[Grande Dégustation Primeurs] Une soirée pour dévoiler un millésime de challenge

Hier soir, le Palais de la Bourse de Bordeaux a accueilli 550 visiteurs. Professionnels, amateurs éclairés et passionnés de vin se sont réunis pour plonger au cœur d’une tradition bordelaise emblématique : la dégustation du dernier millésime en primeur.

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« Cet événement unique a pour ambition de lever le voile sur les coulisses d’un moment clé de la scène bordelaise et de permettre à chacun, des professionnels jusqu’aux amateurs éclairés, de vivre l'expérience des primeurs », explique Mathieu Doumenge, rédacteur en chef de Terre de Vins. Frédéric Castéja, directeur de La Grande Cave, partenaire de l’événement, souligne : « Les primeurs sont une tradition historique à Bordeaux, et leur importance reste incontestable. Chaque millésime apporte ses spécificités, sa qualité et son caractère, tout en offrant une opportunité unique de découvrir et d’investir dans les grandes cuvées dès leur naissance. Ces dégustations sont l’occasion de mettre en lumière non seulement le savoir-faire bordelais, mais également le lien qui unit les propriétés aux amateurs de vin à travers le monde. »

Parmi les visiteurs, Emma, amatrice curieuse, confie : « Je n'ai jamais dégusté de vins aussi jeunes. J'ai hâte de découvrir ce que vaut le 2024, qui a semblé si difficile à réaliser pour les vignerons bordelais. » Quant à Alban, un habitué de l'événement, s'enthousiasme : « Moi, j'adore venir déguster les primeurs. En tant qu'anonyme, nous ne pouvons pas le faire dans le vignoble. C'est vraiment une super opportunité. Je tente de venir tous les ans. »

Casser les Codes

Pour Chloé Garraud, chargée œnotourisme au Château Larrivet Haut-Brion (Pessac-Léognan), l’objectif est clair : « Déguster les vins en primeurs n'est pas toujours un exercice facile. L'objectif de participer à une dégustation comme celle-ci, c'est de redonner un peu de fraîcheur à l'image des vins de Bordeaux, qui peut parfois être perçue comme complexe. Certaines personnes ont beaucoup d'a priori. L'idée, c'est de bousculer un peu ces codes et de montrer que, même dans les millésimes difficiles comme 2024, on est capable de produire de très belles choses. Seule la dégustation permet de vraiment s'en rendre compte. Nous sommes là pour ça : partager nos avis et notre passion avec ceux qui n'ont pas souvent l'opportunité de goûter les primeurs. » Carine Boulvin, attachée de direction au Château Desmirail, Grand Cru Classé en 1855 à Margaux, partage son enthousiasme : « Pour nous, l'intérêt est d'aller à la rencontre des consommateurs finaux. C'est une vraie richesse de pouvoir échanger avec eux, leur expliquer nos vins, les faire déguster et recueillir leurs impressions. Ces retours sont essentiels. » Elle poursuit : « Nous essayons de plus en plus de créer des vins qui répondent à des attentes diverses. Bien sûr, ce sont des vins de garde, avec toute l'exigence qu'implique notre statut de cru classé. Mais nous travaillons aussi sur des vins accessibles dès leur jeunesse, agréables, axés sur le fruit. L'année 2024, bien qu'elle ait été compliquée, nous satisfait pleinement. Comme le dit Denis Lurton, propriétaire du château, c'est un "véritable millésime de vignerons". Il est facile de produire un grand vin sur un millésime exceptionnel comme 2010 ou 2022. Mais 2024 a été plus challengeant, et c'est là que le travail et la passion des équipes prennent tout leur sens. »

Montrer le Savoir-Faire

Chaque propriété avait l’opportunité de présenter un ou plusieurs millésimes. Le Château Desmirail proposait son 2018. « Beaucoup de consommateurs n'ont ni les conditions idéales de conservation ni l'envie d'attendre plusieurs années. Le millésime 2018 est déjà prêt à boire, tout en ayant un potentiel de garde important. Nous avons voulu montrer ce savoir-faire », ajoute Carine Boulvin.

Chloé Garraud, du Château Larrivet Haut-Brion, revient sur le travail réalisé : « 2024 ? Une année difficile pour tout le monde, c'est certain ! Nous avons la chance de travailler en intraparcellaire depuis 2007, ce qui nous permet de prendre le temps d'écouter nos parcelles et de travailler en fonction de leurs besoins spécifiques. L'élevage se fait également en intraparcellaire, ce qui nous donne la possibilité d’ajuster précisément les interventions. En fin de compte, nous sommes sur un millésime plutôt satisfaisant. »

En conclusion, Carine Boulvin rappelle l’essentiel : « On ne peut jamais tout maîtriser, surtout pas la nature, mais on fait toujours de notre mieux avec ce qu'elle nous offre. »

Cette soirée a permis de célébrer le savoir-faire bordelais tout en rapprochant les amateurs de vin des propriétés, dans une ambiance à la fois chaleureuse et authentique.