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[Tribu] Cépages modestes : l’abouriou

Auteur

Idelette
Fritsch

Date

15.01.2019

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À l’échelle mondiale, seulement 12 cépages, parmi les 1 100 cultivés sur la planète, occuperaient aujourd’hui jusqu’à 80 % des vignobles de certains pays, selon une étude de l’INRA et l’université de Harvard. C’est pour redonner un peu de diversité à nos vignobles que 150 vignerons se retrouvent chaque année, le temps d’un week-end de novembre, au Bar de la Fontaine à Saint-Côme-d’Olt (12), pour débattre et échanger autour des cépages modestes, ces cépages patrimoniaux devenus minoritaires en France.
Deuxième de nos six témoignages et retours d’expérience extraits du Terre de vins n°55.

Elian da Ros : l’abouriou, évidemment
« Je suis gascon, du Sud-Ouest. À Cocumont, dans les côtes du Marmandais, je fais des vins identitaires et pas du bordeaux, l’ombre portée du vignoble bordelais ayant longtemps déteint sur les habitudes de la rive gauche de la Garonne : c’est ainsi que l’abouriou – cépage emblématique de l’AOP Côtes-du-Marmandais, signalé pour la première fois en 1882 en Lot-et-Garonne et dont on dénombrait 900 hectares en 1968 – est devenu le vilain petit canard dont on ne voulait plus. Passé secondaire dans l’assemblage avec le malbec et le fer servadou, il a été snobé au profit des cépages bordelais, parce que sensible au gel, au stress hydrique et à la sécheresse. C’est pourtant un cépage paradoxal qui sous ses abords très tanniques et une puissance qui impose de rouler au frein à main cache des notes nobles, florales et un côté très féminin dont je me suis emparé. Pour mon premier assemblage, en 1998, j’ai donc choisi en cépages complémentaires le malbec et l’abouriou, dont j’avais planté 1,2 ha quand j’étais étudiant. Je n’avais pas d’archives sur la façon de le vinifier : pendant neuf ans, j’ai multiplié les essais, pour sortir, en 2007, ma première cuvée d’abouriou (90 % et 10 % merlot). La Cave coopérative du Marmandais a suivi en 2009, et, aujourd’hui, ce cépage est sauvé : les deux tiers des producteurs du Marmandais (neuf vignerons indépendants et la cave coopérative, NDLR) revendiquent une cuvée d’abouriou. »
Domaine Elian Da Ros – 47250 Cocumont
05 53 20 75 22 – www.eliandaros.fr