Mardi 15 Octobre 2024
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14.09.2020
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Le domaine Rolet rencontre quelques déboires en cette période de vendanges qui annonce pourtant un joli millésime. La famille Devillard, l’un des actionnaires depuis le rachat à la famille en 2018, vient de se désengager de la gérance.
La famille Devillard, qui s’était associée avec les familles Flambert et Dupuis en 2018 pour l’acquisition du domaine jurassien vient de publier un communiqué précisant « qu’à la suite de différends profonds avec ses associés, elle regrette de ne plus assurer la gérance du Domaine Rolet à Arbois. Et pour les mêmes raisons de n’être plus en mesure d’apporter ni soutien technique, ni soutien commercial aux équipes du Domaine depuis le 24 juillet dernier ». La famille bourguignonne qui possède le château de Chamirey à Mercurey (37 ha), le domaine de la Ferté en Givry (5 ha), le Domaine des Perdrix à Nuits Saint-Georges (15 ha) et le domaine de la Garenne en Macon-Azé (7 ha), était la troisième famille bourguignonne depuis 2015 (après Boisset et Guillaume d’Angerville) à faire une percée dans le Jura. Aurore Devillard expliquait alors que « c’était une évidence de par les cépages communs, une topographie proche, une proximité géographe et une excellente image des vins de la région et du domaine en particulier ». Depuis l’acquisition, il n’y avait pas eu de grande restructuration, juste une parcelle arrachée-replantée à Montigny-les-Arsures, le lancement en 2019 d’une cartographie du domaine, des investissements dans une nouvelle cuverie alors sous-dimensionnée, un lifting des étiquettes et un nouveau site internet fin 2019 et une équipe opérationnelle rajeunie avec Cédric Ducoté, ancien directeur export des domaines Devillard, à la direction épaulé par un nouvel œnologue depuis la vendange 2019, Jocelyn Broncart débarqué du laboratoire d’analyses du Jura et Louis Morel comme chef de culture.
Ci-dessus : Cédric Ducoté, directeur, et Louis Morel, chef de culture (photos DR).
La famille Devillard a ainsi été évincée de la gestion par les deux autres actionnaires qui ne sont pas issus du monde du vin. Ce sera d’ailleurs Christophe Flambert, directeur de HHP (Holding Hôtelière de Paris) qui assurera désormais de Paris la gérance. Un choc des cultures pour un investissement viticole à long terme où les parties n’ont pas forcément les mêmes intérêts de rentabilité avec des divergences de stratégie commerciale et de distribution. Le dossier est désormais entre les mains des avocats.
Trois années record
L’aventure jurassienne, accompagnée pendant quelques mois par la famille Rolet qui avait longtemps cherché un repreneur partageant les mêmes valeurs familiales et vigneronnes, s’annonçait pourtant prometteuse avec l’espoir, dans une région « montante » de réveiller une belle endormie au magnifique potentiel. Le domaine, créé en 1932 par Désiré Rolet, était passé en quelques décennies de 4 à 65 hectares, majoritairement en AOC Arbois, mais également en AOC Côtes-du-Jura et L’Étoile, en faisant l’un des plus grands domaines jurassiens produisant environ 400 000 bouteilles par an.
Au domaine, Cédric Ducoté espère « que les actionnaires resteront dans la continuité pour faire de Rolet ce qu’il était il y a encore quelques années ». D’autant que le millésime 2020, même précoce (les vendanges ont commencé le 19 août), s’annonce prometteur dans une année plutôt saine sans grosse pression cryptogamique. « Sur les 63 ha en production, 6 sont travaillés 100% bio, 15% sans désherbant avec une montée en puissance progressive, notamment sur les parcellaires d’Arbois, précise Cédric Ducoté. On a bien eu un peu d’échaudage mais les équilibres sont bons avec des volumes dans la moyenne décennale. Depuis mon arrivée, j’enregistre tous les records : 2018 avec la récolte la plus généreuse, 2019, la plus petite et 2020 la plus précoce ».
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