Accueil Ruinart, Salon et Taittinger : le chardonnay roi sur le millésime 2007

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

23.10.2018

Partager

Les trois maisons champenoises ont présenté récemment leurs dernières cuvées haut-de-gamme millésimées, hissant fièrement 2007 parmi les très belles années de grands champagnes blancs.

Bien malin celui qui aurait pu annoncer que 2007 donnerait de très belles cuvées de blanc de blancs millésimées. Car le climat fut pour le moins atypique avec un hiver très doux et pluvieux. Point de gel à l’époque au printemps mais l’inquiétude fut réelle sur juillet et août, gris et pluvieux. Mais comme souvent, les caprices de la météo cessèrent fin août et permirent d’obtenir une belle maturité des chardonnays. Pinots noirs et meuniers n’ont pas réellement atteint le même niveau qualitatif. Plus d’une dizaine d’années plus tard, c’est donc sans surprise que l’on découvre de grandes cuvées de chardonnay : Dom Ruinart 2007 (170 €), Salon 2007 (390€) et Comtes de Champagne 2007 (140€). Trois blancs de blancs millésimés aux personnalités pourtant bien différentes. Salon est évidemment fidèle à son ADN. Il se veut l’expression la plus pure d’un seul terroir grand cru, le Mesnil-sur-Oger. Chez Taittinger, les Comtes de Champagne sont davantage une ode à la Côte des Blancs dans son ensemble. Chacun des 5 villages classés en grand cru (Chouilly, Avize, Cramant, Mesnil-sur-Oger, Oger) y est unique. Chacun peut apporter son style. Ils sont donc tous présents dans l’assemblage final. Ruinart offre pour sa part une vision plus atypique en mariant une majorité de grands crus de la Côte des Blancs (75%) avec également des chardonnays en provenance de la Montagne de Reims, plus précisément de Sillery, seul village grand cru de cette région à dominante de raisins blancs.

Des dégustations mémorables

A grande cuvée, grands plats. Aucun de ces prestigieux champagnes ne saurait accompagner l’apéritif. La table est une évidence de par leur complexité et leur profondeur. Caviar, huîtres, ceviche de dorade, langoustines sont autant de mets qui seront sublimés par ces trois vins. Tous en effet en commun une très grande fraîcheur, exhalant des notes d’agrumes précises. Les fleurs s’invitent au nez pour les Comtes de Champagne et Dom Ruinart quand Salon, de son côté, laisse percevoir des notes d’herbes fraîches et de pomme granny. Si le premier impose ensuite sa suavité et sa sensualité en bouche, ses deux comparses s’orientent plus sensiblement vers une impression crayeuse. Mais chaque fois, l’acidité intégrée guide ces champagnes vers une finale toute en majesté, parfois d’une gourmandise miellée, marqueur charme du Dom Ruinart.

Ce dernier méritait un écrin tout particulier pour sa présentation aux amis de la maison. Pendant 5 jours, la maison éphémère 1729 à Paris a permis aux inconditionnels de cette cuvée de la découvrir. Une pépite viticole entourée, pour l’occasion, des pépites artistiques issues des nombreuses collaborations initiées depuis près de 10 ans avec des artistes de renom. Le travail de camouflage du chinois Liu Bolin y est célébré, aux côtés d’œuvres de Jaume Plensa, Erwin Olaf et Hubert le Gall. Une étape incontournable pendant la Foire Internationale d’Art Contemporain (FIAC) qui a battu son plein jusqu’à hier à quelques pas de là, au Grand Palais. Et si vous n’avez pu être de la partie, aucune inquiétude. Dom Ruinart 2007 comme Salon 2007 et les Comtes de Champagne devraient être étincelants sur les 10 prochaines années, voire beaucoup plus.