Accueil [Millésime Bio] Irrésistible Jura bio

Auteur

La
rédaction

Date

27.01.2015

Partager

A quelques jours de l’annuelle Percée du Vin jaune, focus sur trois visions de producteurs jurassiens bios et fiers de l’être, participant au grand salon Millésime Bio jusqu’à demain. Rencontre avec les domaines de La Pinte, Champ Divin et Berthet-Bondet.

A priori, ni leur géographie, ni leur histoire d’installation ou de conversion ne les rassemblent. Pourtant, ils sont avant tout du Jura, amoureux de leur travail et de leur région, travaillant en agriculture biologique ou biodynamique, et ayant fait le choix de promouvoir tous ensemble leurs vins à travers une association créée pour l’occasion : Le Nez dans le Vert. Cette dernière est née grâce à l’initiative de quelques vignerons d’Arbois (appellation la plus au nord du Jura), convaincus que l’union fait la force. « C’est en 2010 que Charles et Alice Dagand, Stéphane Tissot et Pascal Clairet sont venus me parler de cette idée d’association. A Arbois, on voulait faire des choses ensemble, entre bios. Et puis on s’est dit qu’il fallait élargir à tous les bios du Jura. On a commencé à 25 vignerons, on est maintenant 36 », explique Bruno Ciofi, vigneron du domaine de la Pinte (34 hectares certifiés AB depuis 1999, membre de Biodyvin, et Renaissance des Appellations) et président de l’association depuis sa création en 2011. Il estime à 25% la part des vignerons jurassiens certifiés en agriculture biologique, pour presque 15 % des surfaces. Pour un des plus petits vignobles de France, avec ses 2000 hectares répartis sur une bande de 70 kilomètres, cette proportion place le Jura dans le peloton de tête des régions viticoles les plus bios de France.

Champ Divin, la jurassienne la plus sudiste de Millésime Bio

Au sud de l’appellation, près de « son Saint-Amour à elle », la souriante vigneronne belge Valérie Closset du Champ Divin participe à Millésime Bio depuis plusieurs années. Après avoir travaillé en Val de Loire, cette ancienne « ingénieure agro » a choisi son installation « le plus à l’est possible, et dans le but de retrouver une climatologie intéressante ». Son choix en bio ? « La biodynamie n’est pas une mode pour moi, c’est une évidence. Elle correspond à tous mes choix de vie, c’est logique, je ne vois pas comment on peut faire autrement. J’ai repris volontairement une petite surface avec 5 hectares pour être capable de travailler tout de suite comme je voulais », explique la vigneronne en faisant déguster ses vins. Dans sa gamme, du délicieux Crémant (chardonnay-pinot noir, 13 €) aux savagnins, ouillés pour la cuvée Castor (et assemblés au chardonnay, 16 €) ou non ouillés dans la pure tradition avec la cuvée Pollux (16 €), tout est marqué par la fraîcheur, bien que le profil des vins et de millésimes soient très différents. « Vous avez la version avec ou sans soleil, bienvenue dans le Jura », rit la vigneronne en faisant déguster ses 2011, 2012 et 2013.

Berthet-Bondet, le Château-Châlon de Millésime Bio

« Cela fait 30 ans que nous sommes installés, mais certifiés bio que depuis 2011 », explique Jean Berthet-Bondet, vigneron en Château-Chalon et côtes du Jura depuis 1985. « Ce n’est pas forcément chose facile de passer le cap de la certification. Selon les années, même si j’avais arrêté certains désherbants depuis 1993, la très forte pluviométrie annuelle avec plus de 1000 mm d’eau par an, me faisait très peur », explique t-il en faisant goûter ses vins. Ce « petit nouveau bio » ne présente sur le salon que ses vins cuve inox ou ouillés (soit élevés dans un contenant en bois et re-rempli régulièrement afin de ne pas laisser un espace vide d’air suite à une évaporation naturelle du vin dans le temps), les savagnins du vin jaune de Château-Chalon devant attendre minimum 6 ans et trois moins avant d’être mis en bouteille, et donc pas encore certifiés. Dans une expression très différente de la version de Champ Divin, le Savagnier 2013 (13 €), assemblage de parcelles différentes de savagnin pressés puis mis en cuve pendant 1 an, est d’une vivacité joyeuse, avec une finale citronnée agréable et des jolis amers.

Domaine de la Pinte, les vins du Président

Si vous passez par le domaine de la Pinte, préparez votre concentration : chaque année, Bruno Ciori peut réaliser plus d’une trentaine de vins différents. Son seul enjeu : la magie de chaque millésime et être capable de laisser parler les sols, en respectant le travail de sélection et d’assemblage cher aux anciens de la région. « C’est culturel ici, de mettre en valeur le mieux possible l’expression d’une vigne sur une terre particulière, à un moment particulier. Si c’est intéressant, il faut créer une cuvée ». Selon les années, il fait le choix de laisser « sous voile » (soit le fait de laisser volontairement un vin blanc dans un fût en contact avec l’oxygène pendant des années, développant naturellement un voile de levures protecteur, et créant une palette aromatique très particulière) ou le choix d’élevages plus courts, selon ce que lui donne le millésime. Sans oublier le travail des raisins passerillés (ramassés sur-mûris et séchés ensuite sur des clayettes dans les greniers pour un sucre concentré) dans sa cuvée Paradoxe (36 € les 37, 5 cl), le travail des cépages rouges tels que le poulsard, le trousseau ou le pinot noir dans sa cuvée La Capitaine 2012 (13 €), etc. Impossible d’être exhaustif après une dégustation à la Pinte. Coup de cœur pour le Savagnin 2008, qui a attendu 5 ans et demi avant de sortir de son fût, mais dont le contenant a toujours été ouillé (19 €) : la bouche est onctueuse et fraîche, tendue et opulente, à la palette aromatique complexe entre les fleurs blanches, la noix fraîche et le citron confit. A (re) découvrir au plus vite, accompagné… de comté du Jura bien sûr !

Laure Goy

Les membres du Nez dans le Vert donnent rendez-vous à tous les amateurs curieux le 22 mars de 10h à 18h, et le 23 mars matin (réservé aux professionnels) dans les magnifiques caves voûtées du domaine de la Pinte, pour déguster l’ensemble des bios du Jura. Entrée 6 €, restauration bio sur place. Informations supplémentaires sur www.lenezdanslevert.com