Accueil [Cinéma] « Wine Calling », hymne au vin nature… et à la vie

[Cinéma] « Wine Calling », hymne au vin nature… et à la vie

Auteur

Jean-Charles
Chapuzet

Date

12.10.2018

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Le film, Wine Calling, qui sort sur les écrans le 17 octobre n’est pas un documentaire sur le vin mais sur la vie. Bruno Sauvard a suivi des vignerons qui s’engagent dans le bio et plus encore le « nature ».

« Bien plus qu’un vin bio, c’est un vin d’émotion et de réaction, un vin qu’aucun label ne régit, un vin libre », prévient-on dans le synopsis. Le titre est déjà évocateur, au carrefour de The Clash et de Ken Loach avec « Le vent se lève », en somme du rock et de la résistance. Les acteurs vignerons sont du Languedoc-Roussillon – une région que connaît bien le réalisateur – et s’appellent Laurence Manya Krief du Domaine Yoyo, Olivier Cros et Sylvain Respaut de la Cave Apicole, Stéphane Morin du Domaine Léonine, Jean-Sébastien Gioan du Domaine Potron Minet, Jean-François Nicq des Foulard Rouges, Céline et Michaël Georget du Temps Retrouvé et Loïc Roure du Domaine du Possible. Ce dernier nom évoque parfaitement l’esprit du film où cette bande de vignerons prend ses rêves pour une réalité et il faut admettre que ça fait du bien. Bien sûr, les verres qui s’entrechoquent, les chiens qui remuent la queue et les levers de soleil ne cachent pas la rudesse du métier et les difficultés commerciales. Ils ne lavent non plus certains vignerons dont les vins natures sont imbuvables. Mais, il en ressort un choix de vie qui met à l’encan les industriels qui sacrifient trop souvent le vin sur l’autel de la vénalité.

Ce film accompagne en cela la révolution – dans toutes ses nuances – qui s’opère dans le monde du vin depuis une vingtaine d’années. Sans doute à l’excès dans ce film et alors ? En cela, Bruno Sauvard nous partage une ambiance plus qu’un regard technique. « Le vin nature reste un prétexte pour parler politique : s’affranchir de règles qui ne conviennent plus, aider celui qui est en galère ou encore accepter que la réussite de vie ne soit pas conditionnée à des revenus mais bien à des humains, explique-t-il. Ces gens font la démonstration que ce choix de vie fonctionne, qu’ils sont justes et honnêtes dans leur démarche et qu’ils en vivent, sans pour autant être gourmands ». Non loin du réalisateur se trouve le Manifeste pour le vin naturel d’Antonin Iommi-Amunategui où l’on peut lire : « Le vin nature est l’émanation d’une contre-culture dans l’agriculture, qui s’impose dans le paysage, y compris médiatique, sans autre violence qu’un ou deux cadavres de bouteille. Mais selon nous, les défenseurs, leurs prescripteurs, ces vins figurent (surtout) un modèle, à reproduire partout : dans l’agriculture en général, bien sûr, mais aussi dans tout acte de production ». Dont acte. C’est toute une philosophie et il n’est jamais inutile de rappeler qu’il y a une vive différence entre réussir dans la vie et réussir sa vie.

On l’aura compris, ce film est un plaidoyer pour les chemins de traverse. Sans oublier que certains vins natures peuvent standariser un goût barré, il faut apprécier ces 90 minutes pour ses paysages, ses trognes, ses musiques – un peu trop – et les vivre comme une belle histoire qui rappelle le Glaude et le Bombé s’exilant vers Oxo pour un monde meilleur. Ici, en toile de fond, c’est la vigne et le vin où les vignerons montrent un certain bon sens si ce n’est un simple retour à une viticulture normale – et qui peut être lucrative.

Reste à trouver des pop-corn bio et ça existe.