[PRIMEURS] Les coups de cœur du jour de « Terre de Vins »

L’équipe de dégustation de « Terre de Vins » se déploie dans le vignoble bordelais pendant toute la Semaine des Primeurs. Tous les commentaires de dégustation seront à découvrir dans le numéro de mai-juin mais voici les coups de cœur du jour, en avant-première.

Laure Goy
Château Les Carmes Haut-Brion (Pessac-Léognan)
Le rachat de la propriété en 2010 par Patrice Pichet et le nouveau chai atypique signé par le designer Philippe Starck et l’architecte Louis-Arsène Henry avait déjà fait coulé beaucoup d’encre autour de cette petite surface de vignes en pleine ville. Pourtant, d’années en années, on sent que l’outil, au delà de l’esthétisme, est bien au service du vin. Que les moyens de restructuration du vignoble, que le soin apporté aux vieux cabernets francs (une belle originalité dans cette zone du vignoble du bordelais), que la sélection drastique des parcelles, baies et rafles pour une partie en vinification intégrale au chai, en bref que le regard et l’expérience apportés par Guillaume Pouthier, directeur, et son équipe visent la haute précision aux Carmes Haut-brion. En 2016, là où la couleur vive du fruit et les tanins sont présents dans le verre, les vignes et le terroir retrouvé des Carmes Haut-Brion apportent un supplément d’âme : cette floralité qui vous prend dès le nez, de la violette, de la rose séchée, une iris juste cueillie, avant de plonger dans une matière dense aux fruits noirs bien mûrs et aux nombreux tanins très fins mais bien serrés les uns contre les autres. L’équilibre est parfait, entre structure dentelée et appétence saline. La grande classe.

Sylvie Tonnaire
Château Calon Ségur (Saint-Estèphe)
Sur ce millésime aux mille louanges, les feux de la rampe font briller Saint-Estèphe. A raison. C’est dans la qualité des tanins que la signature des réussites à la vigne se lit le mieux, en particulier sur le cabernet sauvignon. A Calon Ségur, 3éme grand cru classé 1855, après deux vendanges en vert, sur des sols de graves posés sur un sous-sol riche en argile aux réserves hydriques confortables suite aux pluies de début de campagne, les baies n’ont pas connu de blocage de maturité et ont été cueillies à point entre le 5 et le 15 octobre. Pour 60% de cabernets d’équilibre, 18% de cabernets francs, une proportion importante, apportant race et velours extrêmes à l’assemblage, complété de 20% de merlot et 2% de petit verdot. Un mot pour le décrire : l’intégration. Le grand vin se distingue par cet assemblage « fort en franc », où tous les éléments se fondent portés par une soie tannique d’une rare élégance. La prise de bois se fait tout en douceur, en retrait des saveurs fruitées. Rien n’accroche, la structure se fait oublier, pas la fraicheur, qui ourle la finale, dépourvue d’agressivité et juste soulignée d’un trait minéral. Seulement 40% de la production est dévolue au grand vin sur 2016, c’est la décote de l’exigence, il n’en fallait pas moins pour inaugurer le nouveau cuvier où le nombre de cuves a été doublé pour jouer au mieux avec les sélections parcellaires et intraparcellaires.

Jean-Charles Chapuzet
Château Mauvesin Barton (Moulis)
Nez discret, légèrement fermé qui s’ouvre en fraîcheur sur un bouquet de cassis. Une attaque très élégante, un équilibre bluffant entre la sucrosité et l’acidité. Un vin d’architecte où le bois laisse une place entière au vin : bravo à la famille Barton !

Château Branaire Ducru -(Saint-Julien)
Dans ce lot homogène et réussi des Saint-Julien, Branaire à quelque chose en sus. Un nez difficile à décrire, ineffable car tout en délicatesse. Une bouche du même acabit, subtile, élégante, ce que l’on recherche à Bordeaux, de l’esprit, de la finesse et de l’équilibre ; une structure parfaite en somme. Un très grand vin ce 2016 qu’il faut se procurer en magnums et frimer dans 10, 20 ans, etc. !

Jean-Michel Brouard
Château Grand-Maison (Côtes-de-Bourg)
Les 18% de malbec font toute la typicité de ce vin qui présente une grande complexité aromatique (myrtille, chocolat, sureau, romarin). Quelques années seront toutefois nécessaires pour en apprécier la puissance domptée.