Bordeaux Tasting : quand les champagnes révèlent leurs Caractères

Tout au long du week-end, le Syndicat Général des Vignerons de la Champagne a déroulé une série d’ateliers pensés comme des temps de transmission et d’échange autour du vin. Accords gourmands ou approche scientifique de la dégustation : ces rendez-vous proposent des regards complémentaires, mêlant pédagogie, dégustation et réflexion sur les styles.

Trois Caractères pour raconter le pinot noir

Parmi les ateliers proposés ce week-end à Bordeaux Tasting, celui consacré aux « Caractères » a ouvert le bal avec une plongée dans l’univers des pinots noirs. Dès l’ouverture de l’atelier, l’intention est claire : proposer une lecture du champagne qui parle d’abord au ressenti. « Derrière chaque champagne, il y a un vigneron, et derrière chaque vigneron, un caractère », rappelle Geoffrey Orban, directeur Educavin et consultant terroir. Une manière de poser le décor avant d’entrer dans le vif du sujet : la dégustation des pinots noirs à travers la grille des Caractères. Développé comme un outil d’aide à la compréhension et au choix, ce travail repose sur une segmentation volontairement lisible. Trois grands univers structurent l’approche (vif, fruité, intense) chacun décliné en adjectifs sensoriels. « L’idée n’est pas de simplifier le champagne, mais de le rendre plus accessible dès le premier verre », insiste l’expert. « Quand on est face à plusieurs cuvées, sans repères de marque, il faut pouvoir donner une information claire, immédiate, qui rassure. Verres en main, la théorie se confronte rapidement à la dégustation. Pour illustrer le Caractère Vif, le Blanc de Noirs 2019 de champagne M. Hostomme ouvre la séance. Un champagne tendu, porté par une fraîcheur franche, qui permet d’ancrer immédiatement la notion de dynamisme et de salinité évoquée quelques minutes plus tôt. « Ce sont des vins qui donnent envie d’y revenir, qui appellent le geste suivant », commente Geoffrey Orban. Le registre Fruité s’exprime ensuite avec une cuvée d’Alfred Baulant. Le pinot noir y gagne en rondeur, en chair, avec une expression plus gourmande, sans perdre son équilibre. « On change d’univers, mais on reste dans le même cépage », souligne l’intervenant. « C’est là que l’on mesure à quel point le pinot noir peut déplacer le curseur, simplement par son interprétation. » Enfin, le Caractère Intense trouve son illustration dans le Chassenay d’Arce 2018. La matière se fait plus ample, la structure plus affirmée, presque tactile. « On est sur des champagnes qui occupent l’espace, qui s’installent en bouche », décrit Geoffrey Orban. Une démonstration parlante de cette troisième famille, souvent associée à des vins de gastronomie ou de temps plus longs.

Précédent Suivant

Champagne et chocolat, l'accord impossible ?

Le Syndicat général des vignerons de la Champagne (SGV) qui fêtera ses 25 ans en 2026 proposait aux visiteurs de Bordeaux Tasting un voyage en trois temps autour du chocolat. L’accord avec le champagne peut surprendre, « certains sommeliers se l'interdisent », explique Geoffrey Orban, grand spécialiste du vignoble des tailleurs de bulles, qui déguste « 2 000 champagnes par an ». Pour réussir cet accord, rien de mieux que de s'appuyer sur les trois caractères vif, fruité et intense, de véritables « clés de lecture pour s'y retrouver parmi tous les champagnes existants », développe Tétiana Augait, responsable de service au SGV. C'est une autre entité champenoise qui a porté cet atelier puisque les chocolats dégustés étaient produits par le maître chocolatier Emmanuel Briet, basé à Épernay.

Le champagne G. Gruet & Bonfils fut le premier à entrer en scène, avec sa cuvée extra-brut blanc de blancs. Pour accompagner son caractère vif, une ganache au citron était proposé, et le mariage n'a pas déçu puisqu'il a sublimé la rencontre de la craie et du cacao. Le deuxième nectar de bulles était un rosé de saignée 2018 de l'union de vigneron H. Blin au caractère fruité apporté par le meunier. Un fruité que l'on a retrouvé côté chocolat avec une ganache de framboise dont la légère acidité contrebalançait la dimension charnue du champagne. Enfin, c'est à l'extrême ouest de la Champagne que s'est clôturé cet atelier avec la cuvée Acacia de champagne Leclère-Torrens. Pour apprivoiser son caractère intense, une ganache au ratafia, cette liqueur obtenue par la mutation de raisins avec un alcool, a mis toute l'audience d'accord et permis de répondre à l'interrogation initiale : oui, le champagne et le chocolat peuvent faire bon ménage.

L'assemblée de Bordeaux Tasting a donc pu explorer des facettes méconnues du champagne, se familiariser avec le pinot noir et accorder le champagne avec le chocolat. Un bel entraînement pour les fêtes de fin d'année !