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Médoc : manifestation de militants anti-pesticides

Auteur

AFP

Date

05.12.2016

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Une vingtaine de militants d’associations de lutte contre l’usage des pesticides, mais aussi de la CGT et de la Confédération paysanne, ont mené, dimanche matin, une action de soutien aux travailleurs agricoles et viticoles sur la commune d’Avensan au coeur du Médoc, a constaté un journaliste de l’AFP.

Les militants d’associations comme « Alerte aux toxiques! » et « Info Médoc Pesticides », portant masques et combinaisons de protection ont planté plusieurs dizaines de croix blanches dans un champ, représentant un « cimetière symbolique dédié aux travailleurs viticoles et agricoles, victimes des pesticides ».

On pouvait lire sur plusieurs banderoles : « La reconnaissance d’une maladie professionnelle est un droit » ; « Délai d’entrée raccourci, travailleurs des vignes sacrifiés » ; « Pesticides = homicides ».

« Cette action vise à protester contre la modification, en cours, de l’arrêté du 12 septembre 2006 qui règlementait le délai de retour – dit « délai d’entrée » – des salariés sur une exploitation après épandage de pesticides », a expliqué à l’AFP Marie-Lys Bibeyran, fondatrice du collectif « Info Médoc Pesticides ».

« Jusqu’à présent, le délai d’entrée pourtant très minimaliste était fixé entre 24 et 48 heures, mais sous la pression des producteurs de pommes du Limousin le Conseil d’État a demandé, en juillet 2016, la suppression du précédent arrêté pour en rédiger un nouveau qui doit être pris en janvier », a-t-elle affirmé.

L’arrêté avait été annulé par le Conseil d’État pour vice de forme car il n’avait pas été visée par l’Union européenne.

La rédaction d’un nouvel arrêté viserait, selon Mme Bibeyran, à introduire une « clause de ‘conditions exceptionnelles’ permettant de réduire le délai de retour sur l’exploitation à six heures si les travailleurs portent des équipements de protection individuels (EPIS) ». « C’est extrêmement grave quand on sait qu’à la lumière de plusieurs tests effectués, même après un délai de 48 heures on peut encore déceler dans les cheveux des traces de pesticides », a souligné Mme Bibeyran. « Et c’est d’autant plus grave qu’on n’a pas la preuve de l’efficacité des fameux équipements de protection EPIS, qui, au passage, sont fournis par Bayer, fabricant de pesticides », a-t-elle relevé.

Pour Mme Bibeyran, « cette mesure est en réalité un moyen pour les pouvoirs publics et les exploitants de se défausser de leurs responsabilités sur les travailleurs et donc à terme c’est la fin de la reconnaissance des maladies professionnelles ».

Cette militante associative se bat devant la justice pour faire reconnaître la maladie professionnelle de son frère Denis, petit exploitant et salarié viticole dans le Médoc, décédé en 2009 d’un cancer qu’elle attribue à une exposition aux pesticides .