Mercredi 4 Juin 2025
Photo: CIVB P. Cronenberger
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Date
02.06.2025
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Le numéro spécial Bordeaux Primeurs 2024 sera disponible dans les kiosques mercredi prochain (04/06). Pour accompagner sa sortie et compléter le dossier dégustation du magazine, nous publions, en exclusivité sur notre site web, les notes et commentaires des appellations qui n'y figurent pas. Aujourd'hui, retrouvez notre sélection de graves rouges.
Château Beau Site [94-95]
Sans doute à l'écoute du consommateur, la famille Rodriguez-Lalande a infléchi progressivement le profil de ses vins en les amenant à plus de souplesse dans leur jeunesse. Quel beau jus, enveloppant, sur une trame tannique souple. L'attaque saisit le fruit instantanément, avec déjà une impression de sucrosité résiduelle. La maturité du raisin qualifie bien ce vin, presque solaire, tout en proposant au palais une touche rafraîchissante en finale (réglisse mentholée). L'exercice qui consiste à proposer de la garde et une accessibilité quasi immédiate est bien réalisé. Une belle découverte.
Château de Respide [94-95]
Cette cuvée Callipyge est le haut de gamme de la production. Un caractère mûr et presque solaire se dégage au nez, sur des notes de fruits rouges un peu compotés. Les impressions gustatives sont cohérentes : un très beau jus, typé merlot, sur le fruit, et une charmante impression de sucre résiduel. Un beau vin, présentant déjà une bonne buvabilité sans céder sur le fond, c'est à dire l'allonge, le fruit (fraise, groseille) et de jolis tanins, sans oublier la fraîcheur, qui s'avance dès le milieu de bouche. Un vin moderne, diraient certains ? Et pourquoi pas, puisque le plaisir est au rendez-vous !
Château Roquetaillade La Grange [94-95]
Quel beau vin et quel équilibre ! Le nez rappelle le sirop de cassis. L'attaque délivre une belle matière, pleine, sans rudesse et qui atteste d'une extraction maîtrisée : tanins à grains moyens chatoyants et absence d'amertume. L'écueil des cabernets trop durs est évité avec talent. Il y a de la maturité dans ce beau fruit bien exploité. Le bâton de réglisse s'invite dès le milieu de bouche et se marie avec les saveurs de cassis. Une réussite que ce vin, qui pourra être bu sans trop attendre (le carafer toutefois) ou rester quelques années en cave pour qu'il révèle sûrement une belle surprise.
Château Beauregard Ducasse [91-93]
Ce vin bio est dans l'air du temps. Présentant une bonne buvabilité, il ne cède pas sur le fond. Le volume est là, sur une trame tannique bien constituée et souple. Le fruit vient comme une évidence, presque gourmand, avec un filigrane d'amertume sur la finale, juste ce qu'il faut pour relever l'ensemble.
Château Caillivet [92-93]
La gourmandise en tout, pour ce vin cohérent qui porte de bout en bout ses notes de fruits rouges et sa rondeur. C'est souple dès l'attaque et jusqu'à la finale où une fraîcheur teintée d'une saveur noble de pamplemousse rose s'invite sur la pointe des pieds dans cet ensemble juteux.
Château de Castres [93-94]
La maturité et l'extraction sont maîtrisées, notamment sur les 45 % de cabernets. Cela a permis d'obtenir un joli fruit (fraise écrasée, groseille) et de mesurer la structure. Il y a beaucoup de fraîcheur en bouche, dès l'attaque. Un exercice d'équilibriste bien réalisé, entre accessibilité et garde.
Château de Cazebonne [90-91]
Un vin plaisant, sur la fraîcheur et le fruit. Si les arômes restent discrets, la bouche se montre un peu plus avenante grâce à sa trame tannique à petits grains qui lui donne un léger grip. La finale révèle de petits fruits rouges, et une sucrosité résiduelle vient participer au plaisir.
Château de Chantegrive [90-91]
Nez sur la retenue au moment de la dégustation, sur une touche de graphite et de fleur de sureau. Le caractère un peu asséchant et végétal de l'attaque se dissipe et la bouche adopte vite un ton plus aimable, sur des saveurs de cassis. Le vin devra être attendu mais a le potentiel pour se fondre.
Château Ferrande [92-93]
Nez exubérant sur des notes de torréfaction puis d'eucalyptus. Cette fraîcheur se retrouve dès l'attaque, persistant et s'amplifiant jusqu’à la finale, tout en se combinant à une réglisse douce et des saveurs de fraise écrasée qui participent à un jus gourmand. Un vin bien pensé, sans faute.
Clos Floridène [92-93]
De l'étonnement pour cette aromatique originale : cassis, touche fumée, fleur de sureau et caramel au lait. La fraîcheur s'invite dès le milieu de bouche et adopte un caractère franc tout en s'appuyant sur un cassis un peu racinaire. De la densité mais de la souplesse aussi. Un vin précis, droit, mais juteux.
Château Jouvente [92-93]
Jouvente privilégie depuis longtemps la souplesse. Ce 2024 ne déroge pas et propose un vin axé sur la fraîcheur et une certaine buvabilité. On notera toutefois que la matière est bien là, sur des tanins à grains fins qui donnent une chair gourmande. Un vin juteux sur les fruits rouges. Consensuel.
Château Lagrange [91-92]
Nez plutôt cabernet, malgré la forte proportion de merlot. Jus de cassis et un rien poivron vert. Le temps doit faire basculer l'aromatique. La bouche retrouve bien le merlot avec sa souplesse et son fruité. Vin très agréable sur des saveurs de petits fruits rouges. C'est flexible et juteux.
Château Quincarnon [90-92]
Une fraîcheur réglissée se manifeste dès l'attaque. La matière est gourmande et s'appuie sur une trame tannique à grains moyens qui tapisse bien la bouche et donne un certain volume. La finale nous laisse sur cette fraîcheur, agrémentée de fruits rouges. Vinification bien maîtrisée. Plaisant et gourmand.
Château Touteau Chollet [93-94]
Si l’on a bien une charge tannique, celle-ci est particulièrement ajustée, sur un grain noble dépourvu d'austérité, et laisse le fruit s'exprimer. C'est gourmand à souhait tout en ayant du volume : le petit verdot joue bien sa partie. Finale sur le fruit mûr agrémentée d'une touche réglisse-menthe exquise. Beau vin.
Vieux Château Gaubert [93-94]
Un vin qui se dit pour la garde. La mâche et la structure tannique confirment bien ce potentiel, mais on observe pourtant un très beau jus, gourmand, aux tanins civilisés, réglissé dès le milieu de bouche. L'extraction est maîtrisée. Une certaine souplesse est au rendez-vous. Joli vin, bien équilibré.
Dégustation réalisée par Michel Sarazin. Retrouvez demain en exclusivité les notes des Graves blancs...
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