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1855.com de déboire en déboire

Auteur

La
rédaction

Date

04.10.2013

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Plaintes qui s’accumulent, ventes aux enchères judiciaires de ses stocks de vins, rien ne va plus pour le groupe propriétaire du site de vente de vin en ligne 1855.com.

Depuis le 19 septembre, le groupe 1855, propriétaire notamment du site de vente de vin en ligne 1855.com a changé de nom. Il faut désormais l’appeler Héraclès. Ce changement était pour son président, Émeric Sauty de Chalon, « une nécessité, car le groupe possède aujourd’hui quatre marques distinctes. Chacune avec ses racines, ses perspectives et son autonomie de fonctionnement, et il n’y avait pas de justification à ce que l’une des marques soit plus mise en avant que les autres au niveau de la dénomination du groupe. »

« Ce changement est également une opportunité de dissocier la vie des marques (…) de la communication stratégique, financière et juridique d’un groupe coté en Bourse », ajoutait Émeric Sauty de Chalon qui précisait dans ce même communiqué : « nous avons choisi comme nom « Héraclès », car ce héros grec a vécu un grand nombre d’aventures, de difficultés et d’exploits, et que ses voyages aux allures d’épopée, raisonnent parfaitement avec celle que nous vivons dans l’univers du vin depuis la création de notre groupe en septembre 1995 ».

Le fait est que Héraclès-1855 réalise ces dernières années l’exploit de cumuler les mécontentements et les procédures à son encontre. À la fin du mois de juillet, 21 000 bouteilles lui appartenant et saisies dans un chai de stockage à Blanquefort en Gironde, ont été vendues aux enchères. Près de 500 000 euros ont été recueillis lors de cette vente, qui seront destinés au remboursement de clients plaignants.

Une autre vente aux enchères, plus modeste, s’est déroulée la semaine passée à Bordeaux, tandis qu’à Paris, une saisie de mobiliers de bureaux et de quelques bouteilles de vin a eu lieu dans les locaux du groupe, 10 rue des Moulins, et le produit de la saisie vendue aux enchères.

Redressement judiciaire

Avant d’en arriver là, des dizaines de procédures de clients qui avaient tous acquis du vin sur le site 1855.com ces dernières années et n’ont jamais été livrés, ont été traités par des tribunaux d’instance de toute la France. Une avocate Bordelaise, Hélène Poulou, concentre à elle seule les dossiers de près de trois cents clients mécontents. C’est à son initiative et au profit de ses clients que les deux saisies de vins donnant lieu à des ventes aux enchères ont été menées.

Aujourd’hui, La survie même de la SA 1855 est en jeu devant le tribunal de commerce de Paris. La question d’une éventuelle ouverture de procédure collective est en effet à l’étude suite à de nombreuses actions en redressement judiciaire formées par des créanciers, dont l’ Urssaf. Si la société ne s’acquitte pas du montant des créances réclamées le jour de l’audience, un dépôt de bilan pourrait être prononcé.

Après avoir été acquises par le groupe dirigé par Émeric Sauty de Chalon, les filiales de 1855, chateauonline.com ou caveprivee.com ont aussi petit à petit été mises en cause pour les mêmes motifs de non-livraison de commandes payées (1).

Plaintes pénales

La colère vis-à-vis des agissements de 1855 monte de plus en plus et prend une nouvelle tournure. Aux nombreuses procédures civiles s’ajoutent désormais des plaintes pénales, déposées un peu partout en France, notamment à Paris, Lyon Bordeaux et Bayonne. Une autre pourrait prochainement provenir de Mont-de-Marsan. Elles sont le fait de clients lassés, malgré des décisions prises en leur faveur devant des tribunaux d’instance, de ne voir ni vin ni argent leur être restituées. Les poursuites engagées le sont notamment pour escroquerie et pour pratiques commerciales trompeuses.

Cette actualité judiciaire qui ne cesse de s’amplifier autour de celle qu’il faut désormais appeler Héraclès, contraste fortement avec l’optimisme affiché des dirigeants du groupe, dont chaque communication met en avant la santé florissante de la société. En plus de nombreux clients mécontents, elle s’est aussi forgée de solides inimitiés dans le monde des grands crus de Bordeaux. Ces derniers n’ont pas apprécié de voir leur responsabilité mise en cause par des clients qui avaient commandé leurs vins sur 1855.com ou chateauonline.com et n’ont jamais été livrés.

Jean-Pierre Tamisier (source)

(1) Les quatres marques d’Héraclès sont 1855.com, chateauonline.com, Cavesprivées.com et les Chais de la Transat.