Accueil Limoux : « L’avenir de la viticulture, c’est le sol »

Limoux : « L’avenir de la viticulture, c’est le sol »

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

20.04.2016

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C’est un joli vignoble vallonné à quelques kilomètres de Limoux, émaillé d’arbres fruitiers, pêches, cerises, abricots, amandiers… et de cabanons en pierre sèche. Ici, on les appelle tout simplement des cabanes. En Corbières, ce sont des capitelles, en Roussillon des mazets, en Picpoul des grangeots… Elles servaient d’abris pour les chevaux, de rangement pour les outils des jardins ou de repos du berger. Une quarantaine jalonnent le paysage dont une vingtaine déjà restaurées par une association de bénévoles.

De charte en charte

L’appellation a commencé à travaillé sur son environnement des les années 80 via les premières chartes qualité sur l’enherbement et le travail des sols avant de s’attacher à identifier les terroirs avec la Chambre d’Agriculture dix ans plus tard. Ont ainsi émergé entre 150 et 400 m d’altitude quatre entités : Autan, Haute Vallée, Océanique et Méditerranée. Au début des années 2000, la charte paysagère incite à la plantation des haies champêtres et de rosiers, indicateurs de la bonne santé du vignoble. Mais les vols et le manque d’entretien aidant, il ne reste plus beaucoup de rosiers aujourd’hui. Le syndicat réétudie toutefois la question en collaboration avec quelques communes de l appellation. En 2007-2008, le projet européen BioDiVine pour la diversité des paysages viticoles donne un coup de fouet aux engagements environnementaux : Limoux devient région test et assure le suivi de la présence des arthropodes (araignées, insectes, papillons…) et des oiseaux. Après cinq ans, des haies sont à nouveau replantées mais le projet de confusion sexuelle est abandonné à défaut d’un bloc d’ha suffisant. Aujourd’hui, un projet agro-environnemental à enjeu climatique (PAEC) prend le relais pour développer des modes culturaux plus respectueux de l’environnement comme l’enherbement « mais à étudier davantage par zones car certains terroirs comme Méditerranée sont trop pauvres pour ça et l’herbe concurrence e alors le raisin, explique Marlène Tisseire, directrice du Syndicat. En revanche, il est plus adapté à Haute Vallée ». L’appellation bénéficie ainsi d’aides pour limiter ou arrêter le désherbage inter rangs ou pour l’arrêt des pesticides.

Des Coquelicots à la Butinière

La cave d’Anne de Joyeuse s’est lancée dans cette sensibilisation depuis 20 ans via la certification Agriconfiance, outil de traçabilité des coopératives. « C’était d’abord pour se différencier puisque nous n’avions pas d’effervescents qui représentaient l’image de Limoux, avoue Remy Fort, président de la cave. Et puis nous avons vite été convaincus qu’il fallait faire évoluer les mentalités pour protéger l’eau, l’air et les sols ». La charte Protect Planet a permis depuis depuis dix ans d’aller vers « une viticulture de précision » qui concerne désormais les trois-quarts des superficies de la cave, 27000 ha au total. La cave a réduit les traitements au maximum, encouragé le désherbement mécanique, incité à planter des légumineuses pour fertiliser naturellement les vignes, revégétalisé les bords de cours d’eau, appris une autre façon de travailler plus respectueuse des riverains… Anne de Joyeuse dispose de deux techniciens pour suivre la démarche en permanence avec un organisme certificateur extérieur, « Le seul contrôle qui vaille, estime Remy Fort. « Mais le principal est d’y croire car l’avenir de la viticulture, c’est le sol ». Témoins de cette démarche des cuvées aux noms évocateurs, La Butinière, Coquelicot, Terroir des Dinosaures…