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L’Alsace a du talent : zoom sur trois jeunes vigneronnes

Auteur

Isabelle
Bachelard

Date

08.03.2024

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Dans le vignoble alsacien, les générations se succèdent et la présence de femmes aux premières loges n’est plus une rareté. On se réjouit de la réussite de trois jeunes Alsaciennes, Marine Sohler, Margot Ehrhart et Céline Loberger. 

Dans le vignoble alsacien, les entreprises ont souvent été familiales, avec les hommes à la vigne et à la cave, tandis que les femmes étaient à l’accueil, au caveau et au téléphone. Certes les clients de la Route des Vins, créée dès 1953, ne s’en plaignaient pas, puisqu’il y avait toujours quelqu’un pour préparer une commande de dernière minute ou trouver un morceau de kuglof pour accompagner une dégustation. Depuis les années 1980, quand Colette Faller s’est retrouvée à la tête du domaine Weinbach (Kaysersberg, Haut-Rhin) et a pris son bâton de pèlerin pour faire connaître l’Alsace au monde entier et aussi à « la France de l’intérieur », les choses ont bien changé. Les femmes peuvent s’imposer ailleurs qu’autour de la table et au commerce. Après Mélanie Pfister à Dahlenheim (Bas-Rhin) ou les sœurs Meyer (Josmeyer à Wintzenheim (Haut-Rhin), les Alsaciennes d’aujourd’hui brillent aussi  bien à la vigne et à la vinification. 

Sous le Haut-Koenigsbourg 
Au domaine Sohler Philippe, à Nothalten, ce sont les vigneronnes qui dirigent depuis 2016. Lydie vinifie et Marine l’a rejointe complètement en 2021. Ensemble elles mettent en valeur les 11 hectares de la propriété située entre le Haut-Koenibsbourg et le Mont Sainte-Odile, dans la partie nord du Haut-Rhin. Son histoire remonte, dans la plus pure tradition alsacienne, à 1640. On est séduit par leur cuvée Gaia 2021, assemblage de parcelles de la commune, riesling, sylvaner et muscat. Il donne un vin direct qui évoque les « gentils » et « edel » de jadis illustrés par Hansi, mais avec une précision aromatique, une fraîcheur et une modernité du XXIe siècle (17 €). 

En famille à Wettolsheim 
Le domaine Saint-Rémy, situé à Wettolsheim (Haut-Rhin), possède des archives à peine plus récentes, puisqu’il a été créé en 1725. Dans la septième génération, demandez Margot Ehrhart, qui travaille avec son frère Ronan dans un domaine certifié en biodynamie par ses parents dès 2012. Ils se sont installés officiellement à la tête de la propriété l’année dernière. Parmi les vins qu’ils commercialisent, on hésite entre le pinot noir 2020 H et le riesling grand cru Schlossberg du même millésime. Le rouge est issu du grand terroir Hengst, celui qui aura droit au titre de grand cru en rouge à partir du millésime 2022. Le sol rouge, marno-calcaire et grès donne un vin puissant, épicé, complet, qui a besoin de temps pour se montrer aux maximum (40 €). Le blanc a déjà bien évolué, il a une pointe sucrée en attaque, qui est bien équilibrée par l’acidité fort classique du cru. Une remarquable palette d’arômes de fleurs et d’herbes (26 €). 

Vinification classique ou en macération 
Céline Loberger est aux commandes depuis quatre ans au domaine familial qui s’est tourné vers l’agriculture biologique dès 1984 avant de se faire certifier en biodynamie. Les 8 hectares se trouvent autour de Bergholtz (Haut-Rhin) au sud-ouest de Colmar. Toutes les vignes se trouvent dans un mouchoir de poche, à moins de 5 kilomètres les unes des autres avec les pentes qui atteignent 60 % à Guebwiller. On apprécie le riesling du grand cru Kitterlé 2021, fumé et fruité, bien sec mais ample et presque gras en finale (24 €) autant que le grand cru Spiegel dont le 2020 est doté de notes légèrement confites qui appellent à la gastronomie (23 €). Mais l’originalité du domaine est sa maîtrise des vins de macération – dans la logique des jeunes générations. La cuvée Origine est un assemblage de pinot gris et gewurztraminer macérés trois semaines après égrappage. Dans le millésime 2021, c’est un vin original, aux parfums purs, épicés, mentholés, fruités, frais en bouche avec une pointe d’amertume qui le conclut en bouche (18 €).

©I. Bachelard