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Champagne : et Salon créa le 2004…

Auteur

Joëlle
W. Boisson

Date

05.07.2016

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Champagne rarissime (il n’existe que dans les grandes années), Salon met en marché son 2004, un champagne bâti pour vieillir plus de 20 ans. La star a un prix : 360 €. L’occasion de (re-découvrir sa maison-sœur Delamotte, dans un rapport de 1 à 10.

Chez Salon, la sortie d’un nouveau millésime est toujours un événement. Et pour cause : ce champagne mythique n’est produit que les grandes années, 37 fois très précisément en 100 ans, et 2004 est le deuxième millésime du XXIe siècle (le premier étant 2002). C’est dire si le flacon était attendu par les afficionados !

Chez Salon, aucun vin ne sort avant 8 à 10 ans de cave, et ce n’est que le début d’une longue carrière. « Même les œnologues ou les plus grands sommeliers n’expliquent pas pourquoi les vins de Salon restent si frais et si éclatants après 20, 30, 40 années de garde », constate Didier Depond, président des champagnes Salon-Delamotte.

Salon est un cas à part en Champagne. Il est produit à partir d’un seul cépage (le chardonnay), un seul village (10 ha – 20 parcelles très bien situées sur le grand cru Mesnil s/Oger) et un seul millésime. Un cas unique dans la tradition champenoise d’assemblage.

Salon 2004, année pléthorique, petit volume

En 2004, la Nature a produit en Champagne quantité et qualité, ce qui a conduit de nombreuses maisons à millésimer. Chez Salon, on a vu avec suspicion cette générosité des bourgeons, craignant que l’évolution climatique ne puisse mener toutes les grappes à maturité. Un luxe de précautions a été pris. « Nous avons réalisé deux vendanges en vert, ce n’était jamais arrivé », reconnaît Didier Depond. Résultat : sur la pléthorique année 2004, Salon a produit 42 000 bouteilles, soit 30 % de moins que sa production moyenne. Les Salon qui suivront (2006, 2007, 2008) ne sont pas prêts d’inverser la tendance. « C’est l’effet du réchauffement climatique, reprend le dirigeant. Des millésimes plus fréquents, mais en toute petite quantité ».

Pile Salon, face Delamotte

En conséquence, Salon doit aujourd’hui travailler au compte-gouttes une distribution tournée à 90 % vers l’export. « Je gère la rareté, je n’amplifie pas le phénomène, j’essaie de distribuer au mieux les volumes », affirme Didier Depond.
Dans sa manche, un atout nommé Delamotte. Car Salon a une maison-sœur, Delamotte, située de l’autre côté de la rue. 50 000 bouteilles produites (certaines années) chez l’une, 750 000 bouteilles annuellement chez l’autre. Des installations de pressurage communes et soin de vinification semblable, mais des approvisionnements différents. Delamotte s’approvisionne dans toute la côte des Blancs – y compris sur les 20 parcelles « Salon » dans les années non retenues pour le produire.
Pour les distributeurs, obtenir des allocations de Salon ne passe pas sans la commercialisation conjointe de champagne Delamotte ! Mais si elle est moins célèbre que sa diva de sœur, l’arbre ne doit pas cacher la forêt : Delamotte est une adresse qui ne décevra pas les amateurs des champagnes fins de la côte des blancs. La gamme va du brut (30 €) à des « Collection » (vieux millésimes remis en marché), avec un axe fort sur les blancs de blancs, millésimés ou non (40 – 50 €).

Que valent les nectars ?

Salon 2004 (360 €) est encore un vin très jeune. La robe est citron-lime, les bulles microscopiques, le cordon encore très fourni et continu après plusieurs minutes dans le verre. Le nez oscille entre le tisanier (feuilles de tilleul séché), la mer/le salin et le cédrat. Tout ceci est très sérieux, un tantinet austère. La bouche a une pureté de quartz, cristalline et nette, mais se prolongeant sur la longueur de manière très rectiligne. Voici une définition parfaite du minéral, et un vin qui n’en est qu’au tout début de sa carrière. Bar en croûte de sel.

Delamotte blanc de blancs non millésimé (44 €)
est un champagne très frais, direct et précis. La bulle est très pure, le vin s’ouvre par rideaux mentholés-citronnés-aromates sur une texture pure qui, à l’aération, s’arrondit de touches crémeuses. Voilà un champagne qui appelle un apéritif de gambas au citron-caviar, puis en s’aérant poursuivra volontiers sur une soupe japonaise ou un mi xao vietnamien.