Dimanche 13 Octobre 2024
La vendange 2024 est petite mais de qualité en Languedoc ©Emmanuel Perrin
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26.09.2024
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Alors que les blancs et les rosés sont en vinification et les rouges en vendange avec l’œil sur la météo, les avis convergent : le millésime 2024 en Languedoc annonce une petite récolte, mais de bonne qualité.
« En Languedoc-Roussillon, le mildiou, favorisé par d’importantes précipitations en début d’été, a entamé le potentiel de production dans le Gard. La sécheresse dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales a limité également la production. La récolte du bassin devrait être inférieure de 4 % à celle de l’an dernier. » Le ministère de l’Agriculture livre sa première estimation via Agreste, sa publication de statistique, au 1ᵉʳ septembre.
Sébastien Pardaillé, œnologue associé et co-gérant des Laboratoires Natoli & associés, a une vision d’ensemble pour le Languedoc, en suivant des exploitations dans l’Aude, l’Hérault et le Gard : « Ce millésime est l’antithèse de 2023, qui fut compliqué et précoce. Nous avons à ce jour un 2024 « normal ». Les vendanges ont démarré autour du 15 août. L’état sanitaire s’est amélioré depuis les deux premières semaines de septembre, 10 jours de vent du nord vont donner un état sanitaire parfait pour la fin des vendanges.
Les premiers blancs (sauvignon, muscat) ont fini leur fermentation, avec un équilibre entre fraîcheur et aromatique. Les autres cépages blancs sont en élevage pour obtenir de la texture en bouche et le gras qu’il leur faut. Pour les rosés, les raisins sont plus juteux que l’an passé. Les jus sont naturellement pâles avec un bel éclat. Enfin, pour les rouges, les vendanges s’étalent sur le temps pour des bonnes maturités. On a déjà vendangé pour les rouges légers et on surveille la maturité des autres pour faire des vins plus ambitieux.
Côté volume, on va probablement signer la 2ᵉ plus petite récolte des 10 dernières années : pour le Gard, le mildiou a été catastrophique, l’Hérault a été arrosé, l’Aude a manqué d'eau et les Pyrénées-Orientales encore plus. C’est une petite récolte, mais qualitative, avec du joli raisin. Ces vendanges très étalées ont compliqué la logistique, pour garder les gens et organiser les équipes. L’œnologue doit comprendre tous les enjeux : pour faire des bons vins, il faut des raisins mûrs et équilibrés, et il ne faut jamais confondre fraîcheur et sous maturité. Après, on en fait ce qu’on veut ! En Languedoc, on sait produire des rosés (la première région de France en volume), on sait produire des vins ambitieux, de garde (cf. l’œnothèque du conseil départemental de l’Hérault) et on sait aussi faire des rouges légers, festifs, avec des raisins généreux et de la quantité.
Pour les AOC Languedoc, Jean-Philippe Granier, directeur technique, prévoit « une des plus petites récoltes de ces 10 dernières années… On a des petits grains, avec peu de jus, il n’y a pas eu la pluie qu’il fallait et on l’a eue de façon très hétérogène. On récolte une petite quantité, mais une bonne qualité, le raisin est sain, le millésime est prometteur. » Déjà, les blancs s’annoncent très bons, avec de la fraîcheur et de l’équilibre. Ces vendanges sont celles de l’attente, il faut être patient, avec les nuits fraîches, la maturité est lente : le bon vigneron sait attendre jusqu’au dernier moment.
Du côté des Pays d’Oc IGP, le bilan à mi-parcours annonce une petite récolte avec des rendements en baisse dus aux aléas climatiques depuis plusieurs années (manque de pluie à l’automne, sécheresse à répétition, grêle…) et au développement de maladies comme le mildiou. Cette baisse régulière et récurrente s’amplifie chaque année. Pour y faire face en gardant son attractivité sur les marchés mondiaux, le syndicat travaille sur des pistes notamment pour rendre la vigne plus résistante aux aléas climatiques et permettre aux vignerons de continuer à en vivre, annonce Jacques Gravegeal, président du Syndicat de producteurs des vins Pays d’Oc IGP, « Derrière chaque bouteille, il y a un vigneron, un territoire et une économie. Notre filière représente un poids très important dans l’économie régionale. Elle entretient le territoire et les structures. Plus de 13 000 familles vivent directement de cette activité. »
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