut de gamme en est un. Tout comme le Château la Ressaudie « réserve » Montravel sec 2021 taillé pour la gastronomie.

Parfois la qualité relève aussi de la typicité de quoi inspirer les viticulteurs dans leurs revendications...

Un projet de création de DGC

Pierre-Henri Cougnaud, le directeur de l’interprofession des vins de Bergerac et Duras explique : « Notre problème est de mieux identifier des rouges de haute expression. On a du mal à positionner les rouges en Côtes de Bergerac et la solution serait de créer une notion de cru ». Ainsi quatre DGC (Dénomination Géographique Complémentaire) seraient créées, comme Côtes de Bergerac « Issigeac » par exemple. On voit bien que l’exercice est délicat car, pour certains, le risque est de multiplier les dénominations, de complexifier la lisibilité et donc de perdre finalement le consommateur. Mais côtes de Bergerac ne disparaitraît pas : une mention complémentaire serait juste apposée pour certains secteurs (villages), au risque de créer des tensions au sein de la famille des viticulteurs. Un risque calculé.

Des liquoreux qui n’ont pas à rougir

Monbazillac tenait bien son étendard lors de cette soirée. Sylvie Alem, Vice-Présidente de la cave de Monbazillac se réjouissait de « voir de plus en plus de jeunes consommer des vins doux ou liquoreux, à tous les moments de l’année ». Un signe du renouveau de ces vins qui ont souffert il y a peu d’une disgrâce et qui atteste que le produit est adapté aux moments festifs. Et comment ne pas s’émerveiller devant un vin magistral présenté en master class : la cuvée « Picata » 2015 du château Poulvère : un moment de grâce. 50 % sémillon, 25 % muscadelle et 25 % Sauvignon. Nez miellé, ananas rôti, note fumée, abricot sec. Bouche ronde, de l’élégance, du volume mais un bel équilibre entre liqueur et fraîcheur. Fines notes de pamplemousse et de bergamote en finale. A noter que les vins du Bergeracois font la part belle à la muscadelle. Si Bordeaux semble l’abandonner, Bergerac la met à l’honneur : un cépage qui participe à la personnalisation des vins, tant en sec qu’en liquoreux.

Si l’on souhaite des vins doux plus léger et facile, on ira à Saussignac ou Sigoules.

La soirée se voulait festive et gourmande et cette gourmandise se trouvait dans le verre mais aussi dans l’assiette. Des producteurs de noix, de canard et de foie gras faisaient déguster leur production. Un verre à la main, les visiteurs ont pu terminer la soirée, animée par un orchestre sur la terrasse du Hangar 14 qui domine la Garonne. Si le lieu était enchanteur, les vins de Bergerac et Duras ont largement contribué à la fête.

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