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Philippe Starck signe aux Carmes Haut-Brion le premier chai de sa carrière

Auteur

AFP

Date

25.06.2016

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Le designer Philippe Starck, associé à l’architecte Luc Arsène-Henry, a livré vendredi son tout premier chai à vin pour le château bordelais des Carmes Haut-Brion, « un non-bâtiment » immergé prenant selon eux la forme d’une « lame de fer qui jaillit de la rivière ».

Posé au milieu d’une mare à l’intérieur des 10 hectares de la propriété dans le centre urbain de Bordeaux, la forme de ce chai à vinification et à barriques, pointant à huit mètres de hauteur, laisse d’abord à penser à une coque de bateau inversée.

« Ce n’est pas vraiment un bâtiment, c’est une idée, un concept pour émouvoir et élaborer le vin« , affirme l’architecte Luc Arsène-henry, préférant parler d’une « lame de fer qui jaillit de la rivière au fil de l’eau ».

Cette structure en béton, qui est retenue par des piliers enfoncés à 42 mètres sous terre pour compenser la poussée d’Archimède du bâtiment immergé quatre mètres sous l’eau, est composée de quatre niveaux superposés avec des surfaces décroissantes: le chai à barriques immergé pour assurer une meilleure hydrométrie, le chai à vinification au rez-de-chaussée avec une passerelle pour les remplir par gravitation, et une terrasse panoramique.

Depuis quelques années, les riches grands crus de Bordeaux se disputent les plus grandes signatures de l’architecture et du design pour construire de nouveaux chais, nouvel étendard de leur volonté d’afficher leur prestige supposé.

Le célèbre designer a indiqué ne pas s’être inspiré des chais réalisés par d’autres grandes signatures de l’architecture, tels Jean Nouvel au Château La Dominique, Christian de Portzamparc à Cheval Blanc, Norman Foster à Margaux, Jean-Michel Wilmotte à Cos d’Estournel ou Alberto Pinto au Château Pavie.

« J’ai vu des chais et vu souvent du ‘trop’. Il fallait faire le minimum, en suivant au plus près la fonction première. L’intéressant est d’aller à l’essence des choses, d’éviter de produire le « ‘autour' », c’est à dire « tout ce qui est inutile », a commenté M. Starck. « Le vin est une abstraction et en aucun cas une forme quelconque ne peut avoir la prétention ou l’arrogance de la représenter », a abondé Luc Arsène-Henry.

L’investissement de 10 millions d’euros a été consenti par le propriétaire depuis 2010, le groupe immobilier Pichet. « On avait besoin d’un outil haut de gamme car on voulait se donner les moyens de faire le meilleur vin possible. Et puisque on est ouvert sur la ville on s’est dit pourquoi se priver d’une esthétique de grande qualité », a expliqué Patrice Pichet, réfutant tout « effet de mode » avec l’appel au designer vedette. « On voulait un bâtiment magique », a-t-il dit.