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Des blancs secs prometteurs à Pessac Léognan

©Château Carbonnieux

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

05.09.2023

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Si le mildiou et ses effets dévastateurs auront été un thème prégnant depuis le printemps, les blancs secs en Pessac Léognan et sur le terroir de Sauternes ne sont absolument pas concernés. En effet, les cépages blancs ne sont pas sensibles au mildiou et la climatologie leur a été plutôt favorable.

L’été 2023 s’est caractérisé par une climatologie unique. Edouard Kressmann, le directeur technique adjoint du château La Tour Martillac évoque « des pluies d’été qui avaient la forme de douches successives ».  Pas de stress hydrique donc. Wilfrid Groizard, le directeur général adjoint complète : « l’été 2023 a été un peu plus chaud que 2021 tout en restant frais, avec une chaleur un peu tropicale ». Celle justement qui a favorisé le développement du mildiou, mais un mildiou « qui ne touche que très peu les blancs et qui n’a d’impact que sur la quantité, pas sur la qualité » tient à rappeler Jacques Lurton, le Président de l’appellation Pessac Léognan. Un discours tenu par tous les interlocuteurs rencontrés.

Qualité et quantité au rendez-vous.
Des moûts dotés d’une bonne acidité, avec du sucre et du goût en ce qui concerne le sauvignon auquel la climatologie plutôt fraîche de l’été 2023, à Bordeaux, a bien convenu. Marc Perrin, le directeur commercial de Carbonnieux, et son voisin Edouard Kressmann du château La Tour Martillac évoquent des pH autour de 3,10, ce qui permet d’avoir une belle fraîcheur et un beau potentiel de garde. Un discours confirmé par Jacques Lurton: « On a conservé le fruité et l’acidité avec des pH assez bas. Le pic de chaleur de fin aout n’a pas affecté la fraîcheur et a maintenu une belle concentration ». Axel Marchal, professeur d’œnologie à l’université de Bordeaux (ISVV), ne dit pas le contraire : « le temps un peu couvert et les nuits fraiches de cet été ont permis de garder des acidités et le potentiel fruité». Et d’ajouter : « cela fera des vins avec de l’élégance, sur du fruit ».

Quant au sémillon, l’autre cépage emblématique de Bordeaux, il n’est pas encore vendangé mais la météo annonce pour début septembre de la chaleur « que ce cépage aime, à l’inverse du sauvignon » précise Jacques Lurton. Tout est en ordre donc.

Quant aux rendements ceux-ci sont satisfaisants. Carbonnieux et La Tour Martillac sont sur du 45 à 50 hl/ha. Des rendements qui ne s’opposent pas à la qualité « et qui ne sont pas un problème pour les blancs qui s’en accommodent plutôt bien » nous dit Axel Marchal.

Pour ce professeur d’œnologie, « la différence entre les châteaux se fera sur les pratiques viticoles, notamment sur l’effeuillage » qui se révèle parfois être un pari car la météo est changeante. Cet effeuillage permet une meilleure maturation des baies et, en aérant la vigne, diminue les risques d'apparition de certaines maladies cryptogamiques. Mais cela peut tourner en défaveur du raisin en cas de canicule. Dans ce dernier cas, les baies sont alors « cuites » et perdent en acidité et en aromatique. Rien de tel pour le sauvignon bordelais de la rive gauche en 2023. Cette année, la présence de mildiou conduisait à effeuiller, et … il n’y a pas eu de canicule !  Axel Marchal ajoute qu’il y aura probablement « des différences marquées entre les lots car les terroirs joueront leur partie ».