Accueil Dégustation Champagne : R comme Lallier

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

23.10.2015

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La maison Lallier vient de sortir la première cuvée R012, R comme récolte, 012 comme l’année de base. Des champagnes d’une seule vendange avec peu de vins de réserve mais pas millésimés. Une idée innovante et audacieuse.

« Les Champagnes Lallier voulait avoir quelque chose de différent à raconter en créant un style maison, explique son propriétaire et dirigeant Francis Tribaut (voir photo en fin d’article). D’où l’idée de la cuvée R comme Récolte suivi de trois chiffres indiquant le millésime de base. Ce champagne, assemblage de 62% de pinot noir et 38% de chardonnay (cépages historiques de la maison qui n’a pas de pinot meunier), essentiellement de 2012 pour cette première cuvée, est élaboré avec peu de vins de réserve (19%).

Peu de vins de réserve

Dans un contexte souvent de course à l’échalote (l’affichage du plus fort taux de vins de réserve), la démarche est atypique, d’autant qu’elle implique « d’accepter les différences qualitatives d’une année à l’autre » précise le Champenois. « A terme, il remplacera le brut sans année. Il est d’ailleurs élevé un an ; ce n’est donc pas un champagne millésimé qui ne peut être commercialisé qu’après au moins trois ans d’élevage » souligne Francis Tribaut. Il a également pris le parti d’élaborer ses trois R012 à partir du même assemblage, le brut dosé à 8g, son brut nature à 0 et son extra dosage à 18g. Autre spécificité de la maison : un levain maison élaboré depuis 2007 à partir des levures d’une des plus belles parcelles de chardonnay.

Lallier avait déjà commencé à travailler, il y a une quinzaine d’années, sur les conseils du sommelier alsacien Serge Dubs en réduisant les vins de réserve sur les blancs et les rosés (10%), autre spécialité de la maison avec 20% de la production dans cette couleur. Cette collaboration amicale sous René James Lallier s’est officialisée avec le rachat par Francis Tribaut.

Renaissance de la belle endormie

« Rares sont les propriétaires de maison qui sont chef d’entreprise, vinificateur, régisseur, maître de cave et gestionnaire des achats » souligne Serge Dubs. Francis Tribaut, ingénieur agri, conseillait différents vignobles en Californie, en Afrique du Sud, en Champagne, notamment depuis 1997 René James Lallier. L’un des héritiers de Deutz avait relancé, après sa retraite, la maison Lallier, marque créée en 1906, en rachetant les installations du champagne René Brun. Lallier réalisait alors 80% de son chiffre d’affaires avec un seul client qui n’était autre que Deutz. Quand l’ingénieur conseil rachète «la belle endormie» en 2004, elle possède 15 ha en propre, une dizaine à Ay, le reste en Côte des Blancs, notamment à Avize et Cramant, complétés par 25 ha en appro. Uniquement en fonds propre, il investit dans une cuverie ultra-moderne, les celliers d’Oger « car le Champagne comme les vins rosés de Provence ont besoin de technologie pour être qualitatifs ».

Aujourd’hui Lallier produit environ 400 000 bouteilles par an disponible en restauration et chez les cavistes (notamment chez Repaire de Bacchus et La Grande Epicerie).

Dégustation :
R012 Brut : Des arômes d’agrumes, citron et granny smith, de fines bulles et une belle vivacité. (33€)
R012 Brut Nature : Des arômes de brioches et de mirabelle sur une trame citronnée et des bulles crémeuses. (35€)
R012 Extra-Dosage : Un nez brioché sur des notes de prune (35€)