Accueil Dégustation Si si, le Sauternes, ça se boit même en été

Si si, le Sauternes, ça se boit même en été

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

29.07.2018

Partager

C’est l’un des plus impressionnants joyaux de la viticulture française. Pourtant, le Sauternes mais aussi le Barsac ne sont que trop rarement consommés. Quelques idées pour y remédier, dès cet été.

Oui, c’est sucré. On ne va tout de même pas vous dire le contraire. Mais il n’existe pas un seul type de Sauternes et de Barsac. La diversité de ces vins à la rober dorée est immense et pourraient bien vous procurer des émotions nouvelles. A condition d’ouvrir les bouteilles ! Car de toute évidence, ces dernières restent le plus souvent au fin fond de la cave car, pauvres d’elles, leur longévité est presque infinie. Il ne presse jamais pour les déguster, semble-t-il. Mais cette tendance à la procrastination dessert évidemment beaucoup la région qui peine, du coup, à retrouver un second souffle chez les consommateurs. Pourtant, à l’heure de la bistronomie triomphante, des accords improbables, Sauternes et Barsac pourraient bien s’affirmer comme des agitateurs de papilles.

Il y en a pour tous les goûts

Prenez par exemple un château Lapinesse 2012. Sa liqueur, c’est-à-dire la sucrosité ressentie en bouche, est mesurée. Son nez très abricoté est d’un charme fou. On pourrait très bien le marier à une entrée autour du melon avec quelques carottes et, pourquoi pas des amandes fraîches. Une sensation de douceur absolue. Dans un style également tout en épure et ne misant pas sur une cavalerie de sucre, le château Bastor-Lamontagne 2010 (26€) est de ceux dont a envie de se creuser la tête pour leur trouver le plat parfait. Notes anisées, d’orange confite, d’épices mais aussi beaux amers en font le compagnon parfait pour un magnifique stilton fromage bleu anglais à tomber. Avec, évidemment, quelques cerneaux de noix fraîche en sus. Dans une version plus costaude, dense, complexe, le château de Malle 2012 est une ode au botrytis. Le nez est superbe, s’articulant autour du cédrat confit, des fleurs et du miel. Une grande droiture, portée ici encore par une belle acidité. Un appel à la cuisine thaïe, chinoise ou indienne, bien épicée si possible et remplie d’herbes aromatiques. Un ballet en parfaite harmonie des plus surprenants. Mais finalement, il est midi, les invités vont arriver. Le poulet est au four, les frites sont en train de dorer dans leur second bain (vous êtes un expert de la chose). Eh bien, ouvrez ce Sauternes ou ce Barsac auquel vous ne pensiez plus. Avec la peau bien dorée et caramélisée du volatile et la touche de sel et de gras sur cet amidon triomphant, le nirvana gustatif est certainement à portée de col. Qui l’eût crû ?