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[PRIMEURS] Les coups de cœur du jour de « Terre de Vins »

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

05.04.2017

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L’équipe de dégustation de « Terre de Vins » se déploie dans le vignoble bordelais pendant toute la Semaine des Primeurs. Tous les commentaires de dégustation seront à découvrir dans le numéro de mai-juin mais voici les coups de cœur du jour, en avant-première.

Laure Goy
Château Smith Haut-Lafitte, Pessac-Léognan, Grand cru classé de Graves

Un nez bien poivré et un fruit intact, intense, mûr juste comme il faut, on marque un temps d’arrêt en plongeant le nez dans le verre. La profondeur de champ de ce millésime 2016 élaboré par l’équipe technique de Fabien Teitgen, sur le plateau des graves classés de Smith Haut-Lafitte à Martillac, interpelle. Avec un assemblage plus élevé cette année en cabernet sauvignon (65%, le solde en merlot additionné d’une pointe de cabernet franc et de petit verdot), rien ne s’était pourtant, pour ce vin, déroulé comme prévu, comme partout ailleurs à Bordeaux. « Il y a eu des risques de gel au printemps, trop d’eau en juin, une sécheresse forte en juillet-août, mais septembre a été une aubaine avec son temps doux et les millimètres de pluie nécessaires à une pleine maturité », se souvient le directeur de la propriété de la famille Cathiard. « Heureusement, les vignes ont une moyenne d’âge élevée ici, elles étaient bien enracinées. Après la fleur qui s’est très bien passée, elles ont su trouver leur eau, dans les nappes phréatiques remplies et ont livré des pépins mûrs dès le 15 septembre. La météo a ensuite permis de faire mûrir les peaux des raisins ». Le grand soin à la vigne, la précision de récolte et de vinification et la volonté de ne pas sur-extraire à la cave mais bien de rester au plus près de la matière naturelle, donnent un résultat longiligne tout en délicatesse : le toucher de bouche est soyeux, la matière onctueuse, les tanins nombreux mais très fins, et la fraîcheur épicée en finale rendent ce vin déjà accessible, et lui promettent un grand avenir dans le temps avec de la patience et une décennie en cave.


Jean-Charles Chapuzet
Clos des Quatre Vents (Margaux)

Nez vif et puissant sur le cassis frais que l’on presse dans sa main. Une bouche intensément fruitée et digeste qui annonce un vin d’une grande buvabilité, sensation de dilution qui n’empêche pas les tannins d’être au rendez-vous avec une finale délicatement toastée. Une pépite margalaise.

Jean-Michel Brouard
Château Branas Grand Poujeaux (Moulis)

Voilà un Moulis droit dans ses bottes qui exprime des arômes de fruits noirs nets. Sa chair est déjà impressionnante de densité quoique encore un peu virile mais la fin d’élevage révélera cette jolie réussite.

Mathieu Doumenge
Château Fonroque, Saint-Emilion, Grand Cru Classé

Beaucoup de réussites cette année du côté de Saint-Emilion et il est toujours difficile d’en piocher une seule. Selon moi, ceux qui ont vraiment tiré leur épingle du jeu sont ceux qui n’ont pas trop poussé sur l’accélérateur des maturités ou des extractions et ont compris que le profil du millésime se devait d’être frais et tendu, tout en étant mûr. C’est le cas d’Alain Moueix, qui signe un Fonroque de toute beauté. Nez délicat, subtil, floral. Une bouche al dente, comme une bille de fruit intense et salée, des épices, un jus corsé, de la tension, de l’allonge. Une parfaite illustration de ce qu’il fallait faire en 2016. Bravo.