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Au Palais de la Bourse, les vins de Saint-Estèphe ont la cote

Saint-Estèphe Tasting-Bordeaux-Palais de la Bourse le 4 Février 2016

Auteur

La
rédaction

Date

05.02.2016

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La troisième édition de Saint-Estèphe Tasting, qui se déroulait hier soir au Palais de la Bourse de Bordeaux, confirme l’intérêt des amateurs pour cette appellation médocaine qui sait valoriser sa diversité. Un véritable rendez-vous, qui a attiré plus de 700 dégustateurs.

« Quel public enthousiaste, connaisseur, multi-générationnel ! Des amateurs qui viennent ici en quête de plaisir mais aussi d’information, désireux de mieux connaître notre appellation. C’est un régal ! », s’enthousiasmait Hervé Berland hier soir, à l’issue de Saint-Estèphe Tasting, grande dégustation organisée par « Terre de Vins » et les vins de Saint-Estèphe au Palais de la Bourse de Bordeaux. Le directeur général du château Montrose, 2ème Grand Cru Classé 1855, exprime un avis partagé par la quarantaine d’autres exposants présents à la soirée : l’intérêt du grand public, et d’un grand public souvent jeune, pour les vins de Bordeaux en général et les vins de Saint-Estèphe en particulier, se confirme année après année. « Saint-Estèphe Tasting est un rendez-vous qui a su s’installer, à Bordeaux comme à Paris », souligne Bernard Audoy, président de l’appellation et propriétaire du château Cos Labory. « Cette année en prime, nous avons investi – et rempli un espace magnifique. Le public est venu en masse (plus de 700 visiteurs, NDLR) pour déguster nos vins, et pour constater que le millésime 2013, souvent décrié, peut être en réalité d’une qualité surprenante ».

Un millésime sur la pointe des pieds

Démonstration auprès de propriétés aussi diverses que le château Laffitte Carcasset, Cru Bourgeois. A la tête de cette propriété de 30 hectares, le directeur Pierre Maussire explique que « sur un millésime tel que 2013, il fallait aller chercher le fruit, pas d’extraction, un élevage minimaliste. Nous avons opté pour 12 mois en barriques, avec seulement 15% de bois neuf, contre 30 à 40% sur un millésime comme 2012, que nous faisons déguster aussi ». Même approche du côté du château La Peyre, Cru Artisan de 8 hectares. Pour René Rabiller, responsable de la propriété, « il fallait d’abord être très présent à la vigne, scruter la moindre trace de Botrytis pour rentrer la vendange la plus saine possible. C’est en étant intraitable sur cette matière première que l’on pouvait se donner les chances de réussir ce millésime. Et, ensuite, de la travailler avec tact, avec des températures et des remontages doux, un élevage subtil, avec des chauffes discrètes. Mais si l’on réussissait tout cela, on pouvait non seulement avoir de la qualité, mais aussi du volume, puisque nous avons eu 51 hl/ha en 2013″. Autre réussite sur le millésime 2013, le château Tronquoy-Lalande : tout en souplesse et soyeux, il est un vrai motif de satisfaction pour le directeur d’exploitation Yves Delsol, qui profite de cette soirée pour faire déguster, côte-à-côte, le 2013 et le 2007 « afin de montrer qu’un millésime difficile peut aussi avoir un joli potentiel d’évolution ».

Dynamique collective et management environnemental

Même choix pour Hervé Berland, directeur général du château Montrose, de faire déguster le 2007 à côté du 2013 : « les vins de Saint-Estèphe ont longtemps souffert d’une réputation de vins rustiques, qu’il fallait impérativement attendre. Cette dégustation est la parfaite occasion de montrer que les choses ont bien changé et que nous faisons des vins sur la finesse, la complexité, qui expriment aussi une grande diversité de terroirs ». « Il y a beaucoup de solidarité et une énergie très positive dans cette appellation », renchérit Violaine Labauge du château La Haye. Basile Tesseron, du château Lafon-Rochet, va dans le même sens : « il y a aujourd’hui à Saint-Estèphe une belle dynamique collective, un vrai renouveau, et nos vins ne sont plus du tout perçus de la même façon qu’autrefois ». Le renouveau s’illustre notamment par l’arrivée de nouvelles générations d’hommes et de femmes. Comme Anaïs Maillet, chef de culture de Lafon-Rochet depuis 2012, très impliquée dans les questions environnementales à l’heure où le vignoble bordelais est encore montré du doigt pour l’utilisation de produits phytosanitaires nocifs. « Nous sommes passés en SME (Système de Management Environnemental) et sommes certifiés ISO 14001 à la propriété. A Bordeaux, nous sommes nombreux avoir tourné le dos aux pratiques anciennes et à mettre les questions d’environnement et de santé publique au centre de nos préoccupations », souligne-t-elle. Pour entrevoir le Bordeaux de demain, c’était au Palais de la Bourse qu’il fallait être hier.

Photos : Jean Bernard Nadeau.